Kingdom Of Heaven
Réalisateur : Ridley Scott

Genre : Historique, Action

Date : 04 Mai 2005

Durée : 2 h 25

Origine : Américain

Distribution : Pathé Distribution / 20th Century Fox

Résumé

Note de la production

Acteurs :

Orlando Bloom : Balian de Ibelin
Eva Green : Sybille (Sybilla en VO)
Jeremy Irons : Tiberias
David Thewlis : L'Hospitalier
Brendan Gleeson : Renaud (Reynald en VO)
Marton Csokas : Gui de Lusignan (Guy de Lusignan en VO)
Liam Neeson : Godefroy de Ibelin (Godfrey de Ibelin en VO)
Ghassan Massoud : Saladin
Edward Norton : le Roi Baudouin (Baldwin IV en VO)
Khaled El Nabaoui : Mullah
Velibor Topic : Almaric
Jouko Ahola : Odo
Jon Finch : le patriarche de Jérusalem
Michael Fitzgerald : Humphrey
Tim Barlow : le vieux garde
Shane Attwooll : le chevalier templier de Renaud
Kevin McKidd : le sergent anglais
Nasser Memarzia : le dignitaire musulman
Samira Draa : la servante de Sybille
Michael Shaeffer : le jeune sergent
Michael Sheen : le prêtre
Alexander Siddig : Nasir (Imad en VO)
Eriq Ebouaney : Firuz
Ulrich Thomsen : le grand-maître templier
Iain Glen : Richard Coeur de Lion
Martin Hancock : le fossoyeur
Nathalie Cox : la femme de Balian
Philip Glenister : un écuyer
Bronson Webb : l'apprenti
Nikolaj Coster-Waldau : le prévôt
Steven Robertson : le prêtre angélique
Lotfi Yahya Jedidi : la vieille gouvernante d'Ibelin
Matthew Rutherford : un cavalier
Karim Salah : le messager sarrasin
Giannina Facio : la soeur de Saladin
Emilio Doorgasingh : l'ingénieur sarrasin
Peter Cant : un garçon paysan
Angus Wright : un chevalier de Richard
Christian Boeving

Directeur Photo : John Mathieson

Musique : Harry Gregson-Williams

Décors :

Sonja Klaus
Sally Black

Chef décoration : Arthur Max

Costumes : Janty Yates

Montage :

Dody Dorn

Carmen Ruiz de Huidobro

Effets Spéciaux :

Corina Rosca : coordinateur administratif
Jason McCameron
Lee Rider : technicien
Gareth Wingrove : technicien effets physiques
Neil Corbould : superviseur
Alan Hedgcock : maquillage
Steve Painter : superviseur maquillage sol
David Watkins : technicien supérieur
Manex Efrem : technicien supérieur
Martin 'Marty' McLaughlin : superviseur effets neige
Cliff Wallace : maquillage
Alan Young : technicien supérieur
Waldo Mason : maquillage
Jennifer Latour : assistant finition prothèses
Graham Riddell : technicien supérieur effets miniatures
Andy Williams : superviseur seconde équipe
David Brighton : assistant superviseur
Peter Haran : technicien
Mark Meddings : coordinateur
Steven Warner : technicien supérieur

Casting :

Antoinette Boulat
Jina Jay
Debra Zane

Direction artistique :

Marco Trentini
Gianni Giovagnoni : co-directeur artistique
Maria-Teresa Barbasso : co-directrice artistique
John King
Robert Cowper

Maquillage :

Paul Engelen : concepteur maquillages
Aldo Signoretti : concepteur coiffures
Anthony Parker : maquilleur effets spéciaux
Giorgio Gregorini : styliste coiffure
Marese Langan : artiste maquillage
Marco Perna : styliste coiffure
Melissa Lackersteen : artiste maquillage

Effets Visuels : Wesley Sewell : superviseur

Scénario :
William Monahan

Producteur :
Ridley Scott

Production :

20th Century Fox
Scott Free Productions
StudioCanal

Assistant réalisation :

Emma Horton : seconde assistante
Adam Somner : premier assistant
Hugh Johnson : réalisateur seconde équipe
Richard Goodwin : second assistant seconde équipe
Ian Stone : second assistant
William Dodds : autre second assistant
Darin Rivetti : premier assistant seconde équipe

Producteur executif :
Branko Lustig
Lisa Ellzey
Terry Needham

Producteur associé : Teresa Kelly

Co-Producteur :

Mark Albela

Henning Molfenter

Bruce Devan

Denise O'Dell

Lieux de tournage : Espagne,Maroc.

