Le Village
Réalisateur : M. Night Shyamalan

Genre : Thriller

Date : 18 Aout 2004

Durée : 1 h 48

Origine : Américain

Distribution : UIP

Titre Original : The Village

 

Résumé

Note de la production

Acteurs :

Bryce Dallas Howard : Ivy Walker

Joaquin Phoenix : Lucius Hunt

Adrien Brody : Noah Percy

Sigourney Weaver : Alice Hunt

William Hurt : Edward Walker

Brendan Gleeson : August Nicholson

Cherry Jones : Mrs Clack

Jayne Atkinson : Tabitha Walker

Michael Pitt : Finton Coin

Directeur Photo : Roger Deakins

Musique : James Newton Howard

Chef Décorateurs : Tom Fodem

Costumier : Ann Roth

Chef monteur : Christopher Tellefsen

Directeur artistique : Michael Manson

Effets spéciaux :

Steve Cremin

David Blitstein

Costumes : Ann Roth

Scénario : M. Night Shyamalan

Producteur :

Scott Rudin

Sam Mercer

M. Night Shyamalan

Production :

Buena Vista International

Scott Rudin Productions

Blinding Edge Pictures

Touchstone Pictures

Producteur associé : Jose L. Rodriguez

Lieux de tournage :

Philadelphie, Pennsylvanie, USA.
Gatlinburg, Tennessee, USA.
Pennsylvanie, USA.

Budget : 60 million de $

Site officiel : USA : http://thevillage.movies.go.com/

Récompenses :

Oscar : 2005

Nomination meilleure musique : James Newton Howard

 Résumé :
A la fin du XIXe siècle, une petite communauté isolée vit dans la terrifiante certitude qu’une race de créatures mythiques peuple les bois entourant le village. Cette force maléfique est si menaçante que personne n’ose s’aventurer au-delà des dernières maisons, et encore moins pénétrer dans les bois… Malgré les avertissements, le jeune Lucius Hunt, un garçon aussi curieux qu’entêté, est bien décidé à aller voir ce qui se cache par-delà des limites du village.Seule Ivy Walker, la fille du chef du village, une jeune aveugle, comprend son désir. Mais sa dévotion va la pousser à emprunter un chemin interdit, où se dissimulent d’effrayantes vérités…Le chaos guette le village, la trêve entre les hommes et les créatures menace d’être rompue. L’audace d’un seul va changer l’avenir de tous à jamais…
Note de la production
AU NOM DE LA PEUR

Ecrit et réalisé par M. Night Shyamalan, LE VILLAGE dépeint une petite communauté repliée sur elle-même qui vit dans la terrible certitude que des créatures résident dans les bois alentour. Un jeune homme va tout remettre en cause…

Considéré comme l’un des cinéastes contemporains les plus novateurs et les plus originaux, M. Night Shyamalan aborde dans ses films des thèmes universels qui touchent le cœur et l’esprit du public de tous âges. Après la famille et les fantômes dans SIXIEME SENS, l’univers des bandes dessinées et l'invincibilité dans INCASSABLE, les extraterrestres et la foi dans SIGNES, il nous entraîne cette fois dans un voyage au cœur de nos peurs les plus instinctives et ce qu'elles peuvent impliquer au sein d'une communauté.

Le philosophe Bertrand Russell a dit : « Combattre la peur est le début de la sagesse ». Combien de fois avons-nous entendu un père ou une mère rassurer un enfant en lui disant qu’il n’y a pas de quoi avoir peur, que rien ne le menace ? Mais disent-ils la vérité ? Dans LE VILLAGE, la peur des créatures vivant dans les bois, « ceux dont on ne parle pas », menace toute la communauté et la sécurité des enfants.
Les aînés du village ont fait le choix de vivre en petite communauté dans un lieu isolé. Ils se sont coupés du reste du monde, et c’est leur peur des créatures, et de ce qui peut exister au-delà des frontières du village, qui les motive, les rapproche et les soude.

