Mémoire Effacée
Réalisateur : Joseph Ruben

Genre : Thriller, Fantastique

Date : 01 Décembre 2004

Durée : 1 h 31

Origine : Américain

Distribution : Columbia Pictures

Titre original : The Forgotten

 

Résumé | Note production | Acteurs | Scénario | Producteur | Site Officiel | Récompenses | Lieux | Budget

Acteurs :

Julianne Moore : Telly Paretta
Dominic West : Ash Correll
Gary Sinise : Docteur Munce
Alfre Woodard : Détective Anne Pope
Linus Roache : l'homme amical
Anthony Edwards : Jim Paretta
Christopher Kovaleski : Sam
Lee Tergesen : Al Petalis
Ken Abraham : le gars à la station service
Tim Kang : Agent spécial Alec Wong de la NSA
Matthew Pleszewicz : Sam à 5 ans
Jessica Hecht : Eliot
Katie Cooper : l'employée de la bibliothèque
Scott Nicholson : un flic
P.J. Morrison : un flic
Robert Wisdom : Carl Dayton
Kathryn Faughnan : Lauren Correll
Félix Solis : Brasher
Susan Misner : Agent Lisa Franks
J. Tucker Smith : Shériff Howell
Ann Dowd : Eileen la comptable

Directeur Photo :

Daniel Moder : caméraman
David M. Dunlap : directeur seconde équipe
Anastas N. Michos

Musique : James Horner

Chef décoration : Bill Groom

Costumes : Cindy Evans

Montage : Richard Francis-Bruce

Effets Spéciaux :

Steven Kirshoff : coordinateur
John Stifanich : chef d'équipe

Direction artistique : Paul D. Kelly

Maquillage : Jerry Popolis : styliste coiffure

Son :

Julia Evershade : superviseur montage
Matthew McKenzie : enregistrement ADR
Joe E. Rand : monteur musique
Jim Henrikson : superviseur édition musicale
Eddie Bydalek
Myron Nettinga : mixeur post-synchro
Michael Barosky : mixeur
Dane A. Davis : superviseur montage
Craig Mann
Ramiro Belgardt : monteur musique
Michael Minkler : mixeur post-synchro

Scénario : Gerald Di Pego

Producteur :
Bruce Cohen
Dan Jinks
Joe Roth

Production :

Revolution Studios
Columbia Pictures
Visual Arts Entertainment Inc

Producteur executif :
Todd Garner
Steve Nicolaides

Assistant réalisation :

Eric Yellin : second assistant
Karen Kane : autre second assistant
Takahide Kawakami : second assistant
Michael E. Steele : premier assistant

Lieux de tournage :

Budget :

Site officiel : France : http://www.columbiatristar.fr/k/memoire/

Récompenses :

| Note production | Acteurs | Scénario | Producteur | Site Officiel | Récompenses | Lieux | Budget

 Résumé :

Hantée par la mort de son fils de huit ans, Sam, décédé dans un accident d'avion quatorze mois auparavant, Telly décide de consulter un psychiatre pour tenter de surmonter sa douleur.
Le docteur Munce lui apprend alors que son fils n'a jamais existé, et qu'elle est sujette à des hallucinations. Elle s'est, selon lui, forgé ses souvenirs de toutes pièces… Bouleversée, Telly s'acharne à retrouver des traces de l'existence de Sam – photos, vidéos, cahiers… mais tout a disparu.
Telly pense devenir folle… jusqu'à ce qu'elle rencontre Ash Correll, le père d'une autre victime du crash. Ensemble, ils vont essayer de prouver que leurs enfants ont bien existé pour mettre fin au cauchemar…

 Note de la production

Comme dans un rève

En plein Cauchemar - Telly : Folie ou vérité ?

