Une oeuvre d'espionnage
culte
OSS 117, Le Caire nid d'espions est adapté des romans d'espionnage
OSS 117 écrits par Jean Bruce, parus entre 1949 et 1963.
Le 8e OSS sur grand écran... mais très
différent !
OSS 117, Le Caire nid d'espions marque la huitième apparition de
l'agent OSS 117 sur grand écran, après OSS 117 n'est pas
mort (1956), OSS 117 se déchaîne (1963), Banco à Bangkok
pour OSS 117 (1964), Furia à Bahia pour OSS 117 (1965), Atout coeur
à Tokyo pour OSS 117 (1966), Pas de roses pour OSS 117 (1968) et
OSS 117 prend des vacances (1970). Différence notable, les sept
premiers films adoptaient un ton tout à fait classique de film
d'espionnage, alors que le film emmené par Jean Dujardin est ouvertement
parodique.
Décaler une série B très 50's
L'idée d'OSS 117, Le Caire nid d'espions est venue du producteur
Nicolas Altmeyer, producteur du film avec son frère Altmayer. Il
se souvient : Tout a commencé par la découverte de quelques
vieux romans "OSS 117" dans la bibliothèque de nos parents.
Les couvertures aux dessins stylisés très colorés,
ces scènes d'action un peu désuètes et ce look années
cinquante, ont réveillé une foule de souvenirs en moi. A
ces images s'ajoutaient les films de l'époque. Nous avons eu l'idée
de transposer cet univers dans le cinéma d'aujourd'hui. Ces séries
B ont plus de quarante ans et même si elles sont démodées,
elle ont aussi un charme et un humour qu'elles n'avaient pas à
l'époque. Il nous a semblé qu'il suffirait de les décaler
légèrement, de pousser vers la comédie pour obtenir
quelque chose d'intéressant. A cette envie s'ajoutait la nostalgie
du Technicolor, des premiers James Bond, et des films d' Hitchcock."
Détourner les codes des romans d'origine
Pour le scénariste Jean-François Halin, les romans OSS 117
de Jean Bruce "contiennent tout ce qui fut la France des années
cinquante, la quatrième République, la fin de l'empire colonial,
un rapport à la femme assez macho, assez misogyne mais aussi une
certaine condescendance vis-à-vis des peuples colonisés.
Ces éléments ne sont certainement pas le reflet de la personnalité
de Jean Bruce, mais l'expression d'une époque. Je pense que Jean
Bruce aurait le recul nécessaire pour rire de ce film. Il n'était
pas pensable de redonner vie à son oeuvre en respectant son premier
degré original, notre monde a trop changé ! Alors j'ai tout
repris et tout accentué pour montrer aussi que beaucoup de ce qui
fait notre société aujourd'hui est issu de ce temps-là."
OSS Dujardin
L'arrivée de Jean Dujardin dans le smoking de l'agent OSS 117 s'est
faite très naturellement. "Au moment de l'écriture,
je ne savais pas qui incarnerait OSS", explique le scénariste
Jean-François Halin. "Nous souhaitions juste qu'il soit drôle
et beau, avec un physique à la Sean Connery ! J'avais vu Jean dans
"Un gars, une fille" et au cinéma dans Toutes les filles
sont folles dans lequel il est très bon. D'un seul coup, je me
suis mis à écrire pour lui." Le réalisateur
Michel Hazanavicius est quant à lui très enthousiaste au
sujet de leur collaboration : "Lui et moi avons tout de suite senti
que nous allions nous régaler ! J'ai très vite pris conscience
de sa puissance de jeu. Pour moi, c'est une vraie rencontre. Nous avons
travaillé dans une confiance mutuelle absolue. J'adorais le voir
aller regarder au combo entre les prises, voir son oeil pétiller.
(...) C'est un acteur fabuleux, précis, charismatique. Il habille
le plan, sa présence structure l'image et il travaille tous les
aspects de son jeu. (...) De plus, il est l'un des seuls en France sur
le créneau un peu déserté du beau mec viril. Il est
un des rares à pouvoir incarner les héros."
