Le Fabuleux destin d'Amelie Poulain
Réalisateur : Jean-Pierre Jeunet

Genre : Comédie

Date : 25 avril 2001

Durée : 2 h

Origine : Français

Distribution : UFD

Résumé
Note de la production
Les personnages

Acteurs :
Audrey Tautou : Amélie
Mathieu Kassovitz : Nino Quincampoix
Isabelle Nanty : Georgette
Rufus : Raphael Poulain
Jamel Debouzze : Lucien
Yolande Moreau : Madeleine
Artus de Penguern : Hipolito
Urbain Cancelier : Collignon
Dominique Pinon : Joseph
Maurice Benichou : Dominique Bretodeau
Claude Perron : Eva
Michel Robin : Le père de Collignon
Claire Maurier : Suzanne
Serge Merlin : Dufayel
Lorella Cravotta : Amandine Poulain
Armelle : Philomène
Flora Guiet : Amélie Poulain à huit ans
Ticky Holgado : L'homme dans le photomaton

Chef Décorateur : Aline Bonetto

Musique : Yann Tiersen

Chef monteur : Céline Kelepikis

Montage : Hervé Schneid
Directeur Photo
: Bruno Delbonnel
Ingénieur du son : Jean Umansky
Costume :
Emma Lebail
Madeline Fontaine
Bruiteur : Jean-Pierre Lelong
Effets Spéciaux : Yves Domenjoud
Mixage : Vincent Arnardi
Monteur son : Gérard Hardy
Décors : Marie-Laure Valla

Scénario :
Jean-Pierre Jeunet
Guillaume Laurant

Producteur : Jean-Marc Deschamps

Production :

France 3 Cinéma
StudioCanal
Tapioca Films
Victoires Productions
Filmstiftung
MMC Independent GmbH
Sofica Sofinergie 5

Producteur executif : Claudie Ossard

1er Assistant Réalisateur : Christophe Vassort
Assistant réalisateur : Pascal Roy

Lieux de tournage : Montmartre, Paris.

Budget : + de 11,7 million €

 

 

 

Site officiel :

Récompenses :

César : 2002
Meilleur film
Meilleur réalisateur : Jean-Pierre Jeunet
Meilleure musique écrite pour un film : Yann Tiersen
Meilleurs décors : Aline Bonetto
Nomination Meilleure actrice : Audrey Tautou
Nomination Meilleur acteur dans un second rôle : Jamel Debbouze
Nomination Meilleur acteur dans un second rôle : Rufus
Nomination Meilleure actrice dans un second rôle : Isabelle Nanty
Nomination Meilleur scénario original ou adaptation : Jean-Pierre Jeunet , Guillaume Laurant
Nomination Meilleure photo : Bruno Delbonnel
Nomination Meilleur son : Vincent Arnardi , Gérard Hardy , Jean Umansky
Nomination Meilleur montage : Hervé Schneid
Nomination Meilleurs costumes : Madeline Fontaine
Oscar : 2002
Nomination Meilleur scénario original : Jean-Pierre Jeunet , Guillaume Laurant
Nomination Meilleur film étranger
Nomination Meilleure photographie : Bruno Delbonnel
Nomination Meilleurs décors : Aline Bonetto , Marie-Laure Valla
Nomination Meilleur son : Vincent Arnardi , Guillaume Leriche , Jean Umansky
Golden Globe : 2002
Nomination Meilleur film étranger
European Film Awards : 2001
Meilleur Film
Meilleur Réalisateur : Jean-Pierre Jeunet
Meilleur Directeur photo : Bruno Delbonnel
Prix du Public du Meilleur Réalisateur : Jean-Pierre Jeunet
Nomination Meilleure Actrice : Audrey Tautou

