Mafia Blues 2 - La rechute
Réalisateur : Harold Ramis

Genre : Comédie

Date : 22 Janvier 2003

Durée : 1 h 35

Origine : Américain

Distribution : Warner Bros

Titre original : Analyze That

 

 

Voir la fiche de : Mafia Blues

Résumé

Acteurs :

Robert De Niro : Paul Vitti
Billy Crystal : Ben Sobel
Lisa Kudrow : Laura
Joe Viterelli : Jelly
Cathy Moriarty : Patty LoPresti

Directeur Photo : Ellen Kuras

Musique : David Holmes

Chef décorateur : Wynn Thomas

Décorateur : Beth A. Rubino

Costumes : Aude Bronson-Howard

Montage : Andrew Mondshein

Scénario :

Peter Tolan
Harold Ramis
Peter Steinfeld

Producteur :

Paula Weinstein
Jane Rosenthal

Production :

Face Productions

NPV Entertainment
Tribeca Productions
Village Roadshow Productions

Producteur exécutif :
Len Amato
Bruce Berman
Chris Brigham
Billy Crystal
Barry Levinson

Producteur Associé : Laurel A. Ward

Coproducteur : Suzanne Herrington

Lieux de tournage :

Brooklyn, New York City, New York, USA.
Kearny, New Jersey, USA.
Los Angeles, Californie, USA.
New Jersey, USA.
New York City, New York, USA.

Budget :

Site officiel : http://www.warnerbros.fr/movies/mafiablues/

Récompenses :

 Résumé :

Après deux années à Sing Sing, Paul Vitti voit approcher l'heure de sa libération lorsqu'il est la cible de deux tentatives de meurtre commanditées par une bande rivale… ou agencées par son ancienne "Famille". Traumatisé par ces mystérieux attentats, le mafioso sombre dans un état dépressif dont il ne sort plus que pour bramer à pleins poumons des airs de "West Side Story".

Le FBI donne sa langue au chat : Vitti est-il en train de devenir schizophrène ou feint-il magistralement la folie pour accélérer sa remise en liberté? L'ancien psychothérapeute du gangster, Ben Sobel, est appelé d'urgence pour une évaluation. Ayant conclu à la réalité des symptômes, il se voit confier, à son corps défendant, la garde de Vitti et sa "remise en état" avant son passage devant la commission probatoire. Durant ces trente jours, Ben sera responsable des moindres faits et gestes de son patient, dont il devra répondre devant la justice.

Le choc est d'autant plus rude que Ben Sobel traverse, depuis la mort de son père, une grave crise d'identité. Comment faire son deuil lorsqu'on a pour hôte un personnage un aussi colérique, encombrant, imprévisible et indifférent aux règles élémentaires du savoir-vivre que Paul Vitti?

Ben ne tarde pas à découvrir que Vitti l'a manipulé pour sortir de sa prison. Sa conscience professionnelle l'oblige cependant à finir la cure entreprise deux ans plus tôt afin de ramener le mafioso dans le droit chemin. En dépit des protestations inquiètes de sa femme, Laura, des pressions du FBI et des visites intempestives du patibulaire garde du corps Jelly, Ben commence donc un traitement en règle.

Pour favoriser la réinsertion de Vitti - et l'éloigner de son domicile -, il lui cherche d'abord un travail honnête… son premier selon toute vraisemblance. Mais aucun emploi ne convient à l'irascible mafioso, parfaitement inapte à jouer les vendeurs ou les larbins. Les ennuis s'accumulent jusqu'au jour où Ben obtient à son patient un poste de conseiller technique d'une série TV sur la mafia. L'occasion rêvée pour Vitti de reconstituer subrepticement sa bande et de se refaire une virginité en montant le coup le plus brillant et le plus audacieux de toute sa carrière…

 Note de la production

T'es Bon, toi, t'es Vachement bon

Un mafioso en déroute

La petite bande au grand Complet

Un vrai psy au service de la comédie

Scoop : De Niro Chante !