En abordant ce thème de la peur, M. Night Shyamalan signe son film le plus intimiste et le plus émouvant. Il explique : « Nous ne pouvons ignorer la peur. Nous vivons avec elle chaque jour. Qu’elle soit liée à la présence de créatures dans les bois, ou à notre société moderne, l’insécurité de nos propres enfants nous tenaille. La peur nous fond dessus quand nous regardons les informations et entendons parler d’enlèvements d’enfants, de guerre, de terrorisme. Franklin D. Roosevelt disait que « la seule chose dont on doit avoir peur, c’est de la peur elle-même. » Mais notre société nous montre autre chose… Dans le monde qui est le nôtre, je me demande souvent jusqu’où j’irais pour protéger mes enfants. Ferais-je la démarche d’aller m’installer dans une ferme au milieu de nulle part et de vivre comme les gens de ce village ? J’aime à croire que oui, mais combien d‘entre nous le font pour de bon ? A quels sacrifices sommes-nous prêts pour échapper à ce qui nous effraie ? »
En temps de crise, se rapprocher des autres peut être ce qui nous aide à survivre, à combattre la peur. Le producteur Sam Mercer explique : « Le village n’est pas si différent des quartiers que nous connaissons de nos jours. Quand la peur menace, quand elle prend le contrôle, les gens se tournent les uns vers les autres pour se soutenir. C’est ce sens de la communauté qui crée la force. »

M. Night Shyamalan précise : « La peur ne naît pas forcément de quelque chose qui nous menace. Elle peut simplement surgir de nos préjugés, de notre imagination qui s’emballe. J’espère qu’à travers ce film, les gens pourront mieux comprendre la peur et comment, même en plein chaos, on peut trouver le moyen de lui résister et de s’en sortir. »

L’HISTOIRE AVANT TOUT

Pour Shyamalan, la narration est ce qui importe le plus dans la création d’un film. Il explique : « Les gens viennent au cinéma pour être divertis, pour ressentir. J’aime leur donner ce qu’ils attendent, mais à ma manière, leur offrir un suspense si possible insupportable… Je capte leur attention en retenant l’information jusqu’au dernier moment.
« Lorsque j’écris, j’aime surprendre. En même temps, j’essaie d’apporter de l'humanité à mes histoires. J’ai envie que les gens sortent de la salle en ayant reçu quelque chose qui les fasse réfléchir, et que ce quelque chose en vaille la peine. »
« LE VILLAGE est différent de mes précédents films, sans doute parce que j’évolue. Je mûris en tant que cinéaste. J’ai eu envie d’écrire sur l’innocence. LE VILLAGE se déroule à la fin du XIXe siècle, après la Guerre de Sécession et avant l’industrialisation, lorsque la vie était plus simple. Alors, il n’était pas uniquement question d’argent ou d’appât du gain. Les gens parlaient sans sarcasme et vous pouviez entendre la vérité et la sincérité facilement. »
M. Night Shyamalan continue à faire ses films sur les terres de son enfance, dans la banlieue de Philadelphie. Il explique : « Je suis tombé amoureux de la vie simple et d’un rythme plus calme. La vie peut vraiment être dingue… En allant trop vite, on oublie ce qui est important, et on développe des obsessions. »

Pour Shyamalan, le processus d’écriture du VILLAGE a été long. Il raconte : « Je garde en permanence avec moi un cahier dans lequel j’écris mes idées, y ajoutant constamment des choses. Les détails des personnages du film sont apparus au fur et à mesure, d’eux-mêmes, et avant que j’en aie eu vraiment conscience, une phrase s’est transformée en deux, en une page, puis deux, trois, et avec le temps c’est devenu un scénario.
Inclure des éléments de romance dans mon écriture était nouveau pour moi. Ici, le sentiment amoureux côtoie et se mêle à l’inconnu et au surnaturel que le public a aimé dans mes films prédécents. LE VILLAGE parle du pouvoir de l’amour, de ce qu’il peut créer et de ce qu’il peut surmonter. »
Le producteur Sam Mercer, collaborateur de Shyamalan sur ses trois films antérieurs, commente : « Night écrit et réalise de façon très visuelle. En lisant ses scénarios, vous y trouvez tous les détails de l’histoire. Ses images, ses dialogues permettent au public d’entrer instantanément dans son monde imaginaire et d’en devenir une partie. »
Avant le début du tournage, M. Night Shyamalan développe ces images en travaillant avec le storyboarder Brick Mason. Ils passent plusieurs mois à concevoir et dessiner chaque scène. La plus grande partie du storyboard du VILLAGE a été dessinée au bureau de Shyamalan en Pennsylvanie.
Le producteur associé Jose Rodriguez précise : « Lorsque vous regardez une image d’un film de Night, tout a une signification. Il sait ce qu’il veut longtemps avant de tourner chaque scène, et il parvient au résultat désiré en adoptant une approche minimaliste. »
Mercer d’ajouter : « Ce qui rend les films de Night si séduisants pour le public du monde entier, c’est qu’il est lui-même un fan de cinéma et qu’il recherche l’émotion et l’excitation que l’on éprouve à voir un film pour la première fois. Les gens se voient dans les films de Night, ils s’y retrouvent. C’est ce qui les rend si accessibles. Même si LE VILLAGE se déroule en 1897, les thèmes sont universels et intemporels. Aujourd’hui aussi nous aimons, aujourd’hui aussi nous avons peur. »