En plein cauchemar - Ash Correll : L'allié dans la tempête

Le tournage

Le style Visuel

Comme dans un rève
Une nuit, le scénariste Gerald DiPego a fait un rêve étrange, dans lequel il a vu une photo de famille montrant une mère, un père et leur jeune fils. Lentement, l’image commença à s’effacer, pour finir par disparaître. Gerald DiPego se réveilla en sursaut. Il était 6 h 30. La mystérieuse image continua de le hanter. Deux heures plus tard, il réveillait sa femme en lui disant « Je crois que je tiens une histoire ! ».
Quelque temps plus tard, il achevait le scénario d’un thriller psychologique aussi inhabituel par son sujet que par son approche. Son agent suggéra que Joe Roth, président de Revolution Studios, pourrait être intéressé. Vingt-quatre heures plus tard, Roth l’achetait et contactait le réalisateur Joseph Ruben, qui avait réalisé LES NUITS AVEC MON ENNEMI à l’époque où Roth dirigeait la 20th Century Fox.
Joseph Ruben raconte : « J’ai été saisi par l’émotion de l’histoire. Il y avait là des sentiments instinctifs, viscéraux, puissants, comme ceux qu'une mère éprouve pour son enfant. Des sentiments qui vous impliquent immédiatement. »
Joseph Ruben avait également réalisé des thrillers – LE BON FILS et COUPABLE RESSEMBLANCE - et éprouvait une forte affinité pour ce genre. Il observe : « Un bon thriller vous tient comme aucun autre genre de film, et c’est particulièrement vrai de celui-ci. On découvre une femme qui a eu ou n’a peut-être pas eu un fils, qui est en train de vivre une rupture psychotique. En tout cas, elle vit un cauchemar, et on ignore si le cauchemar est seulement dans son esprit ou s’il est bien réel. L’avantage d’avoir une actrice comme Julianne Moore pour incarner un tel personnage est énorme. Elle lui confère une authenticité immédiate. Tout devient possible…»
Les producteurs Bruce Cohen et Dan Jinks sont eux aussi des fans du genre. Bruce Cohen confie : « Dan et moi avions envie de faire un thriller depuis déjà longtemps, mais nous attendions d'en trouver un qui sorte de l’ordinaire, quelque chose de jamais vu, avec des éléments vraiment intrigants. C’est une définition parfaite de MEMOIRE EFFACEE ! Lire le scénario était aussi passionnant qu’effrayant. »
Le producteur exécutif Steve Nicolaides observe : « Joseph Ruben était le réalisateur idéal pour valoriser toutes les subtilités du scénario. Il va toujours au-delà de l'apparence des choses et y conduit ses acteurs. C’est formidable pour un film comme celui-ci, qui repose principalement sur les personnages. Joseph a beaucoup d’humour, il n’hésite pas à se moquer de lui-même, il est modeste. Tous ceux qui travaillent avec lui aiment faire équipe avec lui et ont confiance en son jugement. Son premier assistant réalisateur a fait six ou sept films avec lui, c’est la même chose pour le décorateur et plusieurs autres. C’est le genre d’homme pour qui tout le monde a envie de se donner à 200 % ! »

En plein Cauchemar - Telly : Folie ou vérité ?
Joseph Ruben souligne : « Incarner Telly Paretta nécessitait un vrai tour de force. Il fallait que l’actrice choisie soit capable de jouer l’ambivalence : c’est une femme qui est peut-être malade psychiquement, mais pour qui le public devait éprouver de l’empathie. Il fallait qu’il soit totalement de son côté. Julianne a quelque chose de vivant et d'attachant. On se sent en phase avec elle. En outre, elle est mère de deux enfants, et on sent qu’elle puise directement dans ce lien unique pour jouer. »
Bruce Cohen ajoute : « On ressent aisément l’horreur que vit Telly. C’est le pire cauchemar de tout un chacun : se réveiller un jour et découvrir que tout ce que l’on croyait est faux, et être incapable de savoir si on est fou ou sain d’esprit… Nous avons tous connu de ces moments où nous sommes certains que notre interprétation de la vérité est exacte, et pourtant d’autres gens ont une idée totalement différente de la nôtre sur ce qui s’est passé. Imaginez juste que vous ne puissiez trouver personne qui partage votre point de vue. C’est un sentiment effroyable, complètement paranoïaque. »
Julianne Moore explique : « C’est la vitesse à laquelle j’ai lu le scénario qui m’a convaincue de faire le film ! Je l’ai littéralement dévoré, en me disant tout le temps que c’était un thriller psychologique exceptionnel, avec l’envergure d’un classique et le dynamisme d’aujourd’hui ! J’aime les films rapides, divertissants, effrayants et amusants. Celui-ci avait en plus un élément humain très fort. La question principale portait sur ce que l’on éprouve vraiment pour nos enfants, notre famille, nos proches. »
Julianne Moore a été également intriguée par la juxtaposition entre le pragmatisme de Telly et la manière dont sa vie quotidienne bascule rapidement dans le chaos. « Telly est une femme qui travaille, une femme qui a de la ressource, comme beaucoup de mères que je connais qui vivent à Brooklyn Heights. J’avais l’impression de la connaître, d’avoir des amies comme elle, de lui ressembler. Tout ce qu’elle fait m’a donc semblé naturel. Elle n’est pas plus ingénieuse et n’a pas plus de ressource que n’importe qui d’autre à sa place. Elle va faire tout son possible pour prouver que son fils était réel. Et elle va essayer de trouver de l’aide. »