En hommage à New York

"T'es bon, toi, t'es vachement bon…"

En 1999, la critique et le public firent un triomphe à MAFIA BLUES, la rencontre burlesque et attendrissante d'un psychiatre pusillanime et d'un mafioso névrosé.
Paula Weinstein (Productrice) :
"Ce succès nous prit au dépourvu. Le film et son tandem suscitèrent partout un énorme enthousiasme. Chacun s'attachait à ses personnages, et Harold, Billy et Bob eurent, comme nous tous, le sentiment que quelque chose de magique venait de se produire - sur le plateau et dans les salles.
Jane Rosenthal (Productrice) :
"Autre motif de satisfaction : MAFIA BLUES était le premier gros succès de nos sociétés respectives, Baltimore Spring Creek et Tribeca."
Les deux productrices n'étaient pas pressées, pour autant, d'exploiter le filon : "Nous ne voulions pas d'une suite bricolée à la hâte, ni courir le risque de nous répéter.", explique Paula Weinstein.
Les réactions chaleureuses du public international persuadèrent cependant Weinstein et Rosenthal que l'histoire de Paul Vitti et Ben Sobel appelait un prolongement. À l'évidence, chacun adorait les héros de MAFIA BLUES, liés par un inextricable mélange de méfiance et d'affection bourrue - chacun, à commencer par leurs interprètes.…
Billy Crystal :
"Des inconnus m'arrêtaient dans la rue pour me rejouer des passages entiers du film. Cela me réjouissait."
Jane Rosenthal :
"Je pense que les gens étaient ravis de voir Robert De Niro pasticher son image de dur, et s'amusaient des réactions de ses partenaires, notamment Billy."
Ou, pour citer Crystal : "Les gens adorent voir Bob me bousculer."
L'attente du public était manifeste…
Les productrices discutèrent d'abord de cette suite entre elles, puis le Studio évoqua cette possibilité avec les stars et le réalisateur de MAFIA BLUES, Harold Ramis. La réponse fut unanimement enthousiaste, surtout si l'équipe originale était impliquée.
Billy Crystal :
"Nous avions envie de nous retrouver autour de cette histoire, de cette relation laissée en suspens à la fin du premier film."
Jane Rosenthal :
"Le principal était de faire évoluer les personnages. Une suite n'avait de sens qu'à cette condition. Mais il fallait aussi que le public y trouve son compte."
De Niro savait, de par son expérience sur MAFIA BLUES, que cela demanderait une bonne dose de travail et d'imagination.
Robert De Niro :
"J'étais très motivé. Une fois tout le monde à bord, j'ai dit "Allons-y, nous nous occuperons des détails au fur et à mesure. Il faudra rester souple car les choses ne cesseront d'évoluer, y compris pendant le tournage."
Dans MAFIA BLUES, nous découvrions certaines des angoisses de Paul Vitti, sans sonder pour autant les "profondeurs de son âme". Dans MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE, nous retrouvons le mafioso en proie à un stress aigu et voyons émerger certains des plus noirs secrets qu'il avait enterrés… dans son subconscient.
Le souci premier d'Harold Ramis fut de raconter cette histoire du mieux possible, car "il n'y a rien de vain qu'une suite qui se borne à exploiter une franchise. Il nous fallait un argument de base et une ligne narrative aussi solides que le premier film."
Le déclic se fit à la lecture d'un article du New York Times consacré à l'image de la psychothérapie dans "Les Soprano". Les psychiatres contactés par le Times s'interrogeaient sur les objectifs de leur "collègue" de la série. Espérait-elle faire du mafioso Tony Soprano un autre homme? Mais que deviendrait alors son patient? Plus généralement : le comportement d'un homme peut-il changer sans que sa personnalité et son vécu n'en soient profondément affectés ?
Harold Ramis :
"Cet article dépassait largement le cadre des "Soprano". Il posait certaines questions sur la société, la morale, la nature humaine. Les gens sont-ils en mesure d'évoluer? Une personnalité asociale de se contrôler? Un criminel de s'amender? Autant d'interrogations auquel un psychiatre ne peut échapper.
"Partant de là, je me suis dite : supposons qu'à sa sortie de prison, notre mafioso Paul Vitti s'engage à respecter un code de bonne conduite. Quel genre d'homme deviendrait-il? Que serait son style de vie?"
Paula Weinstein :
"Harold a insisté - avec notre plein accord - pour que la transformation de Vitti soit psychologiquement vraisemblable, et pour que la crise parallèle de Ben Sobel procède d'une situation tout aussi crédible. De sorte que nos deux héros soient amenés à s'entraider pour mieux régler les problèmes soulevés dans le premier film."
Ramis et ses productrices voulaient aussi confronter Paul Vitti à de nouveaux challenges.
Harold Ramis :
"Je voulais aller au-delà des crises d'angoisse qui l'amenaient à consulter Ben Sobel dans le premier film. L'étape suivante consistait à faire sombrer Paul dans une vraie psychose, qui justifierait sa sortie de prison et son transfert chez Ben. On imagine facilement les ennuis qui en résultent pour la malheureux psy et sa femme."
Car Sobel subit au même moment une terrible épreuve. Après s'être effondré à l'enterrement de son père, il traverse une profonde crise d'identité, aussi débilitante que celle de Vitti. Il se demande même s'il a eu raison de devenir psychiatre pour faire plaisir à ce père dont la présence lui manque si cruellement.
"Paul et Ben sont tous deux dans un état d'extrême confusion", résume Billy Crystal.
Cela vous paraît trop sérieux?
Harold Ramis a la réponse :
"Songez à toutes ces comédies qui échouent faute de prémices sérieuses. Traiter de l'humain n'interdit pas d'aller très loin dans la bouffonnerie. Tout personnage - comique ou dramatique - est confronté aux mêmes questions fondamentales, qu'il s'efforce de résoudre par le biais de l'action ou de la réflexion."
Ayant défini la substance du film, Ramis n'avait plus besoin que d'un gag parfait pour mettre en route le projet MAFIA BLUES 2 :
"À l'époque de MAFIA BLUES, c'est la scène du flingage de l'oreiller qui m'avait convaincu de tourner le film. Pour MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE, c'est celle où Vitti cherche à vendre une voiture équipée d'un grand coffre : "Visez-moi ça! On pourrait y fourrer trois corps!" C'est une des premières blagues que j'ai écrites sur le film, et qui a survécu dans toutes les moutures du script. Il me suffit parfois d'une simple réplique, d'une situation bouffonne pour que la sauce prenne."