Budget : 100 millions de $

Site officiel : France : http://www.kingdomofheaven-lefilm.com/

Récompenses :

Fiche du film complète (image, résumé, note de la production, avis) au format PDF à disposition sur demande par mail, voir page d'acceuil

 Résumé :
En perdant sa femme et son fils, Balian, un jeune forgeron, a presque perdu la foi. Alors qu'il pleure leur disparition, un chevalier vient le trouver. Godefroy d'Ibelin est un croisé, un baron du roi de Jérusalem ayant pour mission de préserver la paix en Terre sainte. Il révèle à Balian qu'il est son père et lui demande de l'accompagner jusqu'à la Ville sainte. Balian accepte, mais Godefroy tombe dans une embuscade. Juste avant de mourir, le père transmet à son fils son titre et ses terres à Jérusalem. Entre la deuxième et la troisième croisade, une paix fragile règne sur la Ville sainte, grâce aux efforts de son roi chrétien, Baudouin IV et à la modération du légendaire chef musulman, Saladin. Les habitants de confession chrétienne,musulmane et juive coexistent pacifiquement.Malade, les jours de Baudouin sont comptés et le fanatisme, l'appât du gain et la jalousie menacent la trêve. D'une intégrité sans faille et lié par son noble serment, Balian se retrouve en terre étrangère, au service d'un roi déclinant. Il y rencontrera Sibylle, la soeur du roi mourant, une jeune femme aussi belle qu'énigmatique. C'est à Jérusalem que Balian deviendra le plus valeureux et le plus héroïque des chevaliers, accomplissant un destin que personne ne pouvait imaginer…

Note de la production

Croisés et Sarrasins

De la conception au Tournage

Le casting d'un Royaume

Redonner vie au passé

Les Costumes et les armes

Retrouver l'histoire en Espagne et au Maroc

Recréer Jérusalem

Un monde à perte de vue

La musique

D'ALIEN à GLADIATOR en passant par BLADE RUNNER, le héros classique des films de Ridley Scott est un être ordinaire pris dans des événements majeurs, un personnage qui, à travers des épreuves ou une tragédie, se révèle, tient tête et refuse de se laisser abattre. «J'ai toujours eu envie de faire un film sur les chevaliers et l'époque médiévale, précise Ridley Scott, et surtout sur les croisades.Historiquement, le chevalier est une figure emblématique. Ces personnages représentent à eux seuls beaucoup de valeurs et d'imaginaire.» William Monahan a suggéré à Ridley Scott une histoire qui ait pour toile de fond le royaume de Jérusalem à l'époque de Baudouin IV et de Saladin et qui mette en scène un jeune chevalier qui apparaît comme le défenseur de la Ville sainte. Le scénariste explique : «Pour moi, le chevalier défend un idéal, et la période qui illustre le mieux cet idéal est celle des croisades.» En 1095, répondant à l'appel du pape Urbain II qui lança son célèbre «Dieu le veut !», l'Europe chrétienne part à la reconquête de la Ville sainte de Jérusalem, conquise par les musulmans au VIIe siècle. Des milliers d'hommes, rois, nobles et paysans, s'engageront dans les différentes croisades (huit en tout) qui s'étaleront sur les deux siècles suivants. Jérusalem est reprise par les armées chrétiennes lors de la première croisade. Plusieurs générations de princes occidentaux y règneront. Mais en 1186, lorsque commence notre histoire, le royaume est la proie de dissensions internes et la puissance grandissante de Saladin menace son existence même. Le royaume ne se maintient que grâce aux forces nouvelles venues d'Europe : des vassaux tels Godefroy d'Ibelin retournent dans leur pays natal pour recruter de nouveaux combattants.

