Kill Bill : Volume 2
Réalisateur : Quentin Tarantino

Genre : Action, Karaté

Date : 17 Mai 2004

Durée : 2 h 15

Origine : Amércain

Distribution : Miramax Films / TFM Distribution

 

Voir la fiche de : Kill Bill : Volume 1

 

Résumé

Note de la production

Acteurs :

Uma Thurman : La Mariée alias "Black Mamba"
David Carradine : Bill

Michael Madsen : Budd alias Sidewinder
Daryl Hannah : Elle Driver
Gordon Liu : Pei Mei
Michael Parks : Esteban Vihaio / Sheriff Earl McGraw
Bo Svenson : le pasteur
Samuel L. Jackson : l'organiste
Vivica A. Fox : Vernita Green alias "Vipère Cuivrée"
Lucy Liu : O-Ren Ishii alias "Mocassin d'Eau"
Julie Dreyfus : Sophie Fatale
Sonny Chiba : Hattori Hanzo
Chiaki Kuriyama : Go Go Yubari

Directeur Photo : Robert Richardson

Musique :
RZA
Robert Rodriguez
Ennio Morricone

Chef décorateur :

Cao Juiping
Yohei Taneda
David Wasco

Décorateur : Sandy Reynolds-Wasco

Costumes :
Kumiko Ogawa
Catherine Marie Thomas

Chef Monteur : Sally Menke

Montage :

Sally Menke
Joe D'Augustine

Scénario :
Quentin Tarantino
Uma Thurman

Producteur :
Quentin Tarantino
Lawrence Bender

Production :

Miramax Films
A Band Apart

Producteur exécutif :
Erica Steinberg

E. Bennett Walsh
Bob Weinstein
Harvey Weinstein

Producteur Associé : Koko Maeda

Réalisateur 2nd équipe : Yuen Woo Ping

Lieux de tournage :

Los Angeles, Californie, USA.
Mexique.

Budget :

Site officiel : France : http://www.killbill-lefilm.com/

USA : http://killbill.movies.go.com/

Récompenses :

Golden Globe : 2005

Nomination Meilleure actrice dans un drame : Uma Thurman
Nomination Meilleur second rôle masculin : David Carradine

European Film Awards : 2003

Nomination Meilleur Film non-européen - Prix Screen International

 Résumé :
Après s'être débarrassée de ses anciennes collègues Vernita Green et O-Ren Ishii, la Mariée poursuit sa quête vengeresse. Il lui reste à régler le sort de Budd puis de Elle Driver avant d'atteindre le but ultime : tuer Bill.

 Note de la production

Influences

Les coulisses

Influences

Si on le compare au déferlement d'action du Volume 1, KILL BILL Volume 2 pourrait presque être qualifié de film psychologique.
Les deux volets n'en forment pas moins un tout,
que David Carradine définit comme "une histoire d'amour à la manière kung-fu, western spaghetti et film de samouraïs". Dans une interview récente, l'acteur ajoutait : "Le Volume 2 contient plus d'éléments « tarantinesques » : des personnages sérieusement barrés, des surprises et des touches comiques."

"Le film, vu dans sa totalité, possède une dimension épique digne de David Lean", commente David Carradine. "C'est toujours du Tarantino, mais à une autre échelle."

LES ARTS MARTIAUX :

Né de l'imagination fébrile d'un incollable cinéphile, KILL BILL porte l'empreinte des films d'arts martiaux asiatiques où la relation maître-disciple est d'une importance primordiale. Dans KILL BILL, ces maîtres sont au nombre de deux, et ils confèrent aux deux Volumes des tonalités contrastées.
Le Volume 1 était placé sous le signe du code du bushido , personnifié par le samouraï Hattori Hanzo, qu'interprétait Sonny Chiba.
Le Volume 2 est dominé par les arts martiaux chinois, personnifiés par le légendaire Gordon Liu.
Au départ, Gordon Liu devait seulement jouer Johnny Mo, chef des gardes du corps d'Oren dans KILL BILL Volume 1.