 Résumé :
Amélie vit en banlieue. C'est une fille pas comme les autres (et si on l'aime, c'est pas de notre faute). Elle voit tour à tour son poisson rouge disparaître dans le bassin municipal, sa mère mourir sur le parvis de Notre Dame, son père vivre une histoire d'amour incroyable avec un nain de jardin. Amélie quitte cet univers opressant pour aller vivre à Montmartre, où elle est serveuse. Un soir, celui de la mort de Lady Di, le hasard brise un morceau de carrelage dans la salle de bain. Un trou dans le mur abritait une petite boîte à souvenirs d'un enfant qui avait du vivre ici.
Elle tente de retrouver incognito et mystérieusement le propriétaire de la boîte. Il s'appelle Dominique. Il en pleure de joie. Sa vie retrouve soudainement un sens.
Du coup, Amélie a aussi trouvé un but à sa vie : améliorer la vie des autres par petites touches, de la concierge à son voisin, l'Homme de verre; de sa collègue Georgette au client, l'écrivain maudit, Hipolito.
Mais un jour elle tombe sur un garçon étrange, tout aussi timide, beau. A la station Abbesses, Nino Quinquampoix (comme la rue près de Beaubourg) ramasse les photomatons sur le quai du métro. La fascination d'Amélie pour Nino perturbe un peu sa vie... Et Nino va évidemment rentrer dans le jeu d'Amélie. Elle se défile. Il lui court après. S'embrasseront-ils?
C'est une histoire d'amour, avec un grand A. L'amour de Paris et ses pavés, d'Amélie et ses coquetteries, des autres et leurs défauts, leurs qualités. C'est une histoire où on apprend à regarder et aimer son voisin, à vouloir le bien de tous. Et ça n'a rien de chrétien. C'est juste humain!
 Note de la production

Le destin d'Amélie Poulain est entre vos mains

Le 25 avril sort en France Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain, le denier film en date de Jean-Pierre Jeunet.
Cela signifie que ce merveilleux film - dont on ne vous dira pas assez qu'il est " fabuleux " - ne montera pas les marches à Cannes. A deux semaines près... Il y aurait eu légitimement sa place. Mais on sait aussi à quel point les films les plus singuliers peuvent s'y faire assassinés. Plutôt que d'éviter ce risque, Amélie a préféré se dévoiler avant. Car Cannes exige des contraintes : pas de promos avant, pas de projos... et surtout le distributeur voulait l'assurance de pouvoir être sélectionné en janvier, quand le Festival donne ses réponses en avril... Or, il était impératif qu'Amélie soit sur les écrans au printemps.
Ca n'avait pas empêché Cyrano de venir sur la Croisette (et d'y remporter le Prix d'interprétation masculine) ; mais Amélie n'aura pas cette chance - dommage pour les critiques internationaux . Et la France se laissera représenter à Cannes par des films art et essai d'auteurs. Si le succès l'emporte, Jeunet promet une projection spéciale, avec une salle remplie d'Amélie. En attendant, est-ce que le succès sera là ?

Jusqu'ici tout va bien...

Pour le moment, les critiques sont élogieuses. Le Grand Prix de la Fondation Martini lui a été décerné (déjà Delicatessen l'avait obtenu). Et, surtout, le contexte est on ne peut plus favorable.
Depuis le début de l'année, les films français font un carton en salles : comédies ou films de genre (polar, fantastique). Cela a redonné aux goûts au public d'aller voir des productions nationales, différentes, populaires. Les nouvelles stars s'appellent Le Bihan, Cassel, Atika, Garcia, Eric et Ramzy, Diefenthal, ... Les bande-annonces font la promo des Pitof, Dahan et donc du Jeunet. 3 petits clips incompréhensibles sur des visages, des personnages, des excentricités ....
La concurrence sera rude, mais pas insurmontable. Il faudra faire avec les succès des vacances de Pâques : Belphégor, Yamakasi, La tour Montparnasse infernale, .... mais tous seront déjà sur le déclin. Il y aura surtout The Mexican, avec Julia et Brad. Le divertissement divisera cependant le public et ne devrait pas atteindre les mêmes cibles. Donc pas de quoi s'inquiéter, surtout en voyant le boulevard de mai, où aucun nuage ne s'annonce, et ce jusqu'à la fête du cinéma. Encore faut-il que d'ici là Amélie séduise un large public, pour amplifier la rumeur et engranger le triomphe.

Une affiche 4 étoiles...