LES VILLAGEOIS

M. Night Shyamalan observe : « J’avais envie d’inclure dans cette histoire des thèmes liés à l’amour et au romantisme. J’ai lu et relu « Les Hauts de Hurlevent » ; j’adore ces moments bouleversants où les personnages tombent amoureux. Qu’ils aiment ou non la bonne personne, que la personne aimée soit mariée ou non, il n’y a pas de compromis. Vous faites ce que vous dicte votre cœur. En fin de compte, LE VILLAGE parle de cela. Ce genre d’histoire repose avant tout sur les personnages. »

L’un des éléments clés de l’histoire est l’évolution d’une jeune fille qui devient une femme. Malgré les obstacles, Ivy, une jeune aveugle, aime Lucius Hunt, et elle repousse ses propres limites.
C’est après avoir vu Bryce Dallas Howard à New York dans une pièce de Shakespeare off-Broadway que le cinéaste l’a rencontré. Lors d’un déjeuner, il lui a donné le scénario et lui a dit qu’il était convaincu qu’elle avait « l’enthousiasme contagieux et l’énergie innocente d’Ivy ».
Shyamalan note : « C’est la première fois que le public va découvrir Bryce. Elle est Ivy. Après l’avoir trouvée, tout s’est mis en place. Le reste du casting est devenu évident. »
Bryce Dallas Howard explique : « Je suis heureuse que Night ait eu suffisamment de confiance et de foi pour choisir une actrice inconnue comme moi et lui confier un rôle dans cette magnifique histoire d’amour. C’est un lien incroyablement puissant qui se noue entre Ivy et Lucius, un amour comme nous rêvons tous d’en connaître un jour. »
La jeune actrice ajoute : « Night fait preuve d’une vraie générosité dans son travail. Il laisse ses acteurs évoluer librement dans le cadre qu’il a créé. Je crois qu’il fait ce même cadeau au public : il lui donne la chance d’interpréter son histoire de manière personnelle et intelligente. Pour lui, il est évident que le public a une imagination vivace et qu’il meurt d’envie qu’on lui offre une histoire complexe en forme de défi, pour son plus grand plaisir.
« Cette histoire a des allures de conte de fées, mais c’est aussi une intrigue qui vous prend par surprise. Parmi plusieurs personnages, Ivy émerge comme étant l’un des principaux. LE VILLAGE raconte son parcours pour devenir une adulte tout en conservant sa pureté et son intégrité. »
M. Night Shyamalan explique : « Ivy montre l’exemple du courage. Le courage, ce n’est pas de n’éprouver aucune peur, mais de surmonter sa peur pour agir. Sa ténacité est admirable. »

