Né le 14 juillet 1919 à Parme, Italie

Décédé le 22 octobre 1987 à St Cloud, France

 

 

 

Le petit Angelo Borrini voit le jour le 14 Juillet 1919 à Parme (Italie). 8 ans plus tard, il part avec sa mère Luisa pour la France retrouver son père, Giovanni, parti 10 ans plus tôt. Il croise en 1935 celle qui deviendra l'amour de sa vie, Odette Lecomte, dans la banque où il travaille afin d'aider sa mère à joindre les 2 bouts. Il l'épouse d'ailleurs le 8 Janvier 1942. Par la suite, jamais on ne le verra dans le lit d'une autre femme au cinéma (tout juste, acceptera-t-il d'embrasser certaines de ces partenaires comme Mireille Darc dans les Barbouzes ou Ne nous fâchons pas (G.Lautner - 1965 & 1966)).

Après avoir déserté de l'armée italienne, refusant de sa battre pour une telle cause, il rejoint Paris où Odette et ses amis lutteurs l'aident à se cacher des diverses polices. Mais après de nombreuses convocations de celle-ci à la Gestapo, il juge plus prudent pour elle et leur premier enfant, Milène, de se cacher en province. La libération marque son retour à Paris et ses débuts d'entrepreneur. Pour faire vivre leur petite famille (3 enfants, Laurent, Linda et Milène, viendront rapidement rejoindre le foyer Borrini), le couple Borrini crée une entreprise de linges pour bébé, la marque "Milène".

Lutteur amateur depuis 10 ans, Lino s'oriente vers l'univers professionnel du catch, alors en pleine expansion en France (il fait les beaux soirs de l'unique chaîne télé française, commenté par Roger Couderc). Il débute sur le ring à Noël 45 dans la catégorie des poids moyens, puis enchaîne les combats, jusqu'à devenir champion d'Europe de sa catégorie en février 1950. Il gagne convenablement sa vie, devenant suffisamment populaire pour assurer le succès d'une manifestation sur son seul nom. Hélas, une mauvaise fracture lors d'un combat met prématurément fin à sa carrière sportive. Il demeure, néanmoins, dans le milieu en devenant organisateur de réunions de catch.

En 1953, il se voit offrir un changement radical d'orientation. Jacques Becker utilise sa carrure et son air bourru dans Touchez pas au Grisbi (1953), archétype du polar à la française. Pour la première fois, il donne la réplique à celui qui deviendra son maître et son ami, Jean Gabin. Certes, il est abattu dans ce film, mais ses craintes sur sa crédibilité se sont vite évanouies. Il devient, alors, indispensable pour les personnages de truand ou de policier dans le cinéma noir hexagonal. On le retrouve chez Henri Decoin (Razzia sur la chnouf - 1955 - et le Feu aux poudres - 1956), Gilles Grangier (Trois jours à vivre ou le Rouge est mis - 1957), Louis Malle (Ascenseur pour l'échafaud - 1957 - avec Charles Denner) ou Jean Delannoy (Maigret tend un piège - 1957).

Il connaît son premier succès personnel en devenant le Gorille, personnage créé par Antoine-Louis Dominique, en 1958 avec le Gorille vous salue bien (B.Borderie). Roger Hanin prendra sa succession 2 ans plus tard. Classe tous risques (C.Sautet- 1959) et un Taxi pour Tobrouk (D.de La Patellière - 1961) le consacrent acteur à part entière et le rendent plus populaire (à son grand désespoir) que son maître.

Sa rencontre avec Georges Lautner lui permet de changer de registre en triomphant dans sa trilogie comique : les Tontons flingueurs (1963), les Barbouzes (1964) et Ne nous fâchons pas (1965). Hélas (pour nous), l'acteur ombrageux se fâche sur ce dernier tournage avec le réalisateur et ne retournera jamais plus avec lui (Lautner épuisé s'étant endormi à une réunion de travail entre Audiard et Lino).

Peu confiant en ce ton parodique, il revient à des rôles plus durs chez Henri Verneuil (Cent mille dollars au soleil - 1963) ou Robert Enrico (les Grandes Gueules - 1965, rare film tragique de Bourvil). Sa rencontre avec Jean-Pierre Melville débute avec le Deuxième Souffle (1966). Une fois de plus, le caractère droit (voire rigide) de l'acteur provoquera leur rupture. Si Armée des Ombres (1969) est inoubliable, le tournage s'achève sans que les 2 ne s'adressent plus la parole. Melville rendra toutefois hommage à Lino : "Mr Ventura n'a jamais appris à dire un texte, mais il le dit mieux que personne".

Depuis longtemps choqués par l'absence de structure d'aide pour les enfants handicapés - Linda est trisomique -, Lino et son épouse, Odette, fondent en 1966 l'association Perce-Neige pour l'accompagnement et l'intégration des enfants handicapés mentaux. Il ne cessera plus d'interpeller les politiques à ce problème.

Henri Verneuil réunit en 1969 Gabin, Delon et Ventura à l'affiche de ce qui deviendra le classique Clan des Siciliens. Ce sera ses dernières retrouvailles cinématographiques avec le Vieux. Lelouch lui offre un retour vers la comédie avec l'Aventure c'est l'Aventure (1972) et la bonne Année (1973). Il croise, sur le premier, Jacques Brel avec lequel il se lie d'amitié. Ils forment en 1973 le tandem improbable de l'Emmerdeur (E.Molinaro), avant qu'il participe à la dernière mise en scène du chanteur, Far West (1973).