Pour la rumeur qui précède le film, on peut être assuré que ce film est l'un des plus attendus de l'année, et pas seulement par le budget déployé (72 millions de francs au bas mot), ni les effets visuels réalisés. Car l'atout maître de ce film sera définitivement sa direction artistique, de al musique aux décors en passant par les couleurs et le style. Ce film sera la curiosité à ne pas manquer.
La seconde étoile est évidemment pour le réalisateur. Jean-Pierre Jeunet a déjà la réputation d'un cinéaste inventif, culte grâce à des films comme Délicatessen (déjanté) ou La Cité des enfants perdus (un must), qui l'ont fait apprécié des cinéphiles. Malgré le cauchemar que ce fut, Alien Resurrection, quatrième épisode, lui a permis de mettre son nom dans la lignée des Scott, Cameron, Fincher. C'est, avec Besson, le seul frenchy à avoir fait un hit à Hollywood. Pour de nombreux spectateurs, Jeunet, c'est Alien, et c'est surtout un des rares noms connus des abonnés aux multiplexes.
La troisième étoile c'est Kassovitz. Tout juste auréolé du succès des Rivières Pourpres, il sera aussi membre du jury cannois, ce qui ne peut qu'accentuer la visibilité du film. Jeune star, " Kasso " est la gueule idoine pour le personnage de Nino. Mais la plus brillante des étoiles c'est bien entendu Audrey Tautou, Mademoiselle Amélie. Césarisée l'an dernier pour Vénus Beauté, elle est déjà l'une des actrices les plus demandées sur le web. En couverture de Première, parmi les actrices françaises les plus demandées sur Ecran Noir, Audrey Tautou conjugue la jeunesse, le charme, la séduction, un minois de petit lutin et une interprétation de composition, ce qui n'est pas si courant en France. On peut imaginer que beaucoup succomberont à sa frimousse.


Pas si élémentaire que ça, ma chère Watson

Mais ne croyons pas que le casting fut évident. Au départ Amélie était Emily. Watson. L'actrice de Breaking the waves, qui donc devait incarner une anglaise venant vivre à Montmartre. Mais Emily tombe enceinte et ne peut accepter un tournage si long. Amélie devient Audrey grâce à la complicité du directeur de casting (Benissiou). Audrey créé Amélie.
Pour le reste du casting, ce fut plus simple. Kasso, il l'a rencontré plusieurs années auparavant lors du festival du Film court de Brest, et ils appartiennent à la même famille cinématographique, Jamel, Dominique Pinon, Rufus font partie de ses gueules à la Michel Simon que Jeunet affectionne. Seul le rôle de l'Homme de verre posait problème. Trintignant était pressenti, mais il ne veut plus faire de cinéma. Trintignant ca aurait été un lien logique vers Audiard, avec Kasso... Serrault fut le second choix. Mais il était trop cher. Et il a préféré Belphegor. Ce fut donc Serge Merlin, qui par son absence de notoriété, augmente l'impact de Tautou sur le film...

Le pari d'Amélie c'est Paris

Amélie est née avant Alien. A l'époque Jeunet compilait des anecdotes, des idées ; il n'y avait pas un sujet de film précis, et cela pouvait partir dans 4-5 directions différentes.
Il s'inspirait d'observations, d'histoires vécues (le poisson rouge), de romans (Paul Auster), de la vie de collectionneur de Michel Folco (les photomatons), un film de Vecchiali, de BD de Tardi (le même amour de Paris), d'un style imaginaire à la Prévert...
Car c'est bien Paris qu'il voulait filmer.
" Amélie est un film sur la victoire de l'imagination, ce qui m'amusait, c'était de retrouver, d'imaginer, de réinventer un Paris idéal... ", déclare-t-il.
C'est d'autant plus vrai qu'avant de finaliser ce projet, la FOX l'appelle pour réaliser le quatrième Alien, et qu'après une année sous les palmiers, il ne rêve que de Paris...
Un Paris recréé, pour l'occasion : sans époque, même si l'histoire se passe à la fin des années 90, un peu rétro (citroën DS), sans embouteillage ou stationnement sauvage, relativement printanier, avec des affiches belles et colorées, cohérentes entre elles, aucun graffiti, et un ciel constamment bleuté. " Chaque plan doit être un tableau " se justifie-t-il en citant Kurosawa. Cette exigence esthétique a demande un travail de post production chez Duboi (Le Pacte des loups, Astérix, Alien IV). L'étalonneur était constamment sur le tournage pour assister le directeur photo, Bruno Delbonnel, un copain de 25 ans de Jeunet. C'est aussi le premier film sans Khondji pour Jeunet. Le résultat est saisissant.
Ce cocktail donne une tonalité différente des autres opus du cinéaste, où il remplace la noirceur romantique par une poésie amoureuse plus optimiste.
C'est aussi la première fois que Jeunet tourne en extérieur. Comme il l'avoue lui-même, il fallait bien y passer un jour. Il n'a pas aimé, d'ailleurs. Trop incontrôlable : les gens, le temps, l'argent que cela fait perdre...
Et donc de ce mélange de tournage rue Lepic, rue des Trois Frères et Gare de l'Est, il y a un an, de ces images piquées au zapping de Canal + (l'hallucination du cheval dans la course cycliste), de la découverte de Jamel au temps de Radio Nova, ou encore d'un CD de Yann Tiersen écouté par une stagiaire, de ces Foutaises est né Amélie.