Joaquin Phoenix, qui incarne Lucius Hunt, retrouve Shyamalan après SIGNES. Le scénariste-réalisateur a écrit le rôle de Lucius pour lui.
Joaquin Phoenix confie : « J’adore ses scénarios. Lui et moi parlons toujours longuement de l’histoire. Il connaît si bien ses personnages qu’ils semblent faire partie de sa vie. Il vous raconte leur histoire, leurs réactions. »
De son personnage, il dit : « Lucius est un rebelle, mais il se révolte calmement, parce que c’est ainsi qu’il a été élevé. L’histoire commence au moment où Lucius va entamer son propre voyage, pour lui-même et avec Ivy. »
L’acteur poursuit : « Ce film est une expérience très différente de celle de SIGNES. Il y avait alors quatre personnages dans une maison. Ici, il y a quinze rôles principaux, puis autour, toute une communauté de 200 personnes. Mais quelle que soit la configuration, Night et moi avons développé un lien qui nous permet de nous comprendre à demi-mot.
« Night sait qu’il travaille pour divertir le public, mais il ne fait pas de compromis sur sa vision ou sur la véracité des personnages. »

Edward Walker, joué par William Hurt, et Alice Hunt, une veuve interprétée par Sigourney Weaver, éprouvent l’un pour l’autre des sentiments certains.
Sigourney Weaver explique : « Alice admire Edward pour son humour, sa douceur, sa gentillesse, et la manière dont il dirige le village. Elle sait qu’il est marié et père de famille, mais il y a entre eux une attirance réelle. Night fait passer cela à travers un regard, un geste. Le genre de chose qui vous fait rougir dans la vraie vie… Il a un vrai talent pour rendre ces moments poignants et inoubliables. »
William Hurt ajoute : « A la façon dont Edward regarde Alice, on devine les sacrifices qu'il a dû s'imposer pour maintenir la cohésion de la communauté et être un père et un chef exemplaire. Son attirance envers Alice ne peut aboutir, mais ils ont trouvé un moyen de partager un même investissement personnel dans la communauté, pour y maintenir l’harmonie. C’est en fin de compte ce dont parle le film. »

L’une des difficultés du casting a été de trouver l’acteur qui allait jouer Noah Percy, un jeune homme perturbé qui vit dans une sorte de réalité différente de celle des autres villageois.
M. Night Shyamalan se souvient : « Adrien Brody venait juste de remporter l’Oscar pour LE PIANISTE quand je l’ai appelé. Je lui ai dit que j’avais un second rôle dans lequel il serait stupéfiant. Et au moment même où je lui ai demandé, je lui ai dit de ne plus y penser ! Je ne voulais pas qu’il me dise non... En fait, mon revirement l’a intrigué, il m’a demandé de lui envoyer le scénario. Il l’a adoré. Le fait qu’il veuille jouer Noah m’a conforté dans l’idée que nous allions dans la bonne direction. »
Adrien Brody dit de son personnage : « Noah a quelque chose d’enfantin et d’inconséquent, il ne sait pas où sont les limites. Je me suis documenté sur les jeunes perturbés mentalement. Ils ont cette merveilleuse innocence, cette douceur que la plupart des gens perdent à l’adolescence. J’ai voulu incorporer cette joie et cette exubérance au personnage, en même temps que la noirceur sous-jacente née de son déséquilibre. »
L’acteur poursuit : « L’amour unilatéral qu’éprouve Noah pour Ivy le laisse impuissant et désemparé. En apparence, LE VILLAGE semble être un thriller ou une fable fantastique. Mais si on y réfléchit un peu, il y a aussi une extrême noirceur qui en fait un commentaire incisif sur notre société. Noah n’a pas le gène de la peur qu’ont les gens normaux. Il agit à l’instinct, ignorant la pression sociétale. »
Adrien Brody est un fan des films de Shyamalan et avait auditionné pour SIGNES. Il note : « Ce personnage est bien différent de ce que j’ai pu jouer jusqu’ici. Je suis vraiment tombé dedans ! J’ai encore plus apprécié mon travail que d’habitude. Et faire équipe avec Night est une vraie chance. Il a un merveilleux sens de l’humour, et j’ai pu travailler avec un réalisateur de mon âge. Nous avons beaucoup en commun. »

