"T'es
bon, toi, t'es vachement bon
"
En 1999, la critique et le public firent un triomphe à MAFIA
BLUES, la rencontre burlesque et attendrissante d'un psychiatre pusillanime
et d'un mafioso névrosé.
Paula Weinstein (Productrice) :
"Ce succès nous prit au dépourvu. Le film et son
tandem suscitèrent partout un énorme enthousiasme. Chacun
s'attachait à ses personnages, et Harold, Billy et Bob eurent,
comme nous tous, le sentiment que quelque chose de magique venait de
se produire - sur le plateau et dans les salles.
Jane Rosenthal (Productrice) :
"Autre motif de satisfaction : MAFIA BLUES était le premier
gros succès de nos sociétés respectives, Baltimore
Spring Creek et Tribeca."
Les deux productrices n'étaient pas pressées, pour autant,
d'exploiter le filon : "Nous ne voulions pas d'une suite bricolée
à la hâte, ni courir le risque de nous répéter.",
explique Paula Weinstein.
Les réactions chaleureuses du public international persuadèrent
cependant Weinstein et Rosenthal que l'histoire de Paul Vitti et Ben
Sobel appelait un prolongement. À l'évidence, chacun adorait
les héros de MAFIA BLUES, liés par un inextricable mélange
de méfiance et d'affection bourrue - chacun, à commencer
par leurs interprètes.
Billy Crystal :
"Des inconnus m'arrêtaient dans la rue pour me rejouer des
passages entiers du film. Cela me réjouissait."
Jane Rosenthal :
"Je pense que les gens étaient ravis de voir Robert De Niro
pasticher son image de dur, et s'amusaient des réactions de ses
partenaires, notamment Billy."
Ou, pour citer Crystal : "Les gens adorent voir Bob me bousculer."
L'attente du public était manifeste
Les productrices discutèrent d'abord de cette suite entre elles,
puis le Studio évoqua cette possibilité avec les stars
et le réalisateur de MAFIA BLUES, Harold Ramis. La réponse
fut unanimement enthousiaste, surtout si l'équipe originale était
impliquée.
Billy Crystal :
"Nous avions envie de nous retrouver autour de cette histoire,
de cette relation laissée en suspens à la fin du premier
film."
Jane Rosenthal :
"Le principal était de faire évoluer les personnages.
Une suite n'avait de sens qu'à cette condition. Mais il fallait
aussi que le public y trouve son compte."
De Niro savait, de par son expérience sur MAFIA BLUES, que cela
demanderait une bonne dose de travail et d'imagination.
Robert De Niro :
"J'étais très motivé. Une fois tout le monde
à bord, j'ai dit "Allons-y, nous nous occuperons des détails
au fur et à mesure. Il faudra rester souple car les choses ne
cesseront d'évoluer, y compris pendant le tournage."
Dans MAFIA BLUES, nous découvrions certaines des angoisses de
Paul Vitti, sans sonder pour autant les "profondeurs de son âme".
Dans MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE, nous retrouvons le mafioso en proie
à un stress aigu et voyons émerger certains des plus noirs
secrets qu'il avait enterrés
dans son subconscient.
Le souci premier d'Harold Ramis fut de raconter cette histoire du mieux
possible, car "il n'y a rien de vain qu'une suite qui se borne
à exploiter une franchise. Il nous fallait un argument de base
et une ligne narrative aussi solides que le premier film."
Le déclic se fit à la lecture d'un article du New York
Times consacré à l'image de la psychothérapie dans
"Les Soprano". Les psychiatres contactés par le Times
s'interrogeaient sur les objectifs de leur "collègue"
de la série. Espérait-elle faire du mafioso Tony Soprano
un autre homme? Mais que deviendrait alors son patient? Plus généralement
: le comportement d'un homme peut-il changer sans que sa personnalité
et son vécu n'en soient profondément affectés ?
Harold Ramis :
"Cet article dépassait largement le cadre des "Soprano".
Il posait certaines questions sur la société, la morale,
la nature humaine. Les gens sont-ils en mesure d'évoluer? Une
personnalité asociale de se contrôler? Un criminel de s'amender?
Autant d'interrogations auquel un psychiatre ne peut échapper.
"Partant de là, je me suis dite : supposons qu'à
sa sortie de prison, notre mafioso Paul Vitti s'engage à respecter
un code de bonne conduite. Quel genre d'homme deviendrait-il? Que serait
son style de vie?"