Ce que j'aime bien c'est quand les histoires se finissent bien.

Le film a été acheté un million de dollars par Miramax, cet hiver, dès sa présentation au marché du film américain de Los Angeles. Outre l'Oscar du meilleur film étranger que vise le studio indépendant, Miramax espère surtout faire encore mieux que La Cité des enfants perdus et ses 5 millions de $ de recettes. Jeunet est apprécié. " Amelie from Montmartre " sortira sur les écrans US cet automne.
Chronique d'un triomphe annoncé ? En France, il fera au minimum 2 millions d'entrées et part déjà favori pour les prochains César. Il peut espérer avec une bonne campagne et un excellent bouche à oreille 4 à 5 millions d'entrées.
Le film est fait pour rendre les gens heureux. Il transpire une nouvelle maturité de la part de Jeunet, qui souhaitait un film positif, où l'on construit plutôt que l'on détruit.
" J'avais envie de faire un film qui soit léger, qui fasse rêver, qui fasse plaisir.... "

 Les Personnages
Audrey Tautou : Amélie Poulain
Elle a vu son poisson rouge tenter de se suicider de multiples fois. Fille seule, elle devient serveuse à Montmartre quand elle s'émancipe de la tutelle parentale et banlieusarde. Elle passe son temps à faire des ricochets sur le canal St Martin. Elle aime aussi casser la croûte des crèmes brûlées. Timide, elle vit dans un monde imaginaire, un studio peint en rose, et sans personne avec qui partager son cþur gros comme ça. Jusqu'au jour, où Lady Diana meurt. Ce soir là, elle retrouve une petite boîte de souvenirs, cachée dans un de ses murs. Elle décide de la rendre à son propriétaire, qui doit désormais être adulte. S'il est heureux, elle recommencera avec d'autres : son père, Dominique, Georgette, Lucien, Joseph, Madeleine, Raymond, Hipolito· Il n'y a qu'à Collignon à qui elle jouerait bien des tours. Et puis un jour elle récupère par hasard l'album de collection de photomatons de Nino. Mais, trop effarouchée, de peur de le rencontrer, elle s'amuse à devenir Zorro, justicière masquée. Secrètement, elle rêve du grand amour. Au grand jour, elle répare les cafouillages et désordres de la vie des autres. Raymond et Gina vont tout faire pour que la rencontre avec Nino produise l'étincelle de sa vie. Quelle drôle de destin que celui d'Amélie Poulain.
Adorable blouse rose et craquant pour les vieux messieurs dans Vénus Beauté (César), seins nus dans Le Libertin, romantique active/passive dans Epouse-moi et Le battement d'aile du papillon, Audrey Tautou voit son étoile briller de plus en plus fort dans le cinéma français.

Mathieu Kassovitz : Nino Quincampoix (comme la rue)
Incorrigible romantique à mobylette. Il est caissier à mi-temps dans un vidéo porno de Pigalle, étiquetant des phallus de toutes tailles. Le mercredi, jour des enfants, il s'amuse à jouer les gorilles qui murmurent aux oreilles des filles dans un train fantôme de la Foire du Trône. Et sinon il occupe son temps à collectionner les photos jetées par les clients des photomatons. Mais un visage revient à chaque fois, et il cherche à éclaircir le mystère. En poursuivant ce gars étrange qui se fait tirer le portrait dans tous les photomatons de la capitale, il perd un album...
Jusqu'au jour où il tombe amoureux d'un visage masqué, d'une Zorro en tunique, qui apparemment a récupéré un de ses albums photo égaré.
Mathieu Kassovitz joue les pierrots lunaire, adolescents retardant l'âge adulte. Proche de ses personnages de chez Audiard, il est touchant et gentil. Donc parfait dans ce second-rôle singulier.