Après la Gifle (C.Pinoteau - 1974) avec la débutante Isabelle Adjani, il revient à des rôles moins légers : Adieu Poulet (P.Granier-Deferre - 1975), Cadavres exquis (F.Rosi - 1976) ou un Papillon sur l'épaule (J.Deray - 1978). Sa confrontation avec Michel Serrault dans Garde à vue (C.Miller - 1981) restera comme sa meilleure interprétation des années 80, lui valant son unique nomination aux César (ce sera son partenaire qui l'emportera).

La fin de sa carrière lui offre des personnages à la Gabin comme le Jean Valjean des Misérables (R.Hossein - 1983) ou le général Dalla Chiesa dans Cent Jours à Palerme (G.Ferrara - 1984). La Rumba (R.Hanin - 1987) sera son dernier film, puisqu'il décède le 22 Octobre 1987 à Saint-Cloud, d'une crise cardiaque.  

ACTEUR :

(1987) La rumba, de Roger Hanin

(1984) Cent jours à Palerme, de Guiseppe Ferrara

(1984) La Septième cible, de Claude Pinoteau : Bastien Grimaldi

(1983) Le Ruffian, de José Giovanni : Aldo

(1981) Les Misérables, de Robert Hossein : Jean Valjean

(1981) Espion, lève-toi, de Yves Boisset : Sébastien Grenier

(1981) Garde à vue, de Claude Miller : l'inspecteur Antoine Gallien

(1980) Les Seducteurs, de Bryan Forbes : François Quérole

(1978) Un papillon sur l'epaule, de Jacques Deray : Roland Fériaud

(1978) La Grande menace, de Jack Gold : Brunel

(1975) Adieu poulet, de Pierre Granier-Deferre : Verjeat

(1975) Cadavres exquis, de Francesco Rosi : Inspecteur Amerigo Rogas

(1974) La Gifle, de Claude Pinoteau : Jean Doulean

(1974) Les Durs, de Duccio Tessari : Charlie

(1973) L'Emmerdeur, de Edouard Molinaro : Ralf Milan

(1973) La Bonne année, de Claude Lelouch : Simon

(1972) Le Silencieux, de Claude Pinoteau : Clément Tibère

(1972) L'Aventure c'est l'aventure, de Claude Lelouch : Lino Massaro

(1972) Cosa Nostra, de Terence Young : Vito Genovese

(1971) Boulevard du rhum, de Robert Enrico : Cornelius von Zeelinga

(1971) Fantasia chez les ploucs, de Gérard Pirès : Sagamore Noonan

(1969) Dernier domicile connu, de José Giovanni : Marceau Leonetti

(1969) L'Armée des ombres, de Jean-Pierre Melville : Philippe Gerbier

(1969) Le Clan des Siciliens, de Henri Verneuil : Inspecteur Le Goff

(1968) Le Rapace, de José Giovanni : Le rital

(1966) Les Aventuriers, de Robert Enrico : Roland

(1966) Le Deuxième souffle, de Jean-Pierre Melville : Gustave "Gu" Minda

(1966) Avec la peau des autres, de Jacques Deray : Viviana

(1965) Ne nous fâchons pas, de Georges Lautner : Antoine Beretto

(1965) Les Grandes gueules, de Robert Enrico : Laurent

(1965) La Métamorphose des cloportes, de Pierre Granier-Deferre : Alphonse Maréchal

(1965) L'Arme à gauche, de Claude Sautet : Jacques Cournot

(1964) Le Monocle rit jaune, de Georges Lautner : le client

(1964) Les Barbouzes, de Georges Lautner : Francis Lagneau

(1963) Cent mille dollars au soleil, de Henri Verneuil : Hervé Marec dit "Le plouc"

(1963) Les Tontons flingueurs, de Georges Lautner : Fernand Naudin

(1963) La Charge des brigands, de Carlos Saura : El Lutos

(1962) Le Diable et les dix Commandements, de Julien Duvivier : Garigny

(1962) L' Opéra de quat'sous, de Wolfgang Staudte : Tiger Brown

(1961) Les Lions sont lâchés, de Henri Verneuil : Challenberg

(1961) Un taxi pour Tobrouk, de Denys de La Patellière : Brigadier Theo Dumas

(1961) Le Jugement dernier, de Vittorio De Sica : Le père de Giovanna

(1961) La Fille dans la vitrine, de Luciano Emmer : Federico

(1961) Le Bateau d'Emile, de Denys de La Patellière : Emile Bouet

(1960) Classe tous risques, de Claude Sautet : Abel Davos

(1959) Le Fauve est lâché, de Maurice Labro : Paul

(1959) Le Chemin des écoliers, de Michel Boisrond : M. Tiercelin

(1959) Un temoin dans la ville, de Edouard Molinaro : Ancelin

(1959) 125, rue Montmartre, de Gilles Grangier : Pascal

(1958) Marie-Octobre, de Julien Duvivier : Carlo Bernardi

(1958) Le Gorille vous salue bien, de Bernard Borderie : Géo Paquet

(1957) Maigret tend un piège, de Jean Delannoy : Inspecteur Torrence

(1957) Ascenseur pour l'échafaud, de Louis Malle : Inspecteur Cherier

(1957) Montparnasse 19, de Jacques Becker : Morel

(1957) L' Etrange Monsieur Steve : Denis

(1957) Le Rouge est mis, de Gilles Grangier : Pepito

(1957) Trois jours à vivre, de Gilles Grangier : Lino Ferrari

(1956) Crime et Chatiment, de Georges Lampin : Gustave Messonnier

(1956) Le Feu aux poudres, de Henri Decoin : L'inspecteur

(1956) Action immédiate, de Maurice Labro : Bérès

(1956) La Loi des rues, de Ralph Habib : Mario

(1955) Razzia sur la chnouf, de Henri Decoin : Le Catalan

(1953) Touchez pas au grisbi, de Jacques Becker : Angelo