Paula Weinstein :
"Harold a insisté - avec notre plein accord - pour que la
transformation de Vitti soit psychologiquement vraisemblable, et pour
que la crise parallèle de Ben Sobel procède d'une situation
tout aussi crédible. De sorte que nos deux héros soient
amenés à s'entraider pour mieux régler les problèmes
soulevés dans le premier film."
Ramis et ses productrices voulaient aussi confronter Paul Vitti à
de nouveaux challenges.
Harold Ramis :
"Je voulais aller au-delà des crises d'angoisse qui l'amenaient
à consulter Ben Sobel dans le premier film. L'étape suivante
consistait à faire sombrer Paul dans une vraie psychose, qui
justifierait sa sortie de prison et son transfert chez Ben. On imagine
facilement les ennuis qui en résultent pour la malheureux psy
et sa femme."
Car Sobel subit au même moment une terrible épreuve. Après
s'être effondré à l'enterrement de son père,
il traverse une profonde crise d'identité, aussi débilitante
que celle de Vitti. Il se demande même s'il a eu raison de devenir
psychiatre pour faire plaisir à ce père dont la présence
lui manque si cruellement.
"Paul et Ben sont tous deux dans un état d'extrême
confusion", résume Billy Crystal.
Cela vous paraît trop sérieux?
Harold Ramis a la réponse :
"Songez à toutes ces comédies qui échouent
faute de prémices sérieuses. Traiter de l'humain n'interdit
pas d'aller très loin dans la bouffonnerie. Tout personnage -
comique ou dramatique - est confronté aux mêmes questions
fondamentales, qu'il s'efforce de résoudre par le biais de l'action
ou de la réflexion."
Ayant défini la substance du film, Ramis n'avait plus besoin
que d'un gag parfait pour mettre en route le projet MAFIA BLUES 2 :
"À l'époque de MAFIA BLUES, c'est la scène
du flingage de l'oreiller qui m'avait convaincu de tourner le film.
Pour MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE, c'est celle où Vitti cherche
à vendre une voiture équipée d'un grand coffre
: "Visez-moi ça! On pourrait y fourrer trois corps!"
C'est une des premières blagues que j'ai écrites sur le
film, et qui a survécu dans toutes les moutures du script. Il
me suffit parfois d'une simple réplique, d'une situation bouffonne
pour que la sauce prenne."
Un mafioso en déroute
"Il y a deux ans, Ben Sobel plongeait brutalement dans le monde
exotique et décalé du crime organisé", poursuit
Ramis. "Il m'a semblé intéressant de jouer sur l'effet
inverse, en montrant la déroute de Paul Vitti face à la
société des honnêtes gens. L'argument se prêtait
à toutes sortes de développements comiques, du fait que
notre mafioso repenti (?), conditionné par son passé,
réagit en criminel face à chaque situation."
Ramis et ses scénaristes Peter Steinfeld et Peter Tolan développèrent
l'intrigue autour de ce thème, que Crystal résume en une
formule percutante : "Supposons que vous soyez mafioso et qu'on
vous empêche un jour d'exercer cette profession?"
Jane Rosenthal :
"On frétillait à l'idée d'introduire Vitti
dans l'environnement policé et respectable de Ben Sobel. Ce gars,
qui régnait sur sa maisonnée, qui ne connaissait aucun
interdit, se voit soudain exposé aux rites et restrictions ordinaires
d'un milieu bourgeois."
"Tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, Paul
Vitti accumule les gaffes", explique Lisa Kudrow, interprète
du rôle de Laura Sobel. "C'est le pire invité qu'on
puisse imaginer;"
À peine installé, Vitti se voit traité comme par
ses hôtes comme un ado remuant et mal élevé : "Interdiction
d'amener des filles dans ta chambre, interdiction de fumer le cigare,
interdiction de circuler à poil dans la maison. Couvre-feu à
22 heures!"
Pour comble de malheur, Vitti est mis dans l'obligation de chercher
un boulot honnête - lui qui serait en peine de se faire un sandwich
et qui a toujours été entouré de gens dévoués,
prompts à satisfaire ses moindres désirs. Qu'attend-on
de lui? Qu'il devienne serveur?
Exactement!
Paula Weinstein :
"Voilà donc le légendaire Paul Vitti contraint d'obéir
à un patron, de payer ses impôts, bref de vivre à
notre régime. N'hésitant pas à souligner le trait,
nous l'avons placé à un poste subalterne qui l'oblige
à se montrer courtois avec la clientèle et à veiller
sur des articles de valeur qu'il brûle de s'approprier. Humiliations
et tentations, voilà tout ce que lui offre le marché du
travail."