Un mafioso en déroute

"Il y a deux ans, Ben Sobel plongeait brutalement dans le monde exotique et décalé du crime organisé", poursuit Ramis. "Il m'a semblé intéressant de jouer sur l'effet inverse, en montrant la déroute de Paul Vitti face à la société des honnêtes gens. L'argument se prêtait à toutes sortes de développements comiques, du fait que notre mafioso repenti (?), conditionné par son passé, réagit en criminel face à chaque situation."
Ramis et ses scénaristes Peter Steinfeld et Peter Tolan développèrent l'intrigue autour de ce thème, que Crystal résume en une formule percutante : "Supposons que vous soyez mafioso et qu'on vous empêche un jour d'exercer cette profession?"
Jane Rosenthal :
"On frétillait à l'idée d'introduire Vitti dans l'environnement policé et respectable de Ben Sobel. Ce gars, qui régnait sur sa maisonnée, qui ne connaissait aucun interdit, se voit soudain exposé aux rites et restrictions ordinaires d'un milieu bourgeois."
"Tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, Paul Vitti accumule les gaffes", explique Lisa Kudrow, interprète du rôle de Laura Sobel. "C'est le pire invité qu'on puisse imaginer;"
À peine installé, Vitti se voit traité comme par ses hôtes comme un ado remuant et mal élevé : "Interdiction d'amener des filles dans ta chambre, interdiction de fumer le cigare, interdiction de circuler à poil dans la maison. Couvre-feu à 22 heures!"
Pour comble de malheur, Vitti est mis dans l'obligation de chercher un boulot honnête - lui qui serait en peine de se faire un sandwich et qui a toujours été entouré de gens dévoués, prompts à satisfaire ses moindres désirs. Qu'attend-on de lui? Qu'il devienne serveur?
Exactement!
Paula Weinstein :
"Voilà donc le légendaire Paul Vitti contraint d'obéir à un patron, de payer ses impôts, bref de vivre à notre régime. N'hésitant pas à souligner le trait, nous l'avons placé à un poste subalterne qui l'oblige à se montrer courtois avec la clientèle et à veiller sur des articles de valeur qu'il brûle de s'approprier. Humiliations et tentations, voilà tout ce que lui offre le marché du travail."
Sobel place Vitti auprès d'une succession de clients et relations de moralité douteuse, mais son protégé se grille à chaque fois, jusqu'à ce que le psy lui obtienne LE job pour lequel il est le plus qualifié : conseiller technique d'une série télé sur la mafia : "Le Petit César".
Avec son dialogue bétonné et son déluge de clichés, "Le Petit César" est une aubaine pour Vitti. Le travail ne demande guère d'effort, lui donne un bon prétexte pour sortir de la maison des Sobel et signe sa réintégration sociale aux yeux de la commission d'application des peines. Il lui permet, surtout, de… renouer avec ses pratiques habituelles.
Un par un, ses associés viennent en effet lui rendre visite sur le plateau, se font embaucher comme acteurs et peuvent ainsi discuter tranquillement business avec lui. Ce défilé d'affranchis patibulaires n'échappe pas à Sobel, ni au FBI, qui talonne Vitti depuis sa sortie de Sing Sing. Mais à quoi rime-t-il? Bien malin qui le dirait…