CROISÉS ET SARRASINS
Balian est un jeune forgeron français qui a perdu ceux qu'il aimait. Sa foi est ébranlée. Son destin va le conduire vers des terres lointaines, le plongeant au coeur de la guerre.Pour Orlando Bloom : «Les aptitudes de Balian vont bien au-delà de son savoir-faire de forgeron : c'est aussi un artificier, un ingénieur. Il a ce don de savoir définir la meilleure façon de protéger un château et ce, dès le premier regard. Cela lui sera très utile au cours de son voyage.» Godefroy d'Ibelin est le père de Balian. Il a quitté la France pour partir en croisade, sa bravoure et son intégrité lui ont valu de devenir un proche du roi Baudouin. Liam Neeson, qui l'interprète, note : «Lorsque les croisés ont pris Jérusalem, ils sont devenus des hommes très puissants. Ils se sont vu accorder de grands domaines, de véritables petits royaumes.» L'acteur poursuit : «Godefroy est revenu en France pour retrouver son fils. Il ne
l'a jamais vu parce que cet enfant est né d'une liaison illégitime. Il lui demande de l'accompagner à Jérusalem.» Orlando Bloom précise : «Godefroy n'offre à Balian ni terres ni argent ; il lui offre une famille. Il lui offre la chance d'être son fils, d'oeuvrer, avec lui, en Terre sainte. Balian est un homme sans repères. Il se lance dans une odyssée initiatrice, une quête spirituelle, personnelle, politique et militaire qui le mènera au bout de lui-même.» Godefroy voyage avec d'autres chevaliers, des mercenaires, et l'Hospitalier : un chevalier, confesseur et conseiller spirituel, incarné par David Thewlis. L'acteur indique : «Les Hospitaliers sont nés au XIe siècle. C'était un ordre à la fois militaire et religieux qui veillait aux besoins des pèlerins chrétiens en Terre sainte. L'Hospitalier est capable de combattre, mais c'est avant tout un homme de paix.» David Thewlis poursuit : «Godefroy est un homme troublé. Il porte en lui une grande douleur, mais trouve une forme de rédemption au contact de Balian. Il redécouvre qu'il est capable d'aimer. Il voit alors en Balian son digne héritier.» Godefroy est mortellement blessé lors d'une embuscade. Son dernier acte sera d'élever son fils au rang de chevalier, en lui transmettant son titre de baron, soncode de l'honneur chevaleresque et en lui assignant une mission : maintenir la paix à Jérusalem». Liam Neeson explique : «Godefroy essaie de persuader Balian de le suivre à Jérusalem, il a l'intime conviction qu'il existe un moyen d'unir chrétiens et musulmans afin de vivre ensemble. Il lui a fallu vivre des années de tueries inutiles pour parvenir à cette conclusion.» Au moment où le chevalier donne son épée à son fils, il lui transmet aussi les valeurs qu'il a toujours défendues : protéger les faibles, sauvegarder la paix et oeuvrer à l'harmonie entre les religions et les peuples, afin que le «Royaume des Cieux» puisse enfin s'épanouir sur la terre. Balian prend l'épée et entre dans l'Histoire. Après la mort de Godefroy, l'Hospitalier devient le compagnon de Balian et son conseiller. Ridley Scott observe : «Il pose à Balian certaines questions et lui laisse trouver les réponses. Il essaie de lui transmettre une notion essentielle, celle de «l'action juste», envers et contre tout. Il lui dit que «c'est ce que cherche Dieu». Tout le reste est folie. Il est inutile d'entendre des voix, inutile de s'agenouiller. Il suffit d'agir dans la droiture.» À Jérusalem, Balian rencontre des personnages emblématiques de la ville. Parmi eux, la soeur du roi, la belle princesse Sibylle, mariée contre son gré à Gui de Lusignan - interprété par Marton Csokas. Eva Green, qui incarne Sibylle, explique : «Sibylle a toujours vécu à Jérusalem, elle a été élevée au milieu des chrétiens, des juifs et des musulmans. Elle ne partage ni les valeurs ni la soif de pouvoir de son mari. Sibylle et Balian sont attirés l'un par l'autre sans qu'ils n'y puissent rien, malgré les complications que cela engendre, personnelles et politiques.» Orlando Bloom précise : «Balian ne cherche pas l'amour, mais il le rencontre. Cette jeune femme lui apparaît comme un être fascinant, enivrant, détaché de ce monde. La relation qui se noue entre eux est très forte, c'est une chose à laquelle il aspire et à laquelle il refuse pourtant de céder. Rencontrer cette femme allume chez lui la flamme de l'espoir.» Eva Green : «Sibylle, tout comme Balian, trouve un havre de paix dans cette relation. Elle cherche quelqu'un de vertueux, elle aspire à l'harmonie. Il est si pur, si loyal, si noble… Il est à ses yeux l'homme idéal. Sibylle a très peur pour son frère, le roi Baudouin ; il va mourir, et elle est incapable d'affronter cette vérité.» Baudouin, comme le personnage historique, est un roi juste et bon à qui la lèpre ne laissera pas le temps de vieillir. La maladie est si avancée qu'il doit cacher son visage derrière un masque d'argent. Lorsque Balian rencontre Baudouin, le roi fait comprendre au nouveau seigneur d'Ibelin qu'il doit poursuivre la mission de son père et défendre la route de Jérusalem pour qu'elle reste ouverte à tous les pèlerins, quelle que soit leur religion. «Tous sont les bienvenus, précise Orlando Bloom, non par opportunisme politique, mais parce que c'est juste.» Balian fait aussi la connaissance de Tiberias, le conseiller militaire du roi, un homme aussi sage qu'inflexible. Jeremy Irons, qui l'incarne, explique :
«Tiberias est le commandant en chef de l'armée de Jérusalem. Son roi est gravement malade, incapable de diriger le royaume comme il le souhaiterait. Le monarque s'appuie donc énormément sur Tiberias.» Tiberias explique à Balian la fragilité de la paix qui règne à Jérusalem, menacée à la fois par les conspirations internes contre le pouvoir en place et par les 200 000 hommes de l'armée de Saladin qui cernent le royaume. Jeremy Irons précise : «Tiberias a le plus grand respect pour les musulmans comme pour les chrétiens, et il estime nécessaire de rappeler souvent aux citoyens le respect qu'ils se doivent les uns aux autres. Il arrive au bout de sa carrière, fatigué de se battre contre les comportements stupides dont il est le témoin à Jérusalem.» Ridley Scott observe : «La trêve entre Baudouin et Saladin est fragilisée par les conspirations au sein même du royaume. La confusion, la corruption et les manoeuvres politiques prospèrent mais la plupart sont habilement déjouées par Baudouin et Tiberias.»Star du cinéma syrien, Ghassan Massoud est Saladin, le puissant chef des Sarrasins. Massoud a écrit, entre autres, «Les Diplomates», une pièce satirique qui évoque les problèmes du pouvoir dans le monde arabe aujourd'hui. Il note : «Pour moi, Saladin est d'abord un homme d'État. Il n'est un guerrier qu'en second lieu. Saladin a remporté de nombreuses batailles mais a toujours essayé d'établir le dialogue avec l'ennemi. C'est un personnage charismatique, humain, convaincu de la valeur de l'échange.» Ridley Scott ajoute : «Saladin est admiré, respecté comme un grand chef musulman, un grand politicien et un stratège d'exception, y compris par les chrétiens.» Ghassan Massoud précise : «Balian et Saladin en viennent à se respecter l'un l'autre dans cette histoire.» Gui de Lusignan, le mari de Sibylle, est un chevalier appartenant à l'ordre militaire et religieux des Templiers. Ridley Scott explique : «Les Templiers représentent un ordre religieux qui n'envisage aucune relation avec les musulmans. Ils ne veulent pas la paix.» Marton Csokas, qui joue Gui de Lusignan, précise : «Gui est un des chefs militaires de l'armée de Jérusalem.Homme de combat avant tout, il considère que le roi est incapable d'exercer ses fonctions. Il veut aller se battre coûte que coûte, moins par amour de la guerre que par soif de pouvoir. Il est, à bien des égards, l'opposé de Balian.» Le partenaire de Gui au sein de cette conspiration est Renaud de Châtillon, qui règne sur la forteresse massive de Kerak - dont on peut voir aujourd'hui encore les ruines en Jordanie, à environ 80 km au sud-est de Jérusalem. Brendan Gleeson : «C'est dans le chaos que Renaud se révèle. C'est un homme rusé et sanguinaire qui a perverti le sens de la chevalerie.Tout ce que fait Renaud est dicté par la cupidité et la convoitise.» Par leur impétuosité et leur désir de domination, Gui et Renaud déclenchent une réaction en chaîne d'événements qui vont conduire Jérusalem à la guerre contre les Sarrasins. Alors que le règne de Baudouin s'achève, Renaud saisit l'occasion que lui offre Gui pour s'emparer du pouvoir. Marton Csokas remarque : «Tout bascule lorsque Gui assassine de sang-froid un messager sarrasin. C'est le début de la fin, pas seulement pour Gui mais pour tout ce que Baudouin et Saladin se sont efforcés de construire : une société de tolérance». La tactique de Gui consiste à mener l'armée de Jérusalem hors des murs de la ville pour affronter les troupes bien supérieures en nombre de Saladin. Erreur funeste. les chevaliers chrétiens sont écrasés : c'est la célèbre bataille de Hattin. Saladin mène alors son armée jusqu'au pied des murs de Jérusalem. Fidèle au code de chevalerie, Balian entreprend la mission de défendre la ville.

