Né le 1 mai 1957 à Paris, Ile de France, France
Elle n'est pas la plus connue des actrices du cinéma français, et pour
cause, à force de passer du temps sur les planches, le 7ème Art l'a
souvent mise à l'écart. mais elle se rattrape depuis son premier César,
et enchaîne les comédies poupulaires, les petits films d'auteur
pétillants. Bref Frot commence à avoir le statut de star, celui sur
lequel un film se monte sur son seul nom (7 ans de mariage).
Car Frot, Catherine de son prénom, a réussi à se faire un nom. En
quelques années, elle a conquis les spectateurs avec des seconds-rôles
de bourgeoises en tous genres, y compris à la TV. Et cerise sur le
gateau, elle sera même le premier rôle constant de cette Dilettante qui fera le bonheur des français à l'été 99.
En fait tout a changé grâce au couple Bacri-Jaoui. Ce n'est pas faute
d'avoir joué avant. Peu connue, elle a cependant survécue dans le
métier, en jouant pour la télé, le cinéma et avant tout le théâtre. De
quoi traverser le temps, discrètement, et se faire plaisir. Si au
théâtre, elle peut se permettre de prendre tous les risques, au cinéma,
c'est avec des personnages presque caricaturaux qu'elle s'est fait
connaître. Le paradoxe se trouve dans le tempréament même de la femme.
Une réserve qu'on pourrait croire hautaine, une incommunicabilité
pathologique en interviews (c'est cette difficulté à parler d'lle qui
l'a conduite à faire de la scène), elle veut bien parler de tout, même
d'elle. Mais Catherine Frot ne sait pas qui elle est.
Spectateurs, nous la voyons (imaginons?) pimpante, alerte, vivace,
sensible, éperdue, gracieuse, un peu triste, toujours joyeuse. A
l'image de ses personnages. Comme cette belle-soeur attachante, naïve,
lucide, cette Yolande d'Un air de famille. Ce rôle porte-bonheur lui
vaudra un doublé unique du Molière (Théâtre) et du César du meilleur
second-rôle. Mérités. Mais cela faisait aussi 20 ans qu'elle arpentait
les planches, qu'elle avait cherché à faire son métier, le plus
sincèrement possible, avec une troupe, une compagnie. Le cinéma,
hormis, Escalier C l'avait boudé jusqu'en 1996.
La voici, sur sa lancée, maquilleuse, mère de famille, et épouse déterminée d'un Timsit un peu lâche, dans Paparazzi.
Ou, toujours, cette nympho parvenue cherchant à mettre en laisse un bel
homme pourtant marié. On devine la femme seule qui se cache dans cet
exquis Dîner de Cons. Coline Serreau a esquissé la battante
optimiste, celle qui ne se résout pas à la fatalité, qui se révolte
contre la société dans Chaos, gros hit perso. Et Bourdon
imagine une femme coincée mais curieuse, conservant ses acquis, mais
ouverte aux expériences. Ca marche. Le public suit. Il l'aime dans ses
rôles de femmes aux apparences normales et un peu déjantées, ou dans
ses costumes de bourges au bord de la crise de nerfs. Lesbienne ou mère
tyrannique, même si les films son médiocres, Frot est toujours
parfaite, sonne toujours juste, avec peu d'effets. Elle se fout de son
image. Et s'amuse avec les excentricités qu'on lui propose : elle aime
ses monstres humains qu'elle incarne. Et s'imagine volontiers en Lady
MacBeth.
Car toute la force du jeu de Mademoiselle Frot n'est pas dans
ce que l'on voit mais dans ce qu'elle laisse deviner. Car il n' y a
justement rien de caricatural dans ces bourgeoises : Frot y dévoile des
failles, suggère ses sentiments, ses forces comme ses faiblesses. Par
petites touches, comme un tableau impressionniste. D'ailleurs ce "visage à la Picasso"
(ce sont ses propres mots), est une peintre, figurative. Elle épaissit,
ainsi son mystère. Elle n'a rien de l'ordinaire femme au foyer qu'elle
incarne à tour de rôles. Il y a trop de poésie dans son jeu, et trop de
comédie dans ses propos, sa gestuelle, ses mimiques.
Et maintenant, elle nous la joue nonchalente. Encore une fois, le
spectateur ne peut que l'aimer. Elle semble généreuse, aimable. Elle
apporte immédiatement un capital sympathie à un film (Chouchou).
Tout le monde y voit quelqu'un de son entourage. On peut lui inventer
tous les passés. Les femmes qui veulent exister. Comme elle. Sans
forcément s'exposer. Comme elle. Et peut être même en s'offrant une
quelconque folie. Mais après 20 ans de métier, et un certain air de
famille, la comédienne n'est toujours pas facile à cerner. Elle
s'adapte à tous les univers, et se moule dans le personnage. A
condition qu'elle y ait des scènes fortes. Objet sculpté ou instrument
accordé?