Sobel place Vitti auprès d'une succession de clients et relations
de moralité douteuse, mais son protégé se grille
à chaque fois, jusqu'à ce que le psy lui obtienne LE job
pour lequel il est le plus qualifié : conseiller technique d'une
série télé sur la mafia : "Le Petit César".
Avec son dialogue bétonné et son déluge de clichés,
"Le Petit César" est une aubaine pour Vitti. Le travail
ne demande guère d'effort, lui donne un bon prétexte pour
sortir de la maison des Sobel et signe sa réintégration
sociale aux yeux de la commission d'application des peines. Il lui permet,
surtout, de
renouer avec ses pratiques habituelles.
Un par un, ses associés viennent en effet lui rendre visite sur
le plateau, se font embaucher comme acteurs et peuvent ainsi discuter
tranquillement business avec lui. Ce défilé d'affranchis
patibulaires n'échappe pas à Sobel, ni au FBI, qui talonne
Vitti depuis sa sortie de Sing Sing. Mais à quoi rime-t-il? Bien
malin qui le dirait
La petite bande au grand complet
Parallèlement à l'écriture, Ramis et ses productrices
commencèrent à rassembler les principaux interprètes,
et en premier lieu, Robert De Niro et Billy Crystal, qui attendaient
impatiemment ces retrouvailles et guettaient l'occasion d'explorer plus
avant le potentiel comique de leurs personnages.
Billy Crystal :
"J'adore jouer avec Bob. Nous ne nous lassons jamais de ce travail
car nous aimons découvrir ce qui a changé en nous et en
nos personnages, et le mettre à profit. J'ai aussi un immense
plaisir à voir Bob s'amuser."
Robert De Niro était tout aussi enthousiaste à l'idée
de retrouver Crystal, avec lequel il entretient les meilleures relations,
à la ville comme à l'écran.
Robert De Niro :
"Billy et moi avons un excellent rapport. Nous jouons en parfaite
harmonie et fonctionnons chacun à un rythme typiquement new-yorkais,
qui facilite le travail. En outre, Billy est très, très
drôle, et pas seulement devant la caméra. C'est une qualité
appréciable, surtout durant les longs tournages de nuit."
Appelé à Sing Sing pour diagnostiquer les symptômes
dépressifs de Vitti, Sobel soumet celui-ci à un examen,
en présence du personnel médical et psychiatrique de l'établissement.
L'examen vire à un numéro burlesque anthologique, où
les deux acteurs, au sommet de leur forme, eurent le plus grand mal
à garder leur sérieux.
Robert De Niro :
"J'ai réussi à tenir bon, mais, certains moments
furent particulièrement éprouvants, lorsque Billy m'invectivait,
faisant tout son possible pour me sortir de ma "dépression".
Les chutes de cette scène devraient faire un bêtisier de
grande qualité
"
Harold Ramis :
"C'est un bonheur d'observer les échanges de ces deux grandes
stars.
"Billy connaît son texte au rasoir et aime travailler dans
un cadre bien défini. Il n'en est pas moins merveilleusement
inventif et capable d'improviser à partir de n'importe quelle
suggestion. Il comprend la valeur d'un gag bien écrit et fera
toujours le nécessaire pour le mettre en valeur.
"Bob est plus attaché à la vérité des
situations, il a besoin d'un contexte rigoureusement authentique pour
déployer ses dons comiques.
"Les gens étaient curieux de savoir comment j'allais concilier
des styles aussi divergents. L'astuce est, précisément,
de ne PAS les concilier, car c'est cette différence qui donne
à leurs scènes saveur et vitalité. On n'attend
pas de Robert De Niro qu'il se transforme en comique de cabaret et enchaîne
les bons mots. Les quelques blagues qu'il sort dans le film sont soigneusement
calibrées de manière à ne pas détoner."
Robert De Niro :
"Je me sentais certaines obligations à l'égard de
Paul, que je n'ai pas manqué de faire connaître. Il me
paraît en effet essentiel de respecter la vérité
du personnage, de son langage et de ses actes, et de faire en sorte
que tout cela paraisse crédible au spectateur. Même dans
une comédie."