Tarantino s'était adjugé le rôle de l'instructeur en arts martiaux de la Mariée, en hommage à une figure récurrente des films hongkongais des années 70 : le "moine aux sourcils blancs" Pei Mei. Il commença par s'entraîner avec les autres comédiens mais comprit qu'il n'aurait jamais le temps d'assurer simultanément la préparation du film et un entraînement physique quotidien. Il se tourna alors vers Gordon Liu que tout prédisposait à tenir le rôle de cet impitoyable professeur d'arts martiaux. Bien qu'il incarne le plus souvent de purs héros bien différents du sombre et inquiétant Pei Mei, Gordon Liu accepta la proposition : "Quentin ne s'est pas laissé influencer par mon image. Il a tablé sur ma connaissance des arts martiaux et sur ma familiarité avec ce genre de personnage typiquement Chinois."

Tout en mettant davantage l'accent sur les rapports de personnages, le Volume 2 continue d'explorer, rapprocher et marier divers genres cinématographiques populaires favoris de Tarantino.

Quentin Tarantino :
"Je suis en terrain familier lorsque je tourne une scène qui paraît sortir d'un film de terreur italien ou d'un kung-fu. Je sais comment cela se fabrique. C'est pour cela que mes films fonctionnent bien à travers le monde. Je ne me considère pas exclusivement comme un réalisateur américain. Des gens de tous les pays peuvent retrouver dans mon cinéma des choses qu'ils comprennent et qu'ils apprécient."

La sélection de l'équipe reflète ce savant éclectisme. Le directeur de la photographie Robert Richardson fut précisément choisi pour sa facilité à obtenir des looks très contrastés et à passer sans transition de l'un à l'autre à l'intérieur d'une même scène (notamment dans JFK et TUEURS-NÉS d'Oliver Stone). Le style visuel et la rythmique de KILL BILL devant évoluer d'épisode en épisode en fonction des genres référencés, Richardson était un choix idéal pour mettre en œuvre ce concept.

Deux genres chers au cinéaste ont eu un impact particulier sur KILL BILL Volume 2.

Quentin Tarantino :
"Si ma vie était un miroir à deux faces, l'une renverrait l'image des films d'arts martiaux produits par les Frères Shaw dans les années 70, et l'autre, les westerns italiens.

Les Westerns Italiens

En réalité, ces deux genres se sont mutuellement influencés, utilisant souvent des intrigues, images et plans similaires… et parfois les mêmes musiques! Les films des Frères Shaw ont beaucoup emprunté au western italien. La parenté est profonde."


Ce double héritage est lisible, et clairement délimité, dans le Volume 2 : les séquences au présent, qui se déroulent dans le sud-ouest des États-Unis, adhèrent au style du western italien ; les retours en arrière, situés principalement en Chine et consacrés à l'apprentissage de Mariée, adoptent la structure d'un film de kung-fu classique où le héros se prépare minutieusement à la vengeance finale.

La veine américano-mexicaine prédominante de KILL BILL Volume 2 imprègne la bande originale, où l'on retrouve le "Can't Hardly Stand" du grand chanteur de rockabilly Charlie Feathers, des extraits de la musique d'Ennio Morricone pour LE BON, LA BRUTE ET LE TRUAND, aussi bien que "Urami Bushi" ("Chant d'amour du guerrier"), interprété originellement par Meiko Kajhi dans le film de samouraïs LADY SNOWBLOOD 2 : LOVE SONG OF VENGEANCE (1974).


Les Coulisses

Made In China

Lawrence Bender (Producteur) :
"Aller en Chine a été la plus heureuse de toutes nos décisions. Une fois sur place, Quentin a tenu à bénéficier pleinement des forces vives du pays. Il ne voulait pas faire venir une équipe 100% américaine qui aurait dicté sa loi. Résultat : nos décorateurs japonais et chinois ont accompli ensemble des prodiges que nul ne pouvait escompter."