Puisque le village est une petite communauté qui se suffit à elle-même et vit en autarcie, il fallait que les figurants engagés représentent une généalogie plausible.
Près de 3000 personnes se sont rendues durant deux week-ends consécutifs au casting organisé dans le sud-est de la Pennsylvanie.
M. Night Shyamalan a demandé au directeur de casting des figurants, Dee Dee Rickets, qui s’était occupé de 8 MILE et de TRAINING DAY, de trouver des gens de 3 à 63 ans, pouvant avoir une ascendance européenne, hollandaise, anglaise ou allemande. Il a voulu que les candidats soient photographiés sans sourire, à la manière des photos de l’époque. Il cherchait dans les visages « quelque chose d’intrigant, une innocence dans les yeux ». Il désirait également qu’il y ait une certaine ressemblance dans les familles proches des acteurs principaux. Les chargés de casting ont même engagé des frères et sœurs pour avoir vraiment une notion de famille.
Les figurants engagés devaient en outre pouvoir accomplir certaines des tâches quotidiennes exigées par la vie d’une petite communauté au XIXe siècle.
Au final, le département casting a recruté environ 200 personnes. Parce qu’ils allaient être vus à plusieurs reprises dans le film, au cours de la vie du village, ils ont dû se rendre disponibles pendant toute la durée du tournage.

APPRENDRE LE PASSE

Afin de mieux ressentir l’époque et les conditions de vie, les acteurs principaux ont suivi lors de la préproduction un « stage de formation » intensif, une immersion historique dans le passé. Ils ont ainsi découvert les qualités nécessaires à la survie à l’époque.
M. Night Shyamalan explique : « Lors du casting, j’avais précisé aux acteurs que s’ils voulaient tourner ce film, ils devraient suivre au préalable trois semaines de préparation. Je voulais former une vraie communauté, où l’on ait besoin de compter les uns sur les autres pour survivre. »
Les acteurs ont visité des fermes historiques en Pennsylvanie et se sont investis dans toutes les activités - soigner des lapins, tanner les peaux, fabriquer des bougies, forger, couper du bois…. Sans oublier baratter le beurre et tondre les moutons. Sigourney Weaver a même pratiqué ce qu’elle appelle « le surf sur la boue » - entendez le labourage…
Pendant la durée de ce « camp », tout le monde logeait dans des cabanes de bois et des tentes.
Aucun détail n’a été omis. Même la nourriture était préparée et servie à la manière de l’époque. Chaque soir, le chef tirait au sort le nom de deux acteurs qui devaient venir aider à la préparation du repas pour tout le monde. Tous ont participé, chacun a rempli sa part de tâches ménagères et de corvées.
Pour parachever cette immersion, des conférences ont été données par des gens qui ont vécu dans un cadre communautaire, et un psychologue est venu parler du stress post-traumatique ressenti à la suite d’actes violents. Un expert des « communautés utopiques » de l’université de Princeton est également venu partager ses connaissances avec le groupe.
Sam Mercer raconte : « Au cours de cette période de préparation, les acteurs sont entrés « biologiquement » dans la peau de leur personnage. Ils ont endossé leur personnalité. Joaquin est devenu un peu solitaire, un peu en marge du groupe, comme Lucius. Adrien est devenu plus excentrique, plus agité, comme Noah. William, qui joue le chef du village, Edward Walker, donnait des conseils et a fini par devenir une sorte de référence. Ce sentiment de cohésion s’est établi si naturellement que lorsque nous avons lancé les caméras, ils étaient effectivement liés les uns aux autres et formaient un tout. »
Le producteur associé Jose Rodriguez explique : « Ces acteurs de premier plan se sont retrouvés soudain à la merci des éléments. Pas d’hôtel cinq étoiles où se réfugier. S’ils voulaient avoir chaud, il fallait qu’ils fassent leur propre feu, et le reste à l’avenant. Night était là, avec eux, répétant et discutant de leurs personnages. »
Joaquin Phoenix raconte : « Les conditions de vie étaient sévères à la fin du XIXe siècle, mais les gens du village semblent heureux. Le camp a été pour nous l’occasion de nous libérer de nos habitudes quotidiennes. Nous nous sommes retrouvés en pleine forêt. Un véritable lien s’est créé. Nous sommes devenus une communauté, une vraie. »
William Hurt ajoute : « J’ai trouvé formidable que Night exige de ses acteurs cet investissement hors du commun. Nous autres acteurs, nous sommes à notre sommet quand nous pouvons travailler les uns avec les autres. On ne peut rien faire naître ensemble si on ne partage rien. »