En plein cauchemar - Ash Correll : L'allié dans la tempête
Si la plupart de ceux qui entourent Telly s’en détournent en pensant qu’elle souffre d’hallucinations, un ancien joueur de hockey, Ash Correll, agit différemment. Telly le rencontre par hasard sur un terrain où elle pense que son fils a joué autrefois, avec la fille d’Ash, Lauren. C’est Dominic West qui incarne Correll.
Bruce Cohen explique : « Que ce soit dans « Design for Living » à Broadway, dans la série « The Wire » ou dans LE SOURIRE DE MONA LISA, Dominic West a prouvé son talent et l’ampleur de son jeu. Il fallait un acteur de poids face à Julianne Moore. »
Julianne Moore raconte : « Dès notre lecture ensemble, j’ai su que Dominic serait parfait. Il est séduisant, drôle et vraiment intense dans son jeu. Il a cette capacité enviable à se montrer très masculin tout en étant vraiment capable d’émotions multiples. »
Dominic West confie : « Jouer Ash Correll était pour moi un changement de registre – je joue d’habitude souvent le petit ami odieux, voire odieux et alcoolique ! Ici, je suis aussi un adepte de la bouteille, du moins au début, mais je me transforme en quelque chose qui ressemble à un héros. C’est nouveau pour moi. C’est un personnage qui a de l’étoffe, qui doit lutter pour évoluer, pour surmonter des difficultés impensables et finir par devenir un type bien. »
Comme Telly, au début du film, Ash est déprimé et confus. Dominic West explique : « Quelque chose de terrible lui est arrivé et il ne parvient pas à y trouver un sens. Ash est en bonne santé, il est intelligent, il est cultivé. C’est un vrai gâchis, mais un gâchis intéressant, ce qui nourrit le développement de ses relations avec Telly. »
Il poursuit : « Tout au long de l’histoire, la pression augmente sur Telly et Ash de la part de tous ceux qui les entourent. Ils sont dans une situation cauchemardesque où personne ne se souvient de ce dont eux se rappellent. Ils vivent dans un univers que personne ne reconnaît et que personne ne comprend, ce qui est, je pense, une forme de folie. »
De sa collaboration avec le réalisateur, Dominic West dit : « Joseph vous encourage à réfléchir. Il a le don de laisser tomber des petites phrases qui vous placent instantanément dans la scène, et puis il vous laisse faire. Et il vous encourage à fond.
« Quant à Julianne, elle est incroyablement bonne. Elle est capable de bavarder de choses et d’autres juste avant une prise, et dès qu’on entend « Action ! », elle fond en larmes ou explose de colère. Elle accède instantanément à ses émotions. »

Le Dr Munce, le psychiatre qui soigne Telly, est interprété par Gary Sinise. L’acteur explique : « Munce ne ressemble à aucun des personnages que j’ai pu interpréter. Je joue d’habitude des personnages plus viscéraux, agressifs. Lui est un type très réfléchi, tout en introspection. C’est un changement de rythme intéressant. Et puis, c’était une chance de travailler avec Julianne Moore !
« L’intrigue non linéaire était aussi un plus à mes yeux. Le côté imprévisible de l’histoire est l’une des choses qui m’ont convaincu de faire le film. Un bon thriller psychologique peut être vraiment prenant quand vous ne savez qui croire et ignorez complètement ce qui va se passer jusqu’aux toutes dernières minutes. »

Alfre Woodard joue Ann Pope, une femme policier qui travaille sur l’affaire Telly. Avant le début du tournage, l’actrice a passé du temps auprès d’une femme policier au NYPD. Elle raconte : « Cette femme policier m’a dit que dans les cas où une femme est impliquée, elle commence toujours par regarder les hommes qui l’entourent. Souvent, il est inutile d’aller plus loin. Elle dit aussi qu’elle a tendance à croire les femmes, surtout lorsque celles-ci parlent avec leur cœur. C’est ce que fait Telly, quoi qu’il se passe autour d’elle. Ann Pope est une femme qui a tendance à ne croire qu’aux faits, et elle est ouverte à ce que lui dit le Dr Munce, mais il y a quelque chose chez Telly quand elle pleure et lui ouvre son cœur qui la touche. Elle ne croit pas à ce que disent tous les hommes qui l’entourent. Quand une femme pleure pour son enfant, c’est difficile de l’ignorer. »