Impressionné par les dons comiques de Billy Crystal, Ramis rend
aussi hommage à sa générosité :
"Réfrénant ses tendances naturelles, Billy accepta
de jouer "straight" de nombreuses scènes qu'il aurait
pu pimenter d'un bon gag. Cela demande une réelle abnégation
chez un grand comique."
Sur le plateau, Billy Crystal se comporta fréquemment en "psy",
dispensant soutien et conseils amicaux à l'équipe - exactement
comme Ben l'aurait fait pour sa femme, son fils ou Vitti.
Harold Ramis :
"Mais voulions quand même lui permettre de s'éclater.
L'occasion se présenta finalement avec la scène du restaurant
japonais où Ben, sonné par un mélange explosif
d'alcool et de tranquillisants, se met à baver et bégayer.
Billy s'en est donné à cur joie, pour le plus grand
bonheur de ses partenaires."
Billy Crystal :
"Ben est sous pression, se demandant constamment quelle nouvelle
catastrophe le guette. Psychiatre, il aide efficacement ses patients
à reprendre le contrôle de leur vie, mais en est incapable
pour ce qui le concerne. Il franchit la "ligne jaune" en acceptant
d'héberger Vitti, car cette relation chamboulera sa vie de fond
en comble.
"Le film m'a donné l'occasion d'essayer différentes
choses. Le personnage fait davantage l'idiot, se lâche plus que
dans le premier film. Ce qui m'enchante."
Harold Ramis :
"À travers la relation de Sobel et Vitti se joue le vieux
conflit entre raison et émotion. J'y retrouve certaines de mes
propres contradictions - mon surmoi aimerait certainement être
aussi impulsif et théâtral que Paul Vitti. C'est exaltant
de laisser libre cours à ses pulsions, de ne jamais se censurer,
mais cela peut vous coûter très cher."
Primée à l'Emmy pour le rôle de Phoebe dans la série
"Friends", Lisa Kudrow retrouve ici le personnage de Laura.
Harold Ramis :
"Mariée depuis deux ans à Ben Sobel, Laura dévoile
a retardement un naturel anxieux qui demande à être surveillé
de près."
Lisa Kudrow :
"Ben traverse après la mort de son père une phrase
difficile. À cette tension s'ajoute celle qu'amène le
naturel hyper-ordonné, voire maniaque de Laura. Une chose est
sûre pour elle : Vitti n'est pas à sa place dans leur maison!
Ce n'est pas que Laura ait peur de lui. Non, elle n'a aucune sympathie
à son égard, elle ne voit en lui qu'une menace et veut
éviter qu'il ne mette en danger sa famille. Nonobstant ces ennuis
passagers, c'est un couple heureux que celui des Sobel."
Harold Ramis :
"Lisa est une actrice étonnante qui s'affirme avec force
dans le film. Elle a parfaitement cerné son personnage et su
en faire ressortir l'excentricité sans tomber dans les clichés
de la blonde évaporée. À travers son jeu, on perçoit
l'intelligence de Laura, qui est simplement une femme stressée,
et peut-être légèrement névrotique."
L'inimitable Joe Viterelli se fit un plaisir d'endosser à nouveau
le rôle de Jelly, le fidèle et omniprésent garde
du corps de Paul. Régulièrement sollicité pour
des rôles de durs à cuire (comiques ou dramatiques), Viterelli
explique, impavide :" J'ignore ce qu'on entend par "dur".
Pour moi, un film avec moins de dix cadavres est une comédie
romantique."
À ces visages familiers, s'ajoute un nouveau personnage : l'énergique
chef de clan Patty LoPresto.
Ramis pensa tout de suite à Cathy Moriarty-Gentile pour le rôle
de cette veuve de mafioso qui prend la tête du clan durant le
séjour de Vitti à Sing Sing.
Cathy Moriarty-Gentile :
"Patty est une nature! On ne saura jamais si elle a ou non causé
la mort de son mari. Toujours est-il que ce veuvage l'oblige à
prendre en main les affaires de la Famille, tâche dont elle s'acquitte
avec autant de charme que d'autorité."
Harold Ramis :
"Je n'avais pas pensé à faire du nouveau chef du
clan Vitti une femme avant que quelqu'un ne le suggère au cours
d'une séance de travail. Nous nous sommes alors souvenus que
certaines familles mafieuses de Sicile sont maintenant dirigées
par des femmes, suite à l'incarcération de nombreux pontes
du crime organisé. Ce choix n'était donc pas gratuit,
surtout avec une femme aussi charismatique que Patty."