La petite bande au grand complet

Parallèlement à l'écriture, Ramis et ses productrices commencèrent à rassembler les principaux interprètes, et en premier lieu, Robert De Niro et Billy Crystal, qui attendaient impatiemment ces retrouvailles et guettaient l'occasion d'explorer plus avant le potentiel comique de leurs personnages.
Billy Crystal :
"J'adore jouer avec Bob. Nous ne nous lassons jamais de ce travail car nous aimons découvrir ce qui a changé en nous et en nos personnages, et le mettre à profit. J'ai aussi un immense plaisir à voir Bob s'amuser."
Robert De Niro était tout aussi enthousiaste à l'idée de retrouver Crystal, avec lequel il entretient les meilleures relations, à la ville comme à l'écran.
Robert De Niro :
"Billy et moi avons un excellent rapport. Nous jouons en parfaite harmonie et fonctionnons chacun à un rythme typiquement new-yorkais, qui facilite le travail. En outre, Billy est très, très drôle, et pas seulement devant la caméra. C'est une qualité appréciable, surtout durant les longs tournages de nuit."
Appelé à Sing Sing pour diagnostiquer les symptômes dépressifs de Vitti, Sobel soumet celui-ci à un examen, en présence du personnel médical et psychiatrique de l'établissement. L'examen vire à un numéro burlesque anthologique, où les deux acteurs, au sommet de leur forme, eurent le plus grand mal à garder leur sérieux.
Robert De Niro :
"J'ai réussi à tenir bon, mais, certains moments furent particulièrement éprouvants, lorsque Billy m'invectivait, faisant tout son possible pour me sortir de ma "dépression". Les chutes de cette scène devraient faire un bêtisier de grande qualité…"
Harold Ramis :
"C'est un bonheur d'observer les échanges de ces deux grandes stars.
"Billy connaît son texte au rasoir et aime travailler dans un cadre bien défini. Il n'en est pas moins merveilleusement inventif et capable d'improviser à partir de n'importe quelle suggestion. Il comprend la valeur d'un gag bien écrit et fera toujours le nécessaire pour le mettre en valeur.
"Bob est plus attaché à la vérité des situations, il a besoin d'un contexte rigoureusement authentique pour déployer ses dons comiques.
"Les gens étaient curieux de savoir comment j'allais concilier des styles aussi divergents. L'astuce est, précisément, de ne PAS les concilier, car c'est cette différence qui donne à leurs scènes saveur et vitalité. On n'attend pas de Robert De Niro qu'il se transforme en comique de cabaret et enchaîne les bons mots. Les quelques blagues qu'il sort dans le film sont soigneusement calibrées de manière à ne pas détoner."
Robert De Niro :
"Je me sentais certaines obligations à l'égard de Paul, que je n'ai pas manqué de faire connaître. Il me paraît en effet essentiel de respecter la vérité du personnage, de son langage et de ses actes, et de faire en sorte que tout cela paraisse crédible au spectateur. Même dans une comédie."
Impressionné par les dons comiques de Billy Crystal, Ramis rend aussi hommage à sa générosité :
"Réfrénant ses tendances naturelles, Billy accepta de jouer "straight" de nombreuses scènes qu'il aurait pu pimenter d'un bon gag. Cela demande une réelle abnégation chez un grand comique."
Sur le plateau, Billy Crystal se comporta fréquemment en "psy", dispensant soutien et conseils amicaux à l'équipe - exactement comme Ben l'aurait fait pour sa femme, son fils ou Vitti.
Harold Ramis :
"Mais voulions quand même lui permettre de s'éclater. L'occasion se présenta finalement avec la scène du restaurant japonais où Ben, sonné par un mélange explosif d'alcool et de tranquillisants, se met à baver et bégayer. Billy s'en est donné à cœur joie, pour le plus grand bonheur de ses partenaires."
Billy Crystal :
"Ben est sous pression, se demandant constamment quelle nouvelle catastrophe le guette. Psychiatre, il aide efficacement ses patients à reprendre le contrôle de leur vie, mais en est incapable pour ce qui le concerne. Il franchit la "ligne jaune" en acceptant d'héberger Vitti, car cette relation chamboulera sa vie de fond en comble.
"Le film m'a donné l'occasion d'essayer différentes choses. Le personnage fait davantage l'idiot, se lâche plus que dans le premier film. Ce qui m'enchante."
Harold Ramis :