Rufus : Raphaël Poulain
C'est le papa d'Amélie. Un papa médecin qui ne touche sa gamine qu'une fois l'an, pour son examen médical. Un contact tactile inhabituel pour la petite fille, qui en fait battre la chamade à son cþur. Le père la déclare cardiaque, inapte à l'école, aux autres et la coupe du monde. Mais Raphaël Poulain est un brave homme qui a peur de tout, des menaces extérieures .Vivant seul en pavillon de banlieue à sa retraite, il se consacre à son nain de jardin. Une profonde dépression l'envahit quand son nain l'abandonne et s'en va faire le tour du monde. Raphaël Poulain pense alors voyager·

Rufus (Jacques Narcy de naissance) en papa bougon et solitaire s'en sort à merveille dans sa relation intime avec un nain de jardin. Après 35 ans de cinéma, de télé, de théâtre, Rufus est un fidèle de Jeunet (Délicatessen, La cité des enfants perdus) et s'est fait récemment remarqué dans Train de Vie.

Lorella Cravotta : Amandine Fouet - Poulain
C'est la maman d'Amélie. La petite fille n'a pas beaucoup de souvenirs, si ce n'est la complicité de sa mère dans la perte de son poisson rouge. Chaque année, le rituel maternel passe par Notre Dame de Paris, pour y brûler un cierge et espérer la venue d'un petit frère. Mais le ciel préfère lui enlever sa maman que de lui donner un frérot. Marguerite Bouchard, touriste québécoise, de profession mais pas de foi, lui tombe dessus comme une vulgaire gargouille. Le chagrin d'amour suicide la Bouchard et tue la Poulain.

Qui connaît Cravotta ? Deschiens sur le petit écran, elle était un petit rôle dans La Cité des enfants perdus. On l'avait découverte chez Chatilliez, jouant souvent les commerçantes ou les voisines. Bref les Madame tout le monde.

Claire Maurier : Suzanne
La tenancière du bistrot, et donc l'employeuse d'Amélie, qui est serveuse. Debout derrière son zinc montmartrois, elle observe les couples se faire et se défaire, pas dupe. Cette ancienne du cirque, amoureuse des équidés, va frôler les 30 ans de comptoir. Le cocktail qu'elle connaît par cþur, le coup de foudre : " prenez deux habitués, de sexe opposé, faites-leur croire qu'ils se trouvent mutuellement irrésistibles, laissez mijoter, ça marche à tous les coups. " Ca ne l'empêche pas d'être généreuse et compréhensive.

Ca se dit pas, mais elle a 72 ans au compteur. La Claire nous la fait grande gueule à qui rien n'échappe. Elle mérite le respect après avoir tourné avec Blier, Klapisch (la mère d'un Air de Famille, c'est elle), Molinaro, Sautet, Truffaut·

Clotilde Mollet : Gina
Avec une grand mère guérisseuse, elle a appris à décontracter les os et articulations de ses clients. Bonne copine, pas douée pour ses propres amours, Gina est la collègue d'Amélie.

Clotilde Mollet est aussi violoniste, jouant de l'archet dans La Crise et Le Violon Rouge, et comédienne auprès de Kasso dans Un héros très discret.

Dominique Pinon : Joseph
Il y en a comme ça, qui passe leur temps à ruminer leurs aigreurs. Joseph est un " jealous guy ", à en être paranoïaque. Il est tous les jours dans ce café, à épier son ex et chacun de ses gestes, Gina. Il enregistre tout, jusqu'au moindre mot dit à un client. Et puis un jour, il découvre une autre femme, qui lui crevait les yeux, pour laquelle il crève d'amour. Il la rend belle, défoule sa libido dans les WC du café, jusqu'à en faire trembler toutes les tasses· Mais sa possessivité va tout gâcher. Et il va encore faire péter les plombs aux femmes, et passer son temps à péter les bulles des emballages en plastiques.

Il a été de toutes les aventures le brave Pinon, Delicatessen, La Cité des enfants perdus, et même Alien IV· Il n'est pas seulement fidèle à Jeunet, mais aussi à Beinex, Polanski· Une tronche du cinéma français non dénuée de talent.