Elle ne dit rien, ne se plaint pas. Pourtant on aimerait
la voir dans un autre rôle que celui de la bourgeoise qui s'emmerde.
Manque d'imagination des cinéastes, certainement.... Pour la scène ou
le petit écran, elle a eu plus de chance : La Ceriseraie mise en scène
par Peter Brook ou encore Sa dernière lettre (1994) où elle est une
mère qui n'en peut plus et se suicide avec le sourire. Elle se libère.
On la croit heureuse, et c'est dans le drame le plus insoutenable
qu'elle s'illumine.
Il est presqu'étonnant que ce tempérament si singulier ait réussi à se
frayer un parcours dans le cinéma grand public. Désormais, elle peut
même porter un film sur ses frêles épaules.
Quelqu'un qui a refusé d'entrer à la Comédie Française en préférant la
vie collective du Chapeau rouge, compagnie très créative, est forcément
fascinant. Intermittente du spectacle ayant toujours eu un emploi. Il y
a quelque chose de démodé, ou mieux d'atemporel, chez Catherine Frot.
Une gouaille disparue, une simplicté rare, une interrogation
existentielle (et donc superficielle) oubliée. Elle se sent vide, comme
une héroïne d'un livre de De Beauvoir. Pourtant elle nous renvoie
l'image d'une femme française de tous les jours. L'image d'une femme de
la Libération, ou celle d'une midinette des années 60, ou même une
bouffeuse de vie à la Almodovar.
Et puis peut-être que Frot nous cache son jeu. Cette femme aime les
clowns tristes (Tati, Keaton...), admire Giulietta Masina (la femme de
Fellini), se laisse vivre. Il y a quelque chose de surréaliste et
d'inexplicable. Il faudrait qu'elle trouve son Picasso.
ACTRICE :
(2005) Le Passager de l'été, de Florence Moncorgé-Gabin
(2004) Mon petit doigt m'a dit, de Pascal Thomas : Prudence Beresford
(2004) Boudu, de Gérard Jugnot : Yseult Lespinglet
(2004) Les Soeurs fâchées, de Alexandra Leclère : Louise
(2003) Vipère au poing, de Philippe de Broca : Mme Rezeau, dite Folcoche
(2002) Eros thérapie, de Danièle Dubroux : Agnès
(2002) 7 ans de mariage, de Didier Bourdon : Audrey
(2002) Chouchou, de Merzak Allouache : Nicole Milovavitch
(2001) Cavale, de Lucas Belvaux : Jeanne
(2001) Un couple épatant, de Lucas Belvaux : Jeanne Rivet
(2001) Chaos, de Coline Serreau : Hélène
(2000) Mercredi folle journée, de Pascal Thomas : Sophie
(1999) Inséparables, de Michel Couvelard : Gisèle
(1998) La Dilettante, de Pascal Thomas : Pierrette Dumortier
(1998) La Nouvelle Eve, de Catherine Corsini : Isabelle
(1998) Dormez, je le veux!, de Irene Jouannet : la mère
(1997) Ca reste entre nous, de Martin Lamotte : Hélène
(1997) Paparazzi, de Alain Berberian : Evelyne Bordoni
(1997) Le Dîner de cons, de Francis Veber : Marlène Sasseur
(1997) Il suffirait d'un pont, de Solveig Dommartin
(1996) Un air de famille, de Cédric Klapisch : Yolande Ménard
(1993) J'ai pas sommeil, de Claire Denis : le femme dans la bibliothèque
(1992) Juste avant l'orage, de Bruno Herbulot : Irène
(1992) Vieille Canaille, de Gérard Jourd'hui : Marylin
(1991) Vent d'est, de Robert Enrico : Martha Hubber
(1990) Sushi sushi, de Laurent Perrin : la banquière
(1990) Chambre à part, de Jacky Cukier : Babette
(1989) Bienvenue à bord, de Jean-Louis Leconte : la blonde
(1989) Tom et Lola, de Bertrand Arthuys : Catherine, la mère de Tom
(1987) Le Moine et la sorcière, de Suzanne Schiffman : Cécile
(1985) Elsa, Elsa, de Didier Haudepin : Juliette
(1984) Escalier C, de Jean-Charles Tacchella : Béatrice
(1983) Une pierre dans la bouche, de Jean-Louis Leconte : Jacky
(1982) Guy de Maupassant, de Michel Drach : Mouche
(1981) Les Babas cool, de François Leterrier : Véronique
(1980) Psy, de Philippe de Broca : Babette
(1980) Mon oncle d'Amérique, de Alain Resnais