Tarantino, Bender et les principaux interprètes de KILL BILL débarquèrent en Chine en mai 2002 pour continuer l'entraînement et débuter les répétitions. À la mi-juin, le producteur délégué E. Bennett Walsh, les producteurs associés Dede Nickerson et Koko Maeda et le chef opérateur Robert Richardson avaient réuni une équipe technique multinationale intégrant plusieurs escouades de traducteurs et avaient entamé le travail aux Studios de Pékin.

KILL BILL a employé pas moins de trois chefs décorateurs (un Chinois, un Japonais, un Américain), deux chefs costumiers et chefs accessoiristes chinois et américains, une équipe d'assistants chinois et américains, la coordination de l'ensemble des acteurs et techniciens étant assurée par le premier assistant américain Bill Clark (PULP FICTION, JACKIE BROWN) et son homologue chinois, Zhang Jin Zhan.

Lawrence Bender :
"Les méthodes de travail américaines et chinoises présentent des différences fondamentales. L'américaine repose sur une spécialisation poussée, chaque poste technique étant tenu par une ou deux personnes qui ne font rien d'autre. Résultat : un plateau ordonné et une ambiance très concentrée. En Chine, en revanche, la moindre opération mobilise vingt types qui vont se démener, faire un boucan d'enfer… et obtenir très vite des résultats." Un exemple éloquent de cette efficacité : lors de sa première journée de tournage en Chine, l'équipe réalisa vingt-deux plans, un record impensable pour une production hollywoodienne classique.

Le séjour aux Studios de Pékin fut interrompu durant une semaine pour le tournage des séquences d'entraînement au kung-fu Shaolin réunissant Uma Thurman, Daryl Hannah et Gordon Liu. Le décor de cet épisode est le Temple Gao, situé à proximité de la ville de Zanghwei et construit au XVIIe siècle. On y accède par un immense escalier de 240 mètres dont la montée donnait à l'équipe et aux comédiens un petit avant-goût des "plaisirs" à venir.Maître Yuen Woo-Ping a appris son métier auprès de son père, feu Simon Yuen Hsiao-tien, acteur de cinéma et illustre figure de l'opéra de Pékin. Devenu réalisateur, Woo-Ping lui attribua le rôle-titre de DRUNKEN MASTER (1978), film dont Jackie Chan tenait la vedette. Maître Yuen souligne que les techniques qu'il enseigne sont d'essence théâtrale plutôt qu'orientées vers le combat.

Yuen Woo-Ping :
"Ce sont des acrobaties et des arts martiaux conçus pour la scène et typiques de la Chine du Nord. C'est totalement différent des combats de kung-fu et même du wushu, discipline inventée en Chine et que pratique Jet Li. Ce qu'on vous apprend à l'opéra de Pékin ressemble aux arts martiaux, mais c'est en réalité complètement différent car pensé pour la scène ou la caméra. Bref, pour le spectacle."
Et Daryl Hannah de préciser : "J'ai été entraînée pour ce film à donner des coups très rudes… arrêtés à quelques centimètres du visage de l'adversaire. J'ignore quel en serait l'effet en cas de contact!"
Le grand public a découvert Maître Yuen grâce à MATRIX et TIGRE ET DRAGON, mais Tarantino en était fan bien avant sa percée hollywoodienne. C'est d'ailleurs grâce à lui que le film de Yuen, IRON MONKEY, a été distribué par Miramax aux États-Unis en 2000, sous la bannière "Quentin Tarantino Présente".

Quentin Tarantino :
"C'est avec sa première réalisation, SNAKE IN THE EAGLE'S SHADOW, interprétée par Jackie Chan, que j'ai découvert Maître Yuen. J'ai commencé à prendre conscience de son style de kung-fu, de ses chorégraphies, vers 1993, et j'ai pu dès lors distinguer son apport de celui de ses collègues.
J'ai trouvé que ses chorégraphies, d'un professionnalisme impeccable et d'une créativité débridée, étaient les plus imaginatives de tous les temps. Parmi tous les réalisateurs et chorégraphes de films d'action, c'est lui que j'admire le plus. Dans ce film, j'ai défini la structure des scènes d'action.

