gerard Lanvin

Né le 21 juin 1950, à Boulogne-Billancourt, Hauts-de-Seine, France

Son éveil à la comédie lui vient très jeune à la suite d'une représentation du "Malade Imaginaire" dans laquelle se produisait le père de l'un de ses copains. Refusant la filière des cours d'Art Dramatique, Gérard Lanvin choisit l'enseignement de la vie et se retrouve vendeur de jeans aux Puces. Il y rencontre Coluche et Miou-Miou qui vivent la grande aventure du café-théâtre "Au Vrai Chic Parisien". Mais, c'est avec Martin Lamotte, l'un de leurs partenaires, et Christine Dejoux, que Gérard Lanvin s'associe pour créer un nouveau café-théâtre, "La Veuve Pichard", après avoir sillonné la France au volant de son camion rempli de jeans. Il joue alors sa première pièce "La revanche de Louis XI", remplace Thierry Lhermitte dans "Amour, coquillages et crustacés", devient Madame Germaine (la concierge) dans "Fromage ou désert", à la cour des Miracles, puis le cuisinier du Prince Charmant dans "Elle voit des nains partout".
C'est Coluche qui le fait débuter au cinéma dans Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine, film dans lequel il incarne le Chevalier Blanc. 1980 sera l'année déterminante de sa carrière. Au festival de Cannes, on parle beaucoup de ce jeune comédien qui est à l'affiche du second film de Jacques Bral, Extérieur nuit, et du nouveau Tavernier: Une semaine de vacances. Pour la télévision, il joue La Traque, de Philippe Lefebvre. L'année suivante, partenaire de Michel Piccoli dans Une étrange affaire, il obtient le Prix Jean Gabin. Le bon accueil de Tir groupé, premier film de Jean-Claude Missiaen qui impose Lanvin aux distributeurs réticents, et sa nomination aux Césars, confirment sa position dans la nouvelle génération d'acteurs du cinéma français. Gérard Lanvin retrouve ensuite Michel Piccoli dans Le prix du danger et Missiaen pour un second film : Ronde de nuit, où il joue aux côtés d'Eddy Mitchell. Viendront ensuite deux films à grands succès dans lesquels Gérard Lanvin formera un duo successivement avec Michel Blanc (Marche à l'ombre), et Bernard Giraudeau (Les spécialistes). Puis vient Moi vouloir toi, film dont il est à l'origine, qu'il a co-écrit et dans lequel il a Jennifer sa compagne pour partenaire. Puis Gérard Lanvin tourne à nouveau pour Christian Fechner Les frères Pétard, avec Jacques Villeret.

"Ce que j'ai envie de dire aux gens, ça se trouve dans les films; c'est pour ça que j'ai du mal à l'expliquer autrement, déclare Gérard Lanvin. On ne peut expliquer un film qu'en le jouant, après ce n'est plus spontané. Au cinéma, je n'ai pas envie d'être extraordinaire parce que dans la vie, on n'est pas extraordinaire tout le temps. Ce qui m'intéresse seulement, c'est d'être juste. (...) C'est un métier très compliqué, tu es toujours tout seul. Et puis, les gens te jugent, ce qui est souvent dramatique pour nous qui sommes sensibles" (à Dominique Maillet in "Première" n' 71, février 1983).