"À travers la relation de Sobel et Vitti se joue le vieux conflit entre raison et émotion. J'y retrouve certaines de mes propres contradictions - mon surmoi aimerait certainement être aussi impulsif et théâtral que Paul Vitti. C'est exaltant de laisser libre cours à ses pulsions, de ne jamais se censurer, mais cela peut vous coûter très cher."
Primée à l'Emmy pour le rôle de Phoebe dans la série "Friends", Lisa Kudrow retrouve ici le personnage de Laura.
Harold Ramis :
"Mariée depuis deux ans à Ben Sobel, Laura dévoile a retardement un naturel anxieux qui demande à être surveillé de près."
Lisa Kudrow :
"Ben traverse après la mort de son père une phrase difficile. À cette tension s'ajoute celle qu'amène le naturel hyper-ordonné, voire maniaque de Laura. Une chose est sûre pour elle : Vitti n'est pas à sa place dans leur maison! Ce n'est pas que Laura ait peur de lui. Non, elle n'a aucune sympathie à son égard, elle ne voit en lui qu'une menace et veut éviter qu'il ne mette en danger sa famille. Nonobstant ces ennuis passagers, c'est un couple heureux que celui des Sobel."
Harold Ramis :
"Lisa est une actrice étonnante qui s'affirme avec force dans le film. Elle a parfaitement cerné son personnage et su en faire ressortir l'excentricité sans tomber dans les clichés de la blonde évaporée. À travers son jeu, on perçoit l'intelligence de Laura, qui est simplement une femme stressée, et peut-être légèrement névrotique."
L'inimitable Joe Viterelli se fit un plaisir d'endosser à nouveau le rôle de Jelly, le fidèle et omniprésent garde du corps de Paul. Régulièrement sollicité pour des rôles de durs à cuire (comiques ou dramatiques), Viterelli explique, impavide :" J'ignore ce qu'on entend par "dur". Pour moi, un film avec moins de dix cadavres est une comédie romantique."
À ces visages familiers, s'ajoute un nouveau personnage : l'énergique chef de clan Patty LoPresto.
Ramis pensa tout de suite à Cathy Moriarty-Gentile pour le rôle de cette veuve de mafioso qui prend la tête du clan durant le séjour de Vitti à Sing Sing.
Cathy Moriarty-Gentile :
"Patty est une nature! On ne saura jamais si elle a ou non causé la mort de son mari. Toujours est-il que ce veuvage l'oblige à prendre en main les affaires de la Famille, tâche dont elle s'acquitte avec autant de charme que d'autorité."
Harold Ramis :
"Je n'avais pas pensé à faire du nouveau chef du clan Vitti une femme avant que quelqu'un ne le suggère au cours d'une séance de travail. Nous nous sommes alors souvenus que certaines familles mafieuses de Sicile sont maintenant dirigées par des femmes, suite à l'incarcération de nombreux pontes du crime organisé. Ce choix n'était donc pas gratuit, surtout avec une femme aussi charismatique que Patty."
Cathy Moriarty, qui n'avait que dix-huit ans lorsqu'elle tourna RAGING BULL aux côtés de Robert De Niro, eut un vif plaisir à le retrouver :
"RAGING BULL avait été pour moi une expérience professionnelle très enrichissante. Bob est tellement discipliné, tellement concentré, dans le drame comme dans la comédie! Billy, avec qui j'avais tourné FORGET PARIS, me fait hurler de rire. Harry et ces deux hommes forment une merveilleuse équipe qui a fait du tournage de MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE une partie de plaisir."
Stars et producteurs furent régulièrement consultés durant l'écriture du film, qui prit rapidement un caractère collectif. Ainsi que l'explique Billy Crystal :
"Durant nos séances de travail, les scénaristes lançaient des idées, mais nous rédigions aussi une partie du matériau. L'élaboration d'une comédie est un processus délicat. Harold, qui a une grande ouverture d'esprit, vous fait toujours participer à cette gestation, puis tranche tel Salomon, en disant : "Formidable, j'utiliserai ceci dans telle scène, et cela dans telle autre. De sorte que tout le monde est satisfait… sauf lorsqu'il laisse simplement tomber : "Non, ça ne marchera pas."
Ramis imprima une fois un rythme effréné à la comédie : "Le film fonce à toute allure", confirme Lisa Kudrow, "et je m'attends à ce que beaucoup de spectateurs, après s'être esclaffés, se tournent vers leur voisin en demandant : "qu'est-ce qu'il vient de dire?"