Yuen m'a dit que je n'avais pas besoin de connaître à fond le kung-fu : il me suffisait de bien comprendre les films de kung-fu, et lui se chargerait du reste. Sa présence m'a donné confiance et m'a permis de concrétiser toutes les idées qui me passaient par la tête."
Légende vivante du cinéma de Hongkong, Gordon Liu a étudié les arts martiaux chinois dès l'âge de sept ans. C'est un Maître aussi accompli que Yuen. Comment se déroula la rencontre de ces deux grands artistes? On ne peut plus cordialement, assure Gordon Liu.

Gordon Liu :
"Nos formations diffèrent, mais nous avons l'un pour l'autre un grand respect. Maître Yuen a appris un style d'arts martiaux propre au nord de la Chine, alors que le mien est typique du sud. Cela n'a pas engendré la moindre tension sur le plateau car nous avons tous deux une longue expérience du cinéma et avons travaillé avec des partenaires et des chorégraphes très divers. J'ai eu grand plaisir à collaborer avec Maître Yuen."

Les deux approches n'en présentent pas moins des différences fondamentales. Gordon Liu a tourné la plupart de ses films à Hongkong sous la direction de son "parrain" Liu Jian-liang, attaché à une représentation authentique des arts martiaux régionaux. À l'inverse, Yuen est connu à travers le monde pour ses chorégraphies aussi gracieuses et aériennes que fantaisistes.

Gordon Liu :
"Maître Yuen a œuvré en artiste sur TIGRE ET DRAGON, mais ses magnifiques combats étaient tout sauf réalistes. Je savais que Quentin aspirait à tout autre chose, qu'il voulait de vrais affrontements. Et je devinais que le mariage de nos deux approches aboutirait à quelque chose de radicalement nouveau.
"La plupart des acteurs, même ceux de Hongkong, se bornent à apprendre mécaniquement les mouvements nécessaires à une scène d'action. Ce qui revient à apprendre un texte phonétiquement, sans connaître la langue. Uma a travaillé comme cela sur le film. Difficile, dans ces conditions, de donner l'impression qu'on comprend réellement ce qu'on est en train de faire. Quentin et Maître Yuen attendaient d'elle les meilleurs résultats, et c'est à moi qu'il incomba de rendre nos affrontements crédibles, de mettre Uma pleinement en valeur tout en garantissant sa sécurité.
"Les arts martiaux chinois sont particulièrement difficiles pour les débutants et pour les personnes de grande taille. Ce n'est pas un hasard si la plupart des superstars du film d'action – Bruce Lee, Jackie Chan, Jet Li – sont de taille modeste. Plus vous êtes petit, plus votre centre de gravité est bas, plus c'est facile. Uma partait donc avec un double handicap, mais cela ne l'a pas découragée. Son ardeur et sa persévérance m'ont profondément impressionné. Elle ne s'est jamais contentée d'une prise approximative, elle a fait et refait les scènes jusqu'à atteindre le niveau d'excellence qu'elle s'était fixé."

Après avoir fourni dans son scénario une description très précise des scènes d'action, Tarantino continua à les peaufiner une année entière au fil de la préparation, de l'entraînement et des répétitions. À Pékin, entouré de traducteurs japonais, mandarins et cantonais, Tarantino décrivit et/ou interpréta chaque plan sous le regard de l'équipe technique, des acteurs, de Maître Yuen et ses voltigeurs. Tout le monde était donc fin prêt à l'arrivée au Temple Gao.