Dujardin parle de son rôle
Pour Jean Dujardin, incarner l'agent OSS 117 a été une aventure
unique. Il raconte : Il y a deux rôles que tout acteur rêve
de jouer : un cow-boy et un agent secret ! On m'a proposé OSS 117
bien avant le tournage de Brice de Nice. Le culte du héros est
si peu répandu en France qu'en rencontrer un est une vraie chance
! Il y avait en plus une réelle finesse d'écriture et l'envie
de détourner sans parodier. En tant que comédien, c'était
l'occasion de créer un personnage de composition comme je les adore.
Dix mois en costard, les cheveux noir corbeau, à travailler sa
façon de parler pour retrouver la musique un peu chantante des
doublages français de l'époque, la gestuelle, le look, la
façon de marcher, c'est un régal !"
Un agent très spécial
Le scénariste Jean-François Halin et le réalisateur
Michel Hazanavicius décrivent leur agent OSS 117. Pour le premier,
"le personnage est traité au premier degré. Il est
doué pour beaucoup de choses mais il n'a aucune intuition. Même
s'il est franchement misogyne, heureusement pour lui, les femmes sont
là pour l'aider à penser ! Lui reste convaincu qu'il est
seul maître à bord et qu'elles rêvent toutes de coucher
avec lui..." Quant au second, il avance que leur OSS 117 "est
ancré dans son époque, il est misogyne, colonialiste, homophobe...
C'est une sorte de synthèse ! Tout ce qui n'est pas français,
blanc, masculin et de son âge, lui est inférieur ! Evidemment,
tout le discours du film, si tant est qu'il y en ait un, c'est d'en rire
!" Et Halin de conclure : "OSS 117 est tout sauf méchant.
Sa bonne foi totale lui donne un côté enfantin. Cela le dédouane,
mais Larmina et Slimane ont un rôle absolument essentiel dans la
compréhension du personnage. Ils sont garants du positionnement
du film. Ils permettent de voir que le film se moque du personnage et
ne doit surtout pas être pris au premier degré."
Un OSS 117 pour tous
Pour le scénariste Jean-François Halin, OSS 117, Le Caire
nid d'espions possède plusieurs niveaux de lecture : On peut voir
le film comme un film d'espionnage, un film d'époque, une comédie
d'action, une comédie de dialogues, le tout avec un regard décalé
et un peu ironique sur ce temps-là. Sans aucune prétention,
je trouvais également intéressant d'aborder certaines questions
très actuelles sous un angle léger. L'idée n'était
pas de rire de quelqu'un, mais avec tout le monde. Notre volonté
à tous était de faire un film frais, du vrai cinoche qui
vous amuse et vous emmène dans une Egypte digne de Tintin ou de
Blake et Mortimer."
Un petit air de Canal +
OSS 117, Le Caire nid d'espions possède un petit goût de
chaîne cryptée. Le réalisateur et dialoguiste Michel
Hazanavicius a fait ses armes sur Canal +, travaillant avec les Nuls et
réalisant notamment les films de détournement Le Grand détournement
ou la classe américaine et Derrick contre Superman. Quant au scénariste
Jean-François Halin, il est l'une des plumes les plus célèbres
de la chaîne cryptée, avec à son actif l'émission
Nulle Part Ailleurs, 7 jours au Groland et surtout Les Guignols de l'info,
durant la période du célèbre trio Halin- Gaccio-
Delépine (1990-1996).
Des références pour un nouveau OSS
Le producteur Nicolas Altmayer a promis à Martin Bruce, la fille
du créateur des romans OSS 117, qu'OSS 117, Le Caire nid d'espions
serait plus proche du Magnifique de Philippe de Broca que d'Austin Powers.
Pour Altmayer, "l'idée était de mélanger l'atmosphère
des classiques de l'époque avec l'humour du magazine Pilote, celui
de Marcel Gotlib, Goscinny..."
Tournage marocain
Le tournage d'OSS 117, Le Caire nid d'espions s'est déroulé
sur une durée de 54 jours, dont quatre semaines au Maroc pour les
extérieurs en décors naturels. Le reste a été
reconstitué en majorité en studio.
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