DE LA CONCEPTION AU TOURNAGE
Ridley Scott était en train de développer un projet intitulé TRIPOLI avec le scénariste William Monahan lorsque les deux hommes commencèrent à parler d'un film portant sur certains aspects des croisades. Ridley Scott : «Le temps des croisades est une époque passionnante de l'Histoire. Sur 200 ans, on peut observer toutes les variantes possibles du comportement humain. KINGDOM OF HEAVEN utilise des événements historiques comme une
trame où s'inscrira le destin d'un homme. Nous avons choisi une période de l'Histoire où règne un état de paix que nous semblons incapables d'atteindre aujourd'hui. C'est ce qui nous a fascinés. Nous nous sommes efforcés de montrer les deux camps de manière équilibrée. D'une part un héros, Balian, un homme qui se préoccupe de mener des actions «justes». D'autre part Saladin, un des personnages les plus emblématiques du monde oriental.»
William Monahan est fasciné depuis longtemps par le royaume latin de Jérusalem, particulièrement par le règne de Baudouin IV. «C'était une période d'équilibre entre l'Etat croisé et les musulmans. La trêve avait un aspect pratique, mais elle reposait aussi sur une sorte de fascination entre les deux cultures. Le respect mutuel de la paix était voulu à la fois par Baudouin et par Saladin, et chacun a dû affronter des extrémistes dans son propre camp.»
Le scénariste a travaillé à partir de récits d'époque. Ses recherches ont révélé que le roi Baudouin et Saladin avaient effectivement réussi à instaurer une trêve durable et sans précédent, durant laquelle les trois grandesreligions monothéistes étaient pratiquées librement à Jérusalem.