Cathy Moriarty, qui n'avait que dix-huit ans lorsqu'elle tourna RAGING
BULL aux côtés de Robert De Niro, eut un vif plaisir à
le retrouver :
"RAGING BULL avait été pour moi une expérience
professionnelle très enrichissante. Bob est tellement discipliné,
tellement concentré, dans le drame comme dans la comédie!
Billy, avec qui j'avais tourné FORGET PARIS, me fait hurler de
rire. Harry et ces deux hommes forment une merveilleuse équipe
qui a fait du tournage de MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE une partie de plaisir."
Stars et producteurs furent régulièrement consultés
durant l'écriture du film, qui prit rapidement un caractère
collectif. Ainsi que l'explique Billy Crystal :
"Durant nos séances de travail, les scénaristes lançaient
des idées, mais nous rédigions aussi une partie du matériau.
L'élaboration d'une comédie est un processus délicat.
Harold, qui a une grande ouverture d'esprit, vous fait toujours participer
à cette gestation, puis tranche tel Salomon, en disant : "Formidable,
j'utiliserai ceci dans telle scène, et cela dans telle autre.
De sorte que tout le monde est satisfait
sauf lorsqu'il laisse
simplement tomber : "Non, ça ne marchera pas."
Ramis imprima une fois un rythme effréné à la comédie
: "Le film fonce à toute allure", confirme Lisa Kudrow,
"et je m'attends à ce que beaucoup de spectateurs, après
s'être esclaffés, se tournent vers leur voisin en demandant
: "qu'est-ce qu'il vient de dire?"
Un vrai psy au service de la comédie
Le Docteur Stephen A. Sands, psychiatre et membre permanent de la commission
médicale et psychiatrique de l'Université Columbia, fut
engagé comme conseiller technique et psychologique. "Dr.
Steve", ainsi que le baptisa Crystal, "devint l'homme à
interroger en toutes circonstances car une grande partie des répliques
fut improvisée."
Durant sa formation, le Dr. Sands eut l'occasion d'évaluer de
nombreux patients, dont le célèbre Vincent Gigante, alias
"Le Menton", chef présumé de la Famille Genovese.
Celui-ci hantait régulièrement les rues de Greenwich Village,
habillé d'un simple pyjama et marmonnant des propos incohérents.
Ces désordres psychiques (que beaucoup jugent feints) lui valurent
un report de sept ans de son procès pour meurtres et chantages
- le temps pour les experts de diagnostiquer son état de santé.
Le Dr. Sands fut présente durant le tournage de chaque scène
à contenu psychiatrique, notamment les entretiens dans le cabinet
Sobel, la séquence introductive où Vitti joue la dépression
et l'épisode du braquage où Vitti et Sobel présentent
chacun de graves signes d'anxiété.
Docteur Sands :
"J'ai travaillé avec Billy Crystal afin qu'il puisse se
comporter en vrai thérapeute durant les entretiens psychiatriques.
Je l'ai conseillé sur le plan du contenu, du timing de certaines
interprétations, ainsi que sur les conduites à adopter
face à un patient. Je me suis également rendu sur Riker's
Island (décor doublant Sing Sing) pour aider Robert De Niro à
"bidonner" des troubles psychiques profonds et à passer
les tests en conséquence."
Durant la préproduction, le Dr. Sands organisa des visites au
département de psychiatrie de l'Hôpital Bellevue, qui permirent
à De Niro de rencontrer et dialoguer avec patients et psychiatres
à propos des symptômes de son personnage. Les acteurs participèrent
aussi à plusieurs séances de thérapie collective.
Plus tard, le Dr. Sands s'émerveilla du réalisme de l'interprétation
de De Niro : "Il aurait pu tromper n'importe quel médecin
ou psychiatre et leur faire croire qu'il traversait un grave épisode
dépressif!"
Scoop : De Niro chante!
Les premières scènes, situées à Sing Sing
et décisives pour la suite de l'histoire, offrent un nouveau
challenge à Robert De Niro : chanter et danser
Michael Dansicker, qui travailla récemment sur MON BEAU-PÈRE
ET MOI, aida l'acteur à préparer les scènes où
il interprète divers extraits de "West Side Story".
Spécialiste de ce show, il avait collaboré avec son metteur
en scène et chorégraphe original Jerome Robbins sur le
spectacle anthologique "Jerome Robbins' Broadway".