VIVRE AU VILLAGE

En 1897, il fallait cinq jours pour tisser la toile de lin nécessaire à la fabrication d’une chemise. Ce sont traditionnellement les femmes et les enfants qui s’occupaient du filage de la laine, et les hommes qui s’occupaient du tissage sur métier à tisser. Les hommes travaillant sur les métiers n’effectuaient aucune autre corvée difficile afin que leurs mains restent douces. C’est à ce genre de détails que l’équipe de la chef costumière Ann Roth a dû penser pour la création des costumes du VILLAGE.
Ann Roth explique : « Je voulais que les costumes ne se remarquent pas, dans le bon sens du terme. Ils devaient sembler avoir été faits par les gens du village eux-mêmes. Ces gens n’ont pas accès aux dentelles ou aux textiles fabriqués en Europe. La création de ces costumes a été particulièrement difficile. »
Lors des premières discussions avec M. Night Shyamalan, celui-ci a précisé que les vêtements devaient avoir été fabriqués à partir de matériaux disponibles au village, comme le lin et la laine, et qu’ils pouvaient éventuellement inclure du tissu de coton que les premiers fondateurs du village auraient pu avoir apporté.
La chef costumière explique : « Les gens du village de sont pas d’habiles couturiers. Ils vivent à la campagne, ils travaillent dans des fermes et leurs vêtements devaient refléter leur style de vie fait de dur labeur. »
Les coupes ont été volontairement choisies pour être simples. Plusieurs motifs de tissus différents ont été élaborés par le département des costumes, puis appliqués sur de la toile de lin naturelle, vieillie par la suite. Ces motifs ont été réalisés par des techniques très simples, comme des tampons sculptés dans de la pomme de terre puis trempés dans de la teinture, ou des graines collées sur un rouleau trempé dans de la teinture.
Ces motifs, qui ont pour la plupart un thème lié à la nature, se retrouvent sur les costumes des acteurs principaux comme sur ceux des seconds rôles et figurants afin de renforcer le sentiment de cohésion au sein de la population du village.
Le département des costumes a travaillé avec le type de teintures naturelles réalisées à partir des éléments végétaux disponibles dans la région du village. Des bruns couleur rouille ou terre, des marrons et des beiges, des verts mousse prédominent. Ces couleurs sont pour la plupart assez ternes, à l’exception du personnage de Bryce Dallas Howard, vêtu de teintes de bleu brillantes ou d’indigo, qui soulignent sa personnalité vivace et entreprenante.
Outre leurs tenues de tous les jours, la plupart des gens de l’époque possédaient un costume du dimanche. Lorsque les robes des femmes étaient trop usées, elles les transformaient en robes-chasubles ou en tabliers. Le tissu n’était jamais perdu, il pouvait même être récupéré pour faire des rideaux, du linge de maison, ou recoupé pour faire un vêtement d’enfant.
On retrouve dans le film des vêtements d’époque. La chef costumière les a dénichés en Italie, en Angleterre, et à Los Angeles. Trouver des habits de 1897 n’a pas été simple. Il existe beaucoup de vêtements de 1860 à cause de la Guerre de Sécession, et des années 1900 parce que la révolution industrielle débutait. Le département costumes a mélangé ces éléments authentiques à des reproductions, afin de créer des tenues nouvelles mais qui paraissent d’époque. Quatre couturières fabriquaient les costumes tandis que trois autres personnes s’occupaient de les vieillir afin de donner l’illusion qu’ils ont été longtemps portés.

Un grand nombre des accessoires ont été fabriqués dans leur intégralité par le département costumes. Toutes les chaussures ont été faites à la main en Italie. 200 jupons ont été fabriqués avec une fine toile de coton. Les chapeaux ont eux aussi été réalisés à la main.
Les 200 figurants devant être vus tout au long du film, Ann Roth a pris la décision de les vêtir tous comme s’ils jouaient des rôles principaux. Ainsi, contrairement à ce qui se pratique d'habitude, tous les figurants ont reçu différentes tenues et ont connu plusieurs changements de costume.