Isabelle Nanty : Georgette
Une buraliste hypocondriaque qui vent des paquets de tabac et se shoote aux médicaments, ça existe. Il lui suffirait juste d'un bon coup pour qu'elle se décoince et arrête de râler par frustration. Elle a toujours un bobo quelque part, un pull en plein été, une raison de se plaindre, et continue à supporter la pollution et les gens, malgré l'impact négatif sur son comportement. Georgette va donc avoir le coup de foudre pour Joseph, sur les conseils de Suzanne. Vous suivez ? Cet amour si soudain va la rendre malade, évidemment·

Cette professeur de comédie est une des actrices les plus respectées, et les plus méconnues. Inoubliable garde vioque dans Tatie Danielle, les acariâtres lui vont bien. On l' a aussi vue dans Les Visiteurs, Le bonheur est dans le pré, Serial Lover·

Serge Merlin : Raymond Dufayel
L'homme de verre, c'est à dire celui qui doit avoir un appartement en coton, qui ne sort jamais, dont chacun des os se brisent. Qu'il ne rencontre pas Gina ! Alors le vieux bonhomme passe le temps à peindre, ou plus précisément à tenter la reproduction parfaite d'un chef d'þuvre de Renoir, cherchant le regard juste. Un tableau par an. C'est aussi un bon voisin très solitaire, qui aide Amélie, qui donne des cours à Lucien, qui connaît tout de ses voisins. Et pour savoir l'heure, il a une manière étrange d'utiliser un caméscope pointée sur une horloge dans la rue, et branché sur sa TV.

Il était le chef des cyclopes dans La Cité des enfants perdus, et son visage n'est pas inconnu depuis qu'on l'a vu dans Le Brasier, Danton, et la série TV du Comte de Monte Cristo. Merlin est une sorte d'enchanteur dans ce film·

Yolande Moreau : Madeleine Wallace
La concierge d'Amélie est une indécrottable nostalgique de son salaud de mari. Alors elle pleure " comme une madeleine " ou comme une " fontaine wallace ", selon les références. Elle lit et relit les lettres de son cher et tendre parti avec une plus jeune qu'elle. C'est bien la seule concierge qui se soucie plus de son sort que des ragots de son immeuble. Il va bien falloir la rendre heureuse, un jour, la concierge...

Yoyo c'est avant tout la paumée chez les Deschiens (on stage, on TV, on DVD). C'est aussi la franchouillarde pas drôle dans Germinal, Le Hussard sur le toit, Un air si pur. Et puis c'est comique troupière chez Chatilliez, Les Inconnus, Serreau, ... Bref on ne peut que l'aimer et , presque, on aurait pitié...

Jamel Debbouze : Lucien
Il aime les légumes qu'il vend, chez l'épicier Collignon, en bas de chez Amélie. Il a une tendresse, une affection pour chacun d'entre eux. Il les bichonne, il les berce. Il aime le travail nickel. Il livre lui-même les clients des immeubles aux alentours. Et il apprend à peindre chez Monsieur Merlin. La générosité même. Amélie l'apprécie bien.

Trappes. Nulle Part Ailleurs sur Canal +. Zonzon, où il est bon. Le ciel les oiseaux ta mère qui le rend populaire. Jamel n'est pas que comique, il le prouve dans ce joli rôle poétique. Et quand il en fait trop Jeunet lui demande de se tenir à carreau. Il en fera certainement trop dans Astérix et Cléopâtre, où il sera scribe.

Urbain Cancellier : Collignon l'épicier
Raciste. Bête. Vieux garçon qui ose mettre le numéro de sa mère en mémoire après celui des halles de Rungis. Vieux pantouflard pas aimé. Humiliant les plus faibles, il ne supporte pas la contestation. Il tue les timides et ses habitudes étouffent le moindre sentiment qu'il pourrait avoir.
Il ressemble beaucoup aux minables lâches des précédents films de Jeunet. Collignon mérite une bonne leçon.

Il était le Roi dans Ridicule. Il est adepte des fictions costumées (La dame aux camélias, Le Bossu). Urbain Cancellier n'a pas d'états d'âme à être détestable et le moins gentil du film..