Réalisateur : Tim Burton

 

Scénario : Daniel Waters

 

Producteurs :

- Tim Burton

- Denise Di Novi

 

Directeur photo : Stephen Czapsky

 

Musique : Danny Elfman

 

Acteurs :

- Michael Keaton

- Michelle Pfeiffer

- Danny DeVito

- Christopher Walken

- Michael Murphy

- Michael Gough

- Pat Hingle

    

Genre : Aventure

 

Année : 1991

 

Durée : 2 h 06

 

Origine : Américain, Britanique

 

Distribution : Warner Bros

 

D'après l'oeuvre de : Bob Kane

 

Titre Original : Batman Returns

 

 

Résumé :

 

Un horrible pingouin et une cruelle femme-chat volent la vedette à notre légendaire Batman. Pour le pire ? Non, pour le meilleur !

On ne le présente plus : fils à papa le jour, justicier masqué la nuit. Bruce Wayne dans l’intimité, Batman pour la galerie. Homme certes, et pourtant chauve-souris. Cinquante ans déjà que la double-vie de Bruce Wayne-Batman, via les dessins de Bob Kane, hante les recoins del’inconscient américain ! Tim Burton, lui, n’en a pas 30 lorsqu’il relance, en 1989, un mythe qui bat de l’aile. Nourri au pop-corn, à l’horreur et au fantastique, auteur de deux films complètement allumés – Pee Wee’s big adventure et Beetlejuice – Burton commence par ressortir le méchant Joker, présent dans les premières bandes dessinées…

Résultat de ce Batman n°1 : sourire sardonique contre regard nyctalope, le Joker surclasse le héros. Le très fade Michael Keaton s’efface devant un Jack Nicholson follement baroque. Burton, lui, rafle la mise et retourne illico à ses petits films insolites (Edward aux mains d’argent).

Batman returns, Batman revient, nous dit-on. Gros sous ? Pas seulement : Tim Burton s’est très vite avoué insatisfait de sa première mouture. Ca ne flamboyait pas encore assez ! Et puis l’homme chauve-souris n’avait peut-être pas encore eu son compte avec le Joker…

Davantage qu’une suite, c’est donc une nouvelle leçon que Tim Burton inflige ici à Batman. Cette fois, par Catwoman interposé. La petite vie rangée de Selina Kyle n’est certes pas plus enviable que la retraite dorée de Bruce Wayne. Mais dès que la petite secrétaire découvre sa vraie nature de femme-chat, l’homme chauve-souris peut raccrocher sa défroque au portemanteau.

Sous le latex, toutes griffes dehors. Catwoman –Michèle Pfeiffer, félinissime- minaude, miaule ondule. Et que fait ce grand ballot de Batman quand elle fait miaou-miaou ? Il fait vroum-vroum avec sa Batmobil. Désespérant, ce garçon !

Au demeurant, on s’en moque un peu. Car le nouvel homme de la situation, on l’a compris dès les premières images, c’est le Pingouin ! Jeté aux égouts dès la naissance par ses parents. Oswald Chesterfield Cobblepot, dit le Pingouin, jaillit un beau jour des entrailles de Gotham City, ahanant, suant éructant. Avec lui, l’univers de Tim Burton, déjà passablement fou, plonge dans les hallucinations gothiques. Gargouille, masque vénitien, ou simple créature de Dickens revue par Daumier ? Une chose est sûre : Tim Burton n’est allé puiser le Pingouin dans la bande dessinée que pour en faire le compagnon d’infortune des créatures de tous ses autres films.

Comme les ciseaux d’Edward, les doigts palmés d’Oswald trahissent un déchirement intérieur. Contrairement à la femme-chat et à l’homme-chauve-souris, sa dualité n’est pas de surface. En lui bouillonnent toutes les contradictions d’une nature monstrueuse : l’humain et l’animal, l’arrogant et le servile, le grotesque et le sublime. A ce personnage arraché à la fange, élevé, porté –littéralement- par Danny de Vito, Tim Burton offre un univers à sa démesure. Cauchemars et divagations visuels prennent alors tout leur sens. Tandis que dans les rues de Gotham City, une farandole multicolore de clows cruels se livre à un joyeux massacre, dans les tréfonds, les égoûts verdâtres, rejets d’une humanité indifférente, deviennent le théâtre d’une sombre symphonie.

Fellinienne ? Tim Burton revendique en tout cas la filiation. La référence n’est pas abusive lors de l’attaque des pingouins sur la ville. Dans ces moments d’extrême baroque, même la musique de Danny Elfman, par ailleurs insistante et pesante, trouve une juste résonance.

Méprisé, détesté, rejeté par la populace, après avoir été, tout comme Edward, adulé pour son exotisme, le Pingouin sera, bien sûr, victime de sa différence. C’est tout le mal qu’on ne souhaite pas à Tim Burton : tant que ce type pourra glisser ses visions les plus folles jusque dans les genres les plus codifiés, on aura de bonnes raisons de ne pas désespérer d’Hollywood. Et de l’Amérique….