Un vrai psy au service de la comédie

Le Docteur Stephen A. Sands, psychiatre et membre permanent de la commission médicale et psychiatrique de l'Université Columbia, fut engagé comme conseiller technique et psychologique. "Dr. Steve", ainsi que le baptisa Crystal, "devint l'homme à interroger en toutes circonstances car une grande partie des répliques fut improvisée."
Durant sa formation, le Dr. Sands eut l'occasion d'évaluer de nombreux patients, dont le célèbre Vincent Gigante, alias "Le Menton", chef présumé de la Famille Genovese. Celui-ci hantait régulièrement les rues de Greenwich Village, habillé d'un simple pyjama et marmonnant des propos incohérents. Ces désordres psychiques (que beaucoup jugent feints) lui valurent un report de sept ans de son procès pour meurtres et chantages - le temps pour les experts de diagnostiquer son état de santé.
Le Dr. Sands fut présente durant le tournage de chaque scène à contenu psychiatrique, notamment les entretiens dans le cabinet Sobel, la séquence introductive où Vitti joue la dépression et l'épisode du braquage où Vitti et Sobel présentent chacun de graves signes d'anxiété.
Docteur Sands :
"J'ai travaillé avec Billy Crystal afin qu'il puisse se comporter en vrai thérapeute durant les entretiens psychiatriques. Je l'ai conseillé sur le plan du contenu, du timing de certaines interprétations, ainsi que sur les conduites à adopter face à un patient. Je me suis également rendu sur Riker's Island (décor doublant Sing Sing) pour aider Robert De Niro à "bidonner" des troubles psychiques profonds et à passer les tests en conséquence."
Durant la préproduction, le Dr. Sands organisa des visites au département de psychiatrie de l'Hôpital Bellevue, qui permirent à De Niro de rencontrer et dialoguer avec patients et psychiatres à propos des symptômes de son personnage. Les acteurs participèrent aussi à plusieurs séances de thérapie collective.
Plus tard, le Dr. Sands s'émerveilla du réalisme de l'interprétation de De Niro : "Il aurait pu tromper n'importe quel médecin ou psychiatre et leur faire croire qu'il traversait un grave épisode dépressif!"

Scoop : De Niro chante!