Arts Martiaux

Maître Yuen Woo-Ping a appris son métier auprès de son père, feu Simon Yuen Hsiao-tien, acteur de cinéma et illustre figure de l'opéra de Pékin. Devenu réalisateur, Woo-Ping lui attribua le rôle-titre de DRUNKEN MASTER (1978), film dont Jackie Chan tenait la vedette. Maître Yuen souligne que les techniques qu'il enseigne sont d'essence théâtrale plutôt qu'orientées vers le combat.

Yuen Woo-Ping :
"Ce sont des acrobaties et des arts martiaux conçus pour la scène et typiques de la Chine du Nord. C'est totalement différent des combats de kung-fu et même du wushu, discipline inventée en Chine et que pratique Jet Li. Ce qu'on vous apprend à l'opéra de Pékin ressemble aux arts martiaux, mais c'est en réalité complètement différent car pensé pour la scène ou la caméra. Bref, pour le spectacle."
Et Daryl Hannah de préciser : "J'ai été entraînée pour ce film à donner des coups très rudes… arrêtés à quelques centimètres du visage de l'adversaire. J'ignore quel en serait l'effet en cas de contact!"
Le grand public a découvert Maître Yuen grâce à MATRIX et TIGRE ET DRAGON, mais Tarantino en était fan bien avant sa percée hollywoodienne. C'est d'ailleurs grâce à lui que le film de Yuen, IRON MONKEY, a été distribué par Miramax aux États-Unis en 2000, sous la bannière "Quentin Tarantino Présente".

Quentin Tarantino :
"C'est avec sa première réalisation, SNAKE IN THE EAGLE'S SHADOW, interprétée par Jackie Chan, que j'ai découvert Maître Yuen. J'ai commencé à prendre conscience de son style de kung-fu, de ses chorégraphies, vers 1993, et j'ai pu dès lors distinguer son apport de celui de ses collègues.
J'ai trouvé que ses chorégraphies, d'un professionnalisme impeccable et d'une créativité débridée, étaient les plus imaginatives de tous les temps. Parmi tous les réalisateurs et chorégraphes de films d'action, c'est lui que j'admire le plus. Dans ce film, j'ai défini la structure des scènes d'action.

Yuen m'a dit que je n'avais pas besoin de connaître à fond le kung-fu : il me suffisait de bien comprendre les films de kung-fu, et lui se chargerait du reste. Sa présence m'a donné confiance et m'a permis de concrétiser toutes les idées qui me passaient par la tête."
Légende vivante du cinéma de Hongkong, Gordon Liu a étudié les arts martiaux chinois dès l'âge de sept ans. C'est un Maître aussi accompli que Yuen. Comment se déroula la rencontre de ces deux grands artistes? On ne peut plus cordialement, assure Gordon Liu.

Gordon Liu :
"Nos formations diffèrent, mais nous avons l'un pour l'autre un grand respect. Maître Yuen a appris un style d'arts martiaux propre au nord de la Chine, alors que le mien est typique du sud. Cela n'a pas engendré la moindre tension sur le plateau car nous avons tous deux une longue expérience du cinéma et avons travaillé avec des partenaires et des chorégraphes très divers. J'ai eu grand plaisir à collaborer avec Maître Yuen."

Les deux approches n'en présentent pas moins des différences fondamentales. Gordon Liu a tourné la plupart de ses films à Hongkong sous la direction de son "parrain" Liu Jian-liang, attaché à une représentation authentique des arts martiaux régionaux. À l'inverse, Yuen est connu à travers le monde pour ses chorégraphies aussi gracieuses et aériennes que fantaisistes.