Michael Dansicker :
"Bob De Niro a une belle voix de baryton, un excellent sens du
rythme et du placement. Il assimila très vite le matériau,
notre seul souci étant qu'il le chante mieux que Vitti n'était
censé le faire!"
Robert De Niro :
"J'étais ravi de reprendre ces standards dans un contexte
aussi inattendu. chacun s'enthousiasma pour la proposition et nous nous
mîmes tous à fredonner des passages de "West Side
Story" et à jouer avec cette idée. J'ai fini par
interpréter un large choix d'airs, qu'il fallut ensuite ramener
à des proportions raisonnables pour ne pas alourdir la séquence."
Billy Crystal :
"Je suis sûr que cela restera dans l'histoire du cinéma,
au même titre que l'immortel slogan "Garbo Talks" d'ANNA
CHRISTIE ou "Garbo Laughs" de NINOTCHKA. Pour celui-ci, on
dira désormais "De Niro sings!"
En hommage à New York
Paula Weinstein :
"À un moment, le studio, soucieux comme tout studio de réduire
les frais, suggéra de tourner MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE hors
de New York. Nous avons fermement rejeté cette demande. Nous
voulions tourner à New York : c'est une ville merveilleuse, unique
au monde, un décor de cinéma idéal."
Jane Rosenthal :
"J'aurais ressenti comme une vraie trahison d'aller tourner ailleurs.
En tant que New-yorkaise, j'estimais très important que le travail
et les affaires reprennent un cours normal après le drame du
11 septembre."
De Niro rejoint sa partenaire, jugeant lui aussi qu'il aurait été
"antipatriotique" de tourner, ne serait-ce que les intérieurs,
loin de New York. Et d'ajouter : "MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE est
une histoire new-yorkaise, un film new-yorkais. Nous avons toujours
eu l'intention de le tourner sur place, et je suis heureux que nous
ayons pu le faire."
Les prises de vues débutèrent en avril 2002 par la scène
où Vitti - temporairement converti en vendeur de voitures - fait
l'article à un couple d'acheteurs. Après cet épisode,
tourné chez un concessionnaire Audi de Park Avenue, l'équipe
filma diverses autres étapes du parcours chaotique de Vitti dans
une bijouterie du Quartier des Diamantaires et au Gallagher's Steak
House de West 52nd Street.
La sortie de prison de Vitti fut tournée devant Sing Sing, mais
les intérieurs de cette légendaire prison sont ceux du
centre pénitentiaire de Riker's Island, dans le Queens. Une autre
scène introductive, l'enterrement du père de Ben, fut
tournée à la Riverside Memorial Chapel, dans l'Upper West
Side de Manhattan.
L'équipe gagna ensuite la verdoyante banlieue de Montclair (New
Jersey) pour tourner les nombreux intérieurs de la résidence
Sobel, puis regagna Manhattan pour la scène du repas japonais,
filmée dans un ancien restaurant de West 13th Street.
Les séquences de la résidence LoPresti furent ensuite
réalisées dans la banlieue de Ho Ho Kus (New Jersey),
et celles de la série "Le Petit César" dans
Washington Square Park.
Les autres extérieurs furent réalisés à
Kearney (la poursuite automobile), entre les 11ème et 12ème
Avenues (le vol des lingots), dans un entrepôt désert de
West 14th Street et au club "Exit" de West 56th Street (la
préparation du braquage), ainsi qu'à Harlem, dans l'usine
d'armement du 369ème Régiment.
Ellen Kuras, directrice photo de I SHOT ANDY WARHOL, BLOW et SUMMER
OF SAM, définit les choix esthétiques du film :
"MAFIA BLUES 2, LA RECHUTE se situe dans deux mondes distincts
: celui de Vitti, où prédominent les teintes froides,
et celui de Ben, dont la palette est nettement plus chaude. Le premier
donne la préférence au bleu et au bleu vert, le second
au jaune et à l'orange. Harold et moi avons cherché à
donner au film un certain relief visuel tout en restant au service de
l'histoire. L'utilisation du grand angulaire dans la scène de
la bijouterie renforce ainsi l'impact de l'image en soulignant l'inconfort
de Vitti. Le cinéma comique possède des règles
particulières, que Harold m'a aidée à découvrir.
Certains gag ne fonctionnent que sous un angle minutieusement choisi,
et la position de la caméra peut devenir un élément
clé de l'action, comme dans la scène du cabaret avec les
émissaires de Patty ou encore les tournages du "Petit César".