LE CASTING D'UN ROYAUME
«Ce rôle est un rêve de gosse, raconte Orlando Bloom avec enthousiasme. J'incarne un chevalier, un homme qui a une vraie droiture et un profond sens de l'honneur, du devoir et de l'intégrité, qui va suivre son destin et rencontrer l'amour... Balian est un héros malgré lui, ce qui est à mon sens le meilleur type de héros qui soit.» Ridley Scott et Orlando Bloom avaient travaillé ensemble sur LA CHUTE DU FAUCON NOIR. Le réalisateur explique : «Orlando est quelqu'un de franc et de très ouvert, ce qui correspondait bien au personnage. En plus, il a une vraie dimension physique sur le terrain. Sur LA CHUTE DU FAUCON NOIR, il est vraiment tombé d'un hélicoptère ! Il est capable de faire tout ce que je lui demande, mais je crois que c'est surtout son honnêteté et sa sincérité qui lui donnent l'authenticité nécessaire à l'interprétation du rôle de Balian.» Orlando Bloom observe : «Ridley a le don de faire cohabiter des éléments historiques et des idées contemporaines. Ses films assurent certes un spectacle très visuel, mais ils vous poussent aussi à vous poser des questions, ce sont des films forts.»
Eva Green a été choisie pour incarner Sibylle parce qu'il fallait au film une présence féminine forte pour s'imposer dans un univers presque exclusivement masculin. Ridley Scott explique : «Eva a à peine plus de vingt ans, mais elle possède une vraie maturité. Elle a un jugement sûr et une intuition fantastique.» La jeune actrice confie : «Ridley est un homme simple. Aussi gigantesque que soit l'échelle de ce film, il est facile de travailler avec lui. Il comprend qu'un acteur est vulnérable et sait comment créer autour de lui une atmosphère de sécurité. Ce calme et cette énergie vous rendent plus fort. Il ne montre jamais d'anxiété ni de tension. On oublie trop souvent que Ridley est aussi un grand directeur d’acteurs.» Ridley Scott tenait à ce que les rôles des musulmans soient interprétés par des acteurs orientaux. Ghassan Massoud et Khaled Nabawy, qui jouent Saladin et Mullah le fanatique, sont des stars majeures du monde arabe. Ghassan Massoud confie : «C'est une expérience très particulière pour moi, comme ça le serait pour n'importe quel acteur du monde arabe, de travailler avec un réalisateur comme Ridley Scott. Nous respectons sa manière de penser, d'aborder le film, les personnages et l'histoire.» Tous les acteurs ont effectué leurs propres recherches sur cette époque de l'histoire, sur leurs personnages, les coutumes et les différentes cultures.
Ghassan Massoud a étudié la vie de Saladin en profondeur à partir de sources aussi bien orientales qu'occidentales, et a lu quantité d'ouvrages sur le sujet. «Beaucoup de gens iront voir ce film parce que Saladin fait partie de
l'Histoire, explique-t-il. Il a laissé un souvenir très présent dans le monde arabe, mais aussi en Europe, en France, en Angleterre. Il a été dépeint par le scénariste et le réalisateur avec justesse et équilibre.» Il est arrivé à plusieurs reprises que le scénariste, le réalisateur et Ghassan Massoud apportent des ajustements au scénario d'après les connaissances de Massoud sur Saladin et les coutumes orientales. L'acteur raconte : «Je me suis rendu compte à cette occasion que les Anglais ont un grand respect pour Saladin, qu'ils considèrent comme un adversaire valeureux de Richard Coeur de Lion.»

REDONNER VIE AU PASSÉ

La création de KINGDOM OF HEAVEN a demandé des mois de recherches méticuleuses, un colossal travail de création et une étroite coordination entre plusieurs équipes dans différents pays. William Monahan explique : «Ridley est un réalisateur extrêmement visuel. Quand vous parlez avec lui d'un scénario ou d'une histoire, il commence toujours par dessiner le cadre, et ce qu'il a l'intention d'y mettre. En rassemblant tous ces petits bouts de papier qu'il dessine continuellement, vous pouvez voir à quoi ressemblera tout le film... «Rien ne peut vraiment vous préparer à un projet de cette ampleur, ajoute le scénariste. C'était si énorme qu'il a fallu tout gérer comme une opération militaire.» Le chef décorateur Arthur Max précise : «Les films de Ridley semblent avoir de plus en plus d'ampleur et raconter en même temps des histoires de plus en plus intimes. Tout est vu et raconté à travers les yeux de quelqu'un qui aurait pu mener une vie tout à fait banale.» Après avoir rassemblé une importante bibliographie de référence, le chef décorateur a réalisé des maquettes des principaux décors pour que Ridley Scott et lui puissent décider de leur forme finale. Ensuite il a fait réaliser plus de 1 000 dessins par le département décors à Rome.Le chef décorateur explique : «Ridley et moi aimons créer des mondes nés à la fois de nos recherches et de notre imagination. Nous tenons compte particulièrement du contexte historique et le reconstituons avec précision, pour permettre aux acteurs de mieux s'imprégner de la réalité de l'époque».