L’évolution de la carrière de Gérard Lanvin est, après les triomphes publics de Marche à l'ombre et Les spécialistes (11 millions de spectateurs en France), particulièrement surprenante. Alors qu’il aurait pu se contenter de poursuivre dans ces mêmes registres de la sympathique comédie branchée et du film d’action viril, il fait des choix moins évidents et attendra environ une dizaine d’années pour retrouver réellement le haut de l’affiche, avec Le fils préféré de Nicole Garcia, une performance qui lui vaut enfin le César 1995 du meilleur acteur (qu’il ne vient pas chercher, toujours peu sensible à ce genre de distinctions). Son jeu rentré et instinctif trouve écho dans cette élégance et ce charisme qui ne se démentent jamais. Entre-temps, Gérard Lanvin aura été de l’aventure de Mes meilleurs copains, un film nostalgique et chaleureux atypique dans le filmographie de Jean-Marie Poiré, qui est boudé à sa sortie mais deviendra un film-culte et lui a permis de rencontrer Jean-Pierre Bacri. Lanvin aura aussi très provisoirement intégré la « famille Lelouch », le temps de deux films coup sur coup : Il y a des jours...et des lunes, l’une des réussites de Lelouch, entre hasards et coïncidences, bien accueillie par le public et la critique, puis La belle histoire, un projet ambitieux où il incarne pas moins que le Christ et vit une histoire d’amour de 2000 ans avec Béatrice Dalle. Le film ne trouve pas son public et l’acteur en gardera un souvenir amer : « … il m’a fait faire deux films pour même pas le prix d’un. (…) Donc je fais La belle histoire, je vois le films et je me dis que ça suffit, que la plaisanterie a assez duré. » (in « Première » n°276, février-mars 2000).
Après la légitime réévaluation de l’acteur à la faveur du film de Nicole Garcia (dans lequel il retrouve Bernard Giraudeau, son partenaire des Spécialistes, ainsi que Jean-Marc Barr), il intègre un autre univers singulier et prisé par les acteurs, celui de Bertrand Blier. Dans Mon homme, il remplace Jean Reno initialement pressenti et empêché par un autre engagement. Ni Blier ni ses fidèles ne s’en plaindront, car Lanvin tire son épingle d’un jeu pour lequel il n’était pas a priori naturellement destiné, le rôle décalé d’un clochard devenu souteneur-homme d’intérieur par l’amour insensé d’une prostituée (incarnée par Anouk Grinberg). Personnage mystérieux et fascinant dans l’étrange Anna Oz d’Eric Rochant, Lanvin tourne avec parcimonie – faute de propositions suffisantes, précise-t-il parfois dans les médias – alors qu’il semble tout désigné pour des compositions du style de celles qui furent jadis celles d’un Lino Ventura ou d’un Jean Gabin. Gabin, justement dont il reprend le rôle dans le remake du fameux En cas de malheur de Pierre Jolivet. Il y campe avec autorité l’avocat imaginé par Simenon, séduit par les formes de Virginie Ledoyen. Il est aussi rigide et droit, et encore séducteur presque malgré lui, dans Le goût des autres, comédie de mœurs à succès signée Agnès Jaoui, sortie sur les écrans au printemps 2000. En garde du corps d’un industriel, il forme un duo attachant avec un chauffeur incarné par Alain Chabat. Un clin d’œil pour celui qui a été un proche du trio des Nuls, participant symboliquement à la première et à la dernière de leur émission, sobrement intitulée « Le Nuls, l’émission ». Passionnément, enfin, lui permet de retrouver Charlotte Gainsbourg, sa partenaire d’Anna Oz. A la télévision, Gérard Lanvin a également tenu le rôle-titre d’une série policière, « François Kléber », réalisée par Patrick Jamain et produite par Pierre Grimblat en 1995.
Une activité qui peut au final apparaître un peu dilettante, et qui ne s’enrichira pas d’un volet de réalisateur si l’on en croit cette bribe de confession au magazine « Première » (op.cit.) : « C’est bien que les acteurs, quand ils sont pointus et intelligents, deviennent metteurs en scène. Moi, ça ne m’attire pas : je suis trop feignant pour réaliser ».

Il enchaîne ensuite une série de films intimistes comme Les Marmottes, Le Fils prefere (1994, Nicole Garcia) et Mon homme (1995, Bertrand Blier). Son rôle dans Le Fils prefere lui vaut le César du meilleur acteur en 1995. En 2001, il remporte un deuxième César grâce à son rôle dans l'énorme succès d'Agnès Jaoui, Le Goût des autres. Après la comédie Le Boulet en 2001, il enchaîne sur les tournages de La Demi-mondaine amoureuse, Les Gens du fleuve et celui d'A la petite semaine, avant de prêter ses traits au célèbre commissaire San Antonio. En 2005, il abandonne son habituel personnage de macho viril, pour incarner un sensible père de famille divorcé, dans Les Enfants de Christian Vincent.