Anthony Edwards interprète Jim, le mari de Telly, qui s’est éloigné d’elle. Il note : « L’histoire était complexe, elle n’avait rien d’évident, c’est ce qui m’a donné envie de faire le film. En lisant le scénario, j’étais constamment surpris. Quand on éprouve un tel plaisir à lire un script, on pense que le plaisir sera encore plus grand sous forme de film !
« Le rôle de Jim est délicat, parce qu’il est en opposition directe avec Telly mais qu’il doit être crédible et sympathique en même temps. Il s’efforce de faire tout ce qu’il peut pour l’aider parce qu’elle traverse une crise grave. Il pense qu’elle devient folle. Il a peur, vraiment peur parce qu’une personne qu’il connaît parfaitement est en train de changer du tout au tout sous ses yeux. C’est terrifiant pour lui. Si cela vous arrivait, vous passeriez probablement par toutes les émotions possibles, colère, frustration, compassion, désespoir. »

L’acteur britannique Linus Roache a le rôle le plus énigmatique du film. Son personnage est simplement connu sous le nom de « l’homme amical ». Il explique : « C’est ainsi que le scénariste l’a baptisé, parce qu’il semble amical. La meilleure façon de décrire mon personnage est de dire que comme le film, il a plusieurs dimensions. On croit être dans un certain genre de film et on découvre qu’on est en fait dans un autre, et c’est ce qui le rend si intrigant. Je ne peux en dire plus, toute information supplémentaire risquerait d’en dévoiler trop ! »
Linus Roache précise : « Développer les différents niveaux de ce personnage a nécessité une profonde collaboration avec Joseph Ruben. Il fallait que je lui fasse confiance, que j’accepte sa façon de travailler. Cela ne voulait pas dire que nous nous asseyions pour parler pendant des heures ; nous travaillons tous les deux sur l’intuition, l’instinct. Joseph me disait « Ton personnage, c’est qui ? ». Il savait exactement comment le personnage fonctionnait dans l’histoire, mais au lieu de l’expliquer, de le rabâcher, nous nous lancions ensemble pour le faire naître. C’était un processus biologique, instinctif, libérateur, et très agréable ! »

Le tournage
La ville de New York apparaît comme un véritable personnage du film. Le tournage a commencé à l’automne à Brooklyn, dans le quartier surnommé « Dumbo » (Down Under the Manhattan Bridge Overpass), situé entre les ponts de Manhattan et de Brooklyn. C’est là qu’ont été filmés les extérieurs de l’appartement d’Ash Correll et plusieurs scènes de poursuite à pied et en voiture lorsque Ash et Telly fuient la police. Le reste du film a été tourné dans d’autres quartiers de Brooklyn et de Manhattan, dans le Bronx et le Queens. Parmi les autres lieux de tournage à Brooklyn figurent des maisons à Brooklyn Heights et la limite ouest de Prospect Park.
Plusieurs jours de tournage se sont déroulés dans le quartier de Wall Street à Manhattan, à la Chase Manhattan Plaza, avec sa sculpture « Groupe de quatre arbres » de Jean Dubuffet. La scène où Telly se trouve à la bibliothèque de Brooklyn a été en fait tournée à la General Society Library sur la 44e rue à Manhattan, la deuxième plus ancienne bibliothèque de New York, et l’une des trois bibliothèques privées qui restent à Manhattan. Bâtie dans les années 1890, elle fait partie de la General Society of Mechanics and Tradesmen de la ville de New York.
Plusieurs scènes ont aussi été tournées à l’extérieur de New York, notamment au Harriman State Park à Rockland County et à l’aéroport de Westchester à White Plains, ainsi qu’à Long Island, dans une maison sur la plage à Hampton Bays et dans les dunes du Caumsett State Historic Park à Huntington.