LES COSTUMES ET LES ARMES
La chef costumière Janty Yates a elle aussi effectué des recherches poussées pour recréer les divers costumes du film. «Il a fallu par exemple tout savoir sur les languettes des chaussures portées par les Sarrasins… et en recréer 5000 !» Janty Yates a commencé par visiter le British Museum, plusieurs autres musées et bibliothèques au Royaume-Uni, l'armurerie de Leeds et la Salle des Croisades du château de Versailles - un musée consacré aux croisades créé par Louis-Philippe à partir de 1833. Elle raconte : «Encadrant les peintures sur les croisades, il y avait des blasons. Je les ai remarqués juste avant de devoir sortir de la salle. J'ai supplié d'avoir un peu plus de temps… et j'ai découvert les armoiries de Balian d'Ibelin datant de 1180 !» Pour la chef costumière, l'un des plus importants aspects de la création des costumes est le choix des couleurs. Elles jouent ici un rôle vital pour
distinguer les différentes factions militaires. Janty Yates explique : «Tous les chevaliers portent des tabards différents selon leur lignée - ce manteau ample à fentes latérales porté par-dessus l'armure. Les armoiries d'Ibelin étaient bordeaux et or, nous les avons traduites par du bordeaux et sable sur la livrée des Ibelin. L'armée de Jérusalem est entièrement vêtue de bleu centaurée, et le roi porte donc du bleu centaurée et de l'or. Jeremy Irons, commandant en chef de Jérusalem, porte la même couleur, tout comme Marton Csokas, qui joue Gui de Lusignan. Pour l'armée sarrasine, nous avons choisi une palette de rouge, sable, ambre et or, pour rappeler le désert. Saladin et son lieutenant, Imad, portent de l'argent, de l'or, du noir.» La chef costumière poursuit : «Sibylle est la seule femme du film, j'ai pris un soin particulier pour elle : elle a 28 tenues différentes ! Ses tenues à cheval sont
particulièrement remarquables. J'ai utilisé des soieries brodées en Inde, j'ai fait faire des pantalons de harem et ses bottes ont été fabriquées spécialement à Rome. Ses robes d'apparat sont stupéfiantes, couvertes de perles. Toutes les pierreries et les broderies ont été réalisées à la main en Inde.» Janty Yates et son équipe ont créé environ 15 000 costumes pour les acteurs et les figurants et ont habillé jusqu'à 2 000 figurants en même temps. Les tissus proviennent d'Inde, d'Italie, de Thaïlande, de France et du Royaume-Uni. Chaque costume comportait de 13 à 15 éléments : veste ou tunique, chemise, pantalon, tabard, plusieurs pièces de cottes de mailles, casques, bottes, gants, capes, fourreaux, ceintures… Les cottes de mailles ont été fabriquées par WETA Workshop en Nouvelle-Zélande. La chef costumière commente : «Elles sont remarquablement légères et réalistes. Les casques sont faits de caoutchouc, ils étaient donc très légers eux aussi. Tout a été fait pour un maximum de confort pour les acteurs et les figurants.» Avec son équipe de 40 à 80 costumiers basée en Espagne et au Maroc, la chef costumière a mis en place sur les lieux de tournage de véritables «villages» costumes, pour laver, vieillir, teindre, créer et ajuster les différents costumes. Le maître armurier Simon Atherton a créé des dizaines de milliers d'armes.
Deux d'entre elles avaient une importance particulière : l'épée de Godefroy, dont hérite son fils Balian, et celle de Saladin. Atherton commente : «Pour l'épée de Godefroy, le plus difficile a été le fourreau et la ceinture. J'ai créé une poignée en noyer recouverte de cuir. Elle est décorée de petits dragons et d'une croix. Les lames ont été faites en aluminium, plus léger et moins dangereux que d'autres métaux. Il m'a fallu une bonne semaine pour réaliser
la première, et il y en a cinq en tout, de différents poids et différentes tailles.» Pour Saladin, Ridley Scott désirait de grands cimeterres courbes, mais les recherches de Simon Atherton ont révélé que les lames utilisées par les
Sarrasins à l'époque étaient droites. L'armurier raconte : «J'ai coupé l'extrémité parce que je trouvais que cela donnait un air menaçant. La poignée est faite d'os, elle est décorée de têtes de serpents. Elle a demandé beaucoup de travail, chaque élément a dû être sculpté séparément.»

RETROUVER L'HISTOIRE EN ESPAGNE ET AU MAROC
KINGDOM OF HEAVEN a été tourné dans deux pays : en Espagne pour les scènes se déroulant dans la France du XIIe siècle, et au Maroc pour celles situées en Terre sainte. Certains intérieurs de Jérusalem ont également été tournés en Espagne. L'équipe de tournage comptait 436 personnes pour le début des prises de vues en Espagne. 443 Marocains sont venus rejoindre le tournage au Maroc. La production a fait appel pour les plus grosses journées à des milliers de figurants, parfois renforcés par l'armée marocaine. Le tournage a débuté au nord de l'Espagne, un pays qui porte la trace de différentes religions et compte parmi ses monuments majeurs aussi bien des mosquées que des églises. Le château de Loarre, demeure de la famille de Godefroy dans le film, est l'une des forteresses du XIIe siècle les mieux préservées d'Europe. Elle a été construite en Aragon, à l'ombre des Pyrénées, sur ce qui était la frontière entre l'Espagne catholique et l'Espagne musulmane à l'époque. L'équipe s'est ensuite installée à Ségovie, splendide ville médiévale, pour y tourner la séquence d'embuscade, dans la forêt de Valsain.
C'est ensuite dans la ville fortifiée d'Avila, dans la magnifique cathédrale romane du XIIe siècle, qu'a été tournée la scène du couronnement et celle de la défaite des chrétiens. Plus au sud, près de Cordoue, dans la petite ville de Palma del Rio, se situe le palais Pontocarrero, construit par le sultan Abu Yacub au XIIe siècle, qui apparaît dans le film sous différents angles : la cour de la baronie d'Ibelin, et un hôpital. À Séville, capitale du passé musulman de l'Espagne, ont été choisis deux sites importants : la Casa de Pilatos, que l'on dit être une reproduction de la résidence de Pilate à Jérusalem et l'Alcazar, l'un des exemples d'architecture arabo-andalouse les plus impressionnants du monde. Certains patios ont été utilisés dans le film, notamment pour représenter le palais du roi Baudouin à Jérusalem. C'est au Maroc qu'ont été filmées les principales scènes d'extérieurs.Toute l'équipe s'est installée à Ouarzazate, aux portes du Sahara. Timdrissit était autrefois une halte importante pour les grandes caravanes de chameaux faisant du commerce entre l'Afrique sub-saharienne et Marrakech. Il reste aujourd'hui dans cette oasis plus guère fréquentée une demi-douzaine de caravansérails. Arthur Max y a construit le manoir de Terre sainte dont hérite Balian. Un autre lieu clé représente le Golgotha, la colline où le Christ a été crucifié. C'est là que Balian enterre le crucifix de son épouse décédée. La colline et la casbah qui se trouvent au pied sont connues sous le nom de Ait Ben Haddou et le site est déclaré patrimoine de l'humanité par l'Unesco, tout comme le château de Loarre, Avila, Ségovie, la Casa de Pilatos et l'Alcazar. Le dernier lieu de tournage a été Essaouira, sur la côte Atlantique. Autrefois connue pour sa teinture tirée d'un coquillage local, le rose tyrien, couleur favorite des toges romaines, la ville a été utilisée pour ses rues et ses vieux murs qui passent pour des détails de l'ancienne Jérusalem. C'est également là que se trouve la plage où échoue Balian après son naufrage.