Gordon Liu :
"Maître Yuen a œuvré en artiste sur TIGRE ET DRAGON, mais ses magnifiques combats étaient tout sauf réalistes. Je savais que Quentin aspirait à tout autre chose, qu'il voulait de vrais affrontements. Et je devinais que le mariage de nos deux approches aboutirait à quelque chose de radicalement nouveau.
"La plupart des acteurs, même ceux de Hongkong, se bornent à apprendre mécaniquement les mouvements nécessaires à une scène d'action. Ce qui revient à apprendre un texte phonétiquement, sans connaître la langue. Uma a travaillé comme cela sur le film. Difficile, dans ces conditions, de donner l'impression qu'on comprend réellement ce qu'on est en train de faire. Quentin et Maître Yuen attendaient d'elle les meilleurs résultats, et c'est à moi qu'il incomba de rendre nos affrontements crédibles, de mettre Uma pleinement en valeur tout en garantissant sa sécurité.
"Les arts martiaux chinois sont particulièrement difficiles pour les débutants et pour les personnes de grande taille. Ce n'est pas un hasard si la plupart des superstars du film d'action – Bruce Lee, Jackie Chan, Jet Li – sont de taille modeste. Plus vous êtes petit, plus votre centre de gravité est bas, plus c'est facile. Uma partait donc avec un double handicap, mais cela ne l'a pas découragée. Son ardeur et sa persévérance m'ont profondément impressionné. Elle ne s'est jamais contentée d'une prise approximative, elle a fait et refait les scènes jusqu'à atteindre le niveau d'excellence qu'elle s'était fixé."


Les combats

Uma Thurman :
"Au terme de mon entraînement, j'avais le sentiment d'avoir acquis certaines aptitudes au combat. Durant la dernière semaine, j'ai travaillé la chorégraphie à un rythme quotidien, afin d'assimiler les centaines de mouvements et combinaisons de cette scène. Mais une fois sur le plateau, Quentin a zappé toute cette chorégraphie, m'obligeant à assimiler "à chaud" cinq, dix, quinze points précis par plan, tandis que l'équipe caméra attendait patiemment que je sois prête! J'ai soudain réalisé que ce que Woo-Ping m'avait inculqué de plus précieux était d'apprendre… à apprendre.

Les acteurs découvrirent cependant qu'aucune mise en forme ne vous prépare totalement à la réalité d'un combat.


Yuen Woo-Ping :
"Chaque mouvement est réglé en fonction de la caméra. Pour truquer un coup, on choisit, classiquement, un angle qui masque le point d'impact. Mais, parfois, l'objet de la scène est de mettre en évidence la rudesse du coup porté. Un contact direct s'impose alors, et l'acteur mettra tout son talent à "vendre" l'effet, en feignant d'accuser un coup d'une grande violence."
Le tournage en Chine fut pour Tarantino une occasion unique de "communier" avec l'un de ses grands maîtres.

Quentin Tarantino :
"Les deux sociétés de production pour lesquelles j'ai une affection particulière sont la New World de Roger Corman dans les années 70 et la Sir Run Run Shaw des Frères Shaw. Et, pour moi, l'as des réalisateurs de cette dernière fut Chang Cheh. Il occupe au sein de la vieille école du film de kung-fu la place de John Ford dans celle du western. C'est lui qui signa en 1967 le premier vrai film d'arts martiaux : ONE-ARMED SWORDSMAN, avec Jimmy Wang Yu. Cet authentique pionnier est mort en 2002 durant les prises de vues de KILL BILL et j'ai parfois senti son esprit planer sur nous."

Le fantôme de Chang Cheh intervint même dans la résolution d'un petit problème technique…

Quentin Tarantino :
"Pour simuler un jet de sang, on utilise aujourd'hui des dispositifs relativement sophistiqués : tubes pressurisés, amorces, etc. Moi, j'avais envie d'oublier que nous étions sur un film à gros budget et je voulais me retrouver dans l'état d'esprit d'un gamin de treize ans qui tourne en amateur dans le jardin de ses parents. C'est alors que Yuen m'a dit : "Sais-tu comme on procédait jadis? On donnait un préservatif rempli de sang à l'acteur censé recevoir un coup de sabre, et lors de l'impact, celui-ci pressait la capote et en faisait jaillir le liquide. Le résultat était spectaculaire. On le doit à Chang Cheh." On a essayé, et c'était réellement excellent. Je n'aurais pas réussi à obtenir la moitié des effets recherchés sans cette astuce."