Les intérieurs ont été tournés à l’ancien Military Ocean Terminal de Bayonne, dans le New Jersey. Plusieurs décors y ont été construits, dont l’intérieur de l’appartement d’Ash, un cottage, la maison du Dr Munce, une chambre de motel, le commissariat, un bureau de compagnie aérienne, l’étage de la maison de Telly et un ancien hangar en ruines où se déroule l’une des scènes les plus intenses du film.
Dan Jinks souligne : « Manhattan est une sorte de présence inquiétante qui regarde par-dessus l’épaule de Brooklyn, et agit comme un véritable personnage du film. Nous avons en outre tourné en automne et en hiver, quand la lumière est faible, blafarde, et angoissante, particulièrement à Brooklyn. »
Bruce Cohen ajoute : « En tournant à New York même, nous avons pu saisir l’atmosphère particulière que seule cette ville possède. »
Tourner à New York signifiait aussi affronter une météo imprévisible et capricieuse. Steve Nicolaides raconte : « Le réalisateur et le patron du studio voulaient que le film ait un style visuel froid, hivernal. Nous avons commencé à tourner fin octobre, une époque très instable sur le plan météo parce qu’on passe de l’automne à l’hiver. L’histoire, elle, se déroule sur seulement deux semaines. Il faut donc faire attention à ce que ce qu’on tourne en octobre soit toujours valable quand on tourne en janvier. »
Joseph Ruben souligne : « Le quartier de « Dumbo » convenait idéalement au style et à l’ambiance de MEMOIRE EFFACEE. Nous voulions des lieux ayant quelque chose de légèrement décalé. Certains endroits de ce quartier sont carrément désolés. Les formes des ponts et des routes surélevées ont quelque chose d’un rêve, et même d’un cauchemar parfois. La rue où vit Telly semble idyllique, mais il y a cette route juste derrière… Dès le départ, il y a une tension entre ces deux lieux. »

Le style Visuel
Joseph Ruben a établi dès le départ un ensemble de règles visuelles pour le style du film. Il explique : « Nous voulions une atmosphère générale glaciale mais très belle, avec une lumière chaude seulement dans les chambres des enfants. Nous avons utilisé de longues focales pour donner un sentiment de paranoïa, l’impression d’être observé, et des optiques grand angle pour donner une vision légèrement distordue de ce monde. Pour la couleur, nous avons pratiquement tout supprimé, sauf dans les scènes impliquant les enfants. Il n’y a pas de rouge dans le film, sauf le roux des cheveux de Julianne. »
Le directeur de la photo, Anastas Michos, ajoute : « Le style visuel est principalement réaliste. Même si nous voulions que le film conserve en permanence une perspective, la sensation d’être épié, nous ne nous sommes jamais écartés d’un sentiment de réalité tangible. J’ai utilisé une pellicule qui me permettait pas mal de liberté. Dès le départ, j’ai voulu utiliser un intermédiaire digital. Pour les objectifs, nous avons employé un package standard Panavision Primo, en restant surtout dans les focales longues de la gamme. J’ai utilisé un objectif 75 mm pour les plans les plus larges mais nous pouvions aller jusqu'au 300 mm pour des plans plus serrés. »

Le chef décorateur Bill Groom fait équipe avec Joseph Ruben depuis dix ans et a vécu à New York pendant vingt ans. Il était heureux d’y tourner et confie : « Lorsque j’ai lu le scénario, j’y ai tout de suite senti Brooklyn. Ce film se partage en deux styles, d’un côté les souvenirs, et de l’autre le présent. J’ai toujours eu le sentiment qu’en raison du stress émotionnel de Telly, ses souvenirs lui semblent plus vrais, plus vivants que le présent. Ses souvenirs sont en un sens plus concrets, plus réels pour elle. Le passé est donc en terme de décors et de photo plus coloré et vivant que les scènes du présent, qui sont dans des couleurs plus sombres. Pas totalement monochromatiques, mais très atténuées.
« Le Brooklyn que nous montrons à l’écran est le vrai, celui où vivent les gens, avec sa superbe architecture qui fait son charme. A Brooklyn Heights, il y a quantité de maison datant d’avant la Guerre civile. Il y a là-bas tout un monde que la plupart des gens, y compris les New-Yorkais, ne connaissent pas. Ce quartier est un peu en retrait de la ville, mais suffisamment près pour se rendre à Manhattan à pied en traversant le Brooklyn Bridge. C’est un endroit vraiment particulier et très intéressant, qui répondait parfaitement aux thèmes du film. »