RECRÉER JÉRUSALEM
Ridley Scott a déjà travaillé avec le chef décorateur Arthur Max sur plusieurs films et apprécie le fait qu'il ait une formation d'architecte. Max et son équipe ont recréé les extérieurs de Jérusalem du XIIe siècle aux Studios Atlas Films. Il confie : «C'est le plus grand décor sur lequel j'aie jamais travaillé». Le chef décorateur poursuit : «Nous avons recréé notre décor d'après des éléments de la vraie ville, les portes, la zone de la citadelle, avec la Tour de David. Il y a plus de 28 000 m2 de murs. Nous avons utilisé 6 000 tonnes de plâtre.» L'équipe des décors a dû également fabriquer la plupart des objets de la vie courante. «Nous avons eu de la chance : en Espagne et au Maroc, l'artisanat et l'industrie de la céramique, du métal et du travail du cuir sont encore en pleine activité et bien implantés.» Pour recréer un monde, les petits détails ont une importance vitale. Le chef décorateur explique : «Quand vous faites un film à caractère historique, vous finissez invariablement par fabriquer la plupart des éléments parce qu'il est très difficile de trouver, par exemple, une authentique baignoire du XIIe siècle. Et nous en avons une demi-douzaine dans ce film. Nous avons mis en place une douzaine d'ateliers de forge, fabriqué des drapeaux, des armures, et des milliers d'armes, des flèches, des épées et des boucliers». L'authenticité a été le maître mot de chaque étape de la création, depuis les décors imposants jusqu'au moindre accessoire fabriqué à la main.L'ensemblière Sonja Klaus et son équipe de 80 décorateurs et artisans sont souvent remontés directement à la source. Ainsi, une douzaine de couvreurs spécialistes du toit de chaume ont rejoint les 450 membres de l'équipe technique et ont travaillé de la même manière que leurs ancêtres au XIIe siècle. Un forgeron britannique a enseigné à Orlando Bloom comment se comporter dans une forge comme on le faisait il y a mille ans. Un fer à cheval du XIe siècle trouvé près de la Tour de Londres a servi de modèle. À Madrid ont été engagées trois femmes qui préparent des recettes venues du temps des croisades et cuisinent selon les mêmes méthodes. Sonja Klaus explique : «Beaucoup de choses ont été créées de toutes pièces par les départements cuir, draperie, peinture et teinture. Les maquettistes ont sculpté, fabriqué des moules, travaillé le plâtre, la fibre de verre et le métal. Nos artisans cuir ont fabriqué aussi bien des récipients que des selles, ils ont créé 850 pièces de harnachement. Nos charpentiers ont créé des meubles et des charrettes. Les métallurgistes ont forgé et coulé des braseros, des torches, des équerres, des supports, des charnières, des anneaux… Nous avions même un spécialiste du bambou et de l'osier.» Arthur Max observe : «C'est passionnant de remonter le temps. Une partie du procédé consiste à créer toute une ambiance avec des objets auxquels personne ne penserait, comme par exemple les pots pour piéger les guêpes que l'on suspendait dans les pièces. Les recherches ont révélé tout un assortiment d'objets étranges. Nous avons apporté un nombre considérable de détails dans les objets usuels, dans la manière dont on prépare les repas, dont on fait le pain, dont on transporte l'eau. Tout cela apporte une densité à l'univers visuel et à la narration.» Les équipes regroupaient un grand nombre de nationalités différentes : au Maroc, il y avait 350 personnes dans l'équipe de construction, des Marocains, des Croates, des Italiens, des Espagnols et quelques Anglais. «Comme au temps des croisades, souligne Ridley Scott, notre équipe était un mélange de différentes cultures oeuvrant ensemble vers le même but.»