Les premières scènes, situées à Sing Sing et décisives pour la suite de l'histoire, offrent un nouveau challenge à Robert De Niro : chanter et danser…
Michael Dansicker, qui travailla récemment sur MON BEAU-PÈRE ET MOI, aida l'acteur à préparer les scènes où il interprète divers extraits de "West Side Story". Spécialiste de ce show, il avait collaboré avec son metteur en scène et chorégraphe original Jerome Robbins sur le spectacle anthologique "Jerome Robbins' Broadway".
Michael Dansicker :
"Bob De Niro a une belle voix de baryton, un excellent sens du rythme et du placement. Il assimila très vite le matériau, notre seul souci étant qu'il le chante mieux que Vitti n'était censé le faire!"
Robert De Niro :
"J'étais ravi de reprendre ces standards dans un contexte aussi inattendu. chacun s'enthousiasma pour la proposition et nous nous mîmes tous à fredonner des passages de "West Side Story" et à jouer avec cette idée. J'ai fini par interpréter un large choix d'airs, qu'il fallut ensuite ramener à des proportions raisonnables pour ne pas alourdir la séquence."
Billy Crystal :
"Je suis sûr que cela restera dans l'histoire du cinéma, au même titre que l'immortel slogan "Garbo Talks" d'ANNA CHRISTIE ou "Garbo Laughs" de NINOTCHKA. Pour celui-ci, on dira désormais "De Niro sings!"

En hommage à New York

Paula Weinstein :
"À un moment, le studio, soucieux comme tout studio de réduire les frais, suggéra de tourner MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE hors de New York. Nous avons fermement rejeté cette demande. Nous voulions tourner à New York : c'est une ville merveilleuse, unique au monde, un décor de cinéma idéal."
Jane Rosenthal :
"J'aurais ressenti comme une vraie trahison d'aller tourner ailleurs. En tant que New-yorkaise, j'estimais très important que le travail et les affaires reprennent un cours normal après le drame du 11 septembre."
De Niro rejoint sa partenaire, jugeant lui aussi qu'il aurait été "antipatriotique" de tourner, ne serait-ce que les intérieurs, loin de New York. Et d'ajouter : "MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE est une histoire new-yorkaise, un film new-yorkais. Nous avons toujours eu l'intention de le tourner sur place, et je suis heureux que nous ayons pu le faire."
Les prises de vues débutèrent en avril 2002 par la scène où Vitti - temporairement converti en vendeur de voitures - fait l'article à un couple d'acheteurs. Après cet épisode, tourné chez un concessionnaire Audi de Park Avenue, l'équipe filma diverses autres étapes du parcours chaotique de Vitti dans une bijouterie du Quartier des Diamantaires et au Gallagher's Steak House de West 52nd Street.
La sortie de prison de Vitti fut tournée devant Sing Sing, mais les intérieurs de cette légendaire prison sont ceux du centre pénitentiaire de Riker's Island, dans le Queens. Une autre scène introductive, l'enterrement du père de Ben, fut tournée à la Riverside Memorial Chapel, dans l'Upper West Side de Manhattan.
L'équipe gagna ensuite la verdoyante banlieue de Montclair (New Jersey) pour tourner les nombreux intérieurs de la résidence Sobel, puis regagna Manhattan pour la scène du repas japonais, filmée dans un ancien restaurant de West 13th Street.
Les séquences de la résidence LoPresti furent ensuite réalisées dans la banlieue de Ho Ho Kus (New Jersey), et celles de la série "Le Petit César" dans Washington Square Park.
Les autres extérieurs furent réalisés à Kearney (la poursuite automobile), entre les 11ème et 12ème Avenues (le vol des lingots), dans un entrepôt désert de West 14th Street et au club "Exit" de West 56th Street (la préparation du braquage), ainsi qu'à Harlem, dans l'usine d'armement du 369ème Régiment.
Ellen Kuras, directrice photo de I SHOT ANDY WARHOL, BLOW et SUMMER OF SAM, définit les choix esthétiques du film :
"MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE se situe dans deux mondes distincts : celui de Vitti, où prédominent les teintes froides, et celui de Ben, dont la palette est nettement plus chaude. Le premier donne la préférence au bleu et au bleu vert, le second au jaune et à l'orange. Harold et moi avons cherché à donner au film un certain relief visuel tout en restant au service de l'histoire. L'utilisation du grand angulaire dans la scène de la bijouterie renforce ainsi l'impact de l'image en soulignant l'inconfort de Vitti. Le cinéma comique possède des règles particulières, que Harold m'a aidée à découvrir. Certains gag ne fonctionnent que sous un angle minutieusement choisi, et la position de la caméra peut devenir un élément clé de l'action, comme dans la scène du cabaret avec les émissaires de Patty ou encore les tournages du "Petit César".