Constantine
Réalisateur : Francis Lawrence

Genre : Fantastique, Action

Date : 16 février 2005

Durée : 2 h 01

Origine : Américain

Distribution : Warner Bros

D'après l'oeuvre de : Jamie Delano, Garth Ennis

 

Résumé

Note de la production

Acteurs :

Keanu Reeves : John Constantine

Rachel Weisz : Angela

Tida Swinton : Gabriel

Peter Stormare : Satan

Michelle Monaghan : Ellie

Djimon Hounsou : Papa Midnite

Directeur Photo : Philippe Rousselot

Musique : Brian Tyler

Chef décorateur : Naomi Shohan

Décorateur : Douglas Mowat

Costumes :

Louise Frogley

Kacy Treadway

Montage : Wayne Warhman

Scénario :

Mark Bomback

Franck Cappello

 

Producteur :

Akiva Goldsman

Erwin Stoff

Michael E. Uslan

Lorenzo  Di Bonaventura

Lauren Shuler Donner

Production :

Warner Bros

Village Roadshow Pictures

Producteur exécutif :

Gilbert Adjer

Michael Aquilar

Lieux de tournage : Los Angeles, Californie, USA.

Budget :

Site officiel : http://wwws.warnerbros.fr/movies/constantine/?frompromo=movies_vault_constantine

Récompenses :

 Résumé :

John Constantine a vécu, l'espace de quelques instants, tous les supplices de l'Enfer, et cette plongée dans l'horreur lui a suffi pour mesurer ce qui l'attendait s'il ratait sa deuxième et ultime chance de salut.
Ressuscité contre son gré, maudissant cette faculté qui lui a permis dès  l'enfance de distinguer au premier regard les anges et les démons qui nous entourent, Constantine est de retour sur Terre. Avec une mission : combattre et renvoyer aux ténèbres les légions de Satan.

Constantine, pourtant, n'a rien d'un saint, et son but est purement intéressé. La tâche