UN MONDE À PERTE DE VUE
Le décor déjà colossal de Jérusalem a été enrichi par des images de synthèse. Arthur Max explique : «La partie du processus de création des décors que j'aime le plus consiste à mélanger ce qui existe, ce qui est réel et ce qui a été ajouté, créé par ordinateur. Brouiller les limites pour qu'on ne puisse pas départager le vrai de l'imaginaire... C'est quand personne ne peut faire la différence qu'on sait qu'on a fait du bon travail !» Ridley Scott raconte : «Il y a 25 ans, sur BLADE RUNNER, le pionnier des effets visuels Douglas Trumbull m'a donné un conseil que je suis toujours aujourd'hui : «Si tu peux le faire en vrai, fais-le. Crois-moi, ce sera mieux et moins cher». C'est toujours aussi vrai, et je m'efforce toujours de faire le plus de choses possible en décors réels. Mais quand il y a une bonne raison de faire appel aux effets visuels, je n'hésite pas.» Le superviseur des effets visuels Wesley Sewell explique : «Notre décor était très grand, mais bien sûr pas autant qu'une ville. Le défi a été de restituer l'ampleur d'une cité capable d'abriter un million de personnes. «La technologie nous a aussi permis de créer des gens qui non seulement ont l'air vrais mais qui bougent de façon réaliste. Dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, la technologie était déjà fantastique, mais il existe maintenant encore plus de raffinement dans le mouvement et l'interaction. Il est à présent possible de créer de nombreuses attitudes dans une même scène. «Pour l'armée des Sarrasins, par exemple, les soldats viennent de plusieurs parties du monde arabe. Syriens, Egyptiens, Africains du Nord s'y côtoient. Nous avons photographié les costumes séparément pour pouvoir par la suite changer les couleurs d'un turban ou d'une tunique.» La stupéfiante scène de bataille de KINGDOM OF HEAVEN montre les armées de Saladin assiégeant les murs de la ville. Les soldats poussent des tours d'assaut contre les murs, et lorsque le bois touche la pierre, les pierres s'écroulent, permettant aux musulmans d'accéder aux remparts. Des échelles sont montées contre les murs, de l'huile est versée sur l'armée des envahisseurs.Tandis que les flèches remplissent le ciel, les défenseurs chrétiens se battent pour combler la brèche. Des hommes en feu tombent des murs. Six caméras ont filmé l'action, dont l'une était placée sur un hélicoptère surplombant la scène. La séquence a été répétée trois fois avant que Ridley Scott ne donne son accord. Le tout prend moins d'une minute à l'écran. 2 000 figurants sont arrivés à 5 h 30 du matin et ont enfilé leurs costumes avant de passer au maquillage et à la coiffure. Des dizaines de techniciens des effets spéciaux avaient construit les tours d'assaut selon le même procédé que celui employé il y a un millénaire. Les échelles étaient motorisées et se relevaient pour se placer exactement à l'endroit choisi, comme celles des camions de pompiers. Des feux brûlaient le long des 300 m de murs. Des cartons ont été cachés pour recevoir les 120 cascadeurs après leur chute. Les armuriers ont collaboré avec les techniciens des effets spéciaux pour ajuster et lancer des batteries de flèches. Ils ont également construit ensemble les «scorpions», des armes de destruction massive de l'époque combinant la technique d'une arbalète et la puissance d'une catapulte pour lancer des harpons. Un autre des vétérans de l'équipe de Ridley Scott est le superviseur des effets spéciaux Neil Corbould. Il explique : «L'ampleur des effets a été un vrai défi pour nous. Il y avait le tir des armes de siège, et de très nombreuses explosions dans Jérusalem. Ils ont tourné avec cinq à huit caméras, et il fallait des effets pour chaque caméra. C'était un «plateau feu» énorme. Nous avons placé un kilomètre de rampes à gaz et avons utilisé 36 000 litres de propane en une fois.Nous avons brûlé 120 000 litres de propane au total.» Phil Neilson, le coordinateur des cascades, a bien sûr travaillé en étroite collaboration avec Corbould. «Nous avions 56 personnes en feu, qui tombaient de tours de siège de 13 m de haut… mais nous n'avons eu à déplorer aucun accident !»

LA MUSIQUE

C'est la première fois que Ridley Scott travaille avec le compositeur Harry Gregson-Williams. Il observe : «Harry a une formation classique, ce qui était essentiel pour ce film. Mais il a mélangé plusieurs influences musicales.» Le compositeur explique : «Pour la séquence d'ouverture en France, un décor désolé et froid, j'ai employé le son lugubre des violes. Par contraste, quand Balian arrive à Jérusalem, il fait l'expérience de nouvelles odeurs, de couleurs et de sons inconnus. On entend un oud, un kanoon, une kamancha - un violon arabe.» Dans le studio 3 d'Abbey Road, Harry Gregson-Williams a adjoint à son orchestre un choeur de 123 voix et un petit groupe de musiciens turcs venus d'Istanbul. «La couleur de cette bande originale vient des musiciens turcs, de l'orgue de Barbarie, des différentes sortes de violes, et du choeur de Bach, qui chante parfois très doucement. Il y a beaucoup de textures différentes, avec des sessions de percussion, jouées sur des répliques exactes des instruments de l'époque.» Le compositeur a créé un thème musical pour le père, Godefroy d'Ibelin, qui évolue pour devenir celui de Balian quand il lui transmet son épée et sa responsabilité. Pour Sibylle, il a écrit une musique délicate et exotique. Par contraste, Renaud a un thème «qui rôde par en dessous, avec violoncelle, contrebasse, tuba et trombone.» Pour Saladin, Harry Gregson-Williams a «opté pour un motif musical joué par une flûte qui comporte seulement quelques notes jouées toujours dans le même ordre, afin d'implanter dans l'esprit du spectateur sa présence et sa noblesse». Pour le roi Baudouin, le compositeur a choisi des cuivres sonores, «quelques cors français et des trombones». Il précise : «Son thème est le plus classique et le plus royal de tous. Il y a chez lui une certaine amertume, mais il a aussi une grande intégrité.» Lorsque les deux cultures s'affrontent, le compositeur illustre chaque bataille par des orchestrations, auxquelles sont ajoutés des effets sonores puissants pour atteindre leur apogée. Pour mixer le son du film, Ridley Scott a fait appel à Mike Minkler, nommé à neuf Oscars et lauréat à deux reprises, pour CHICAGO et LA CHUTE DU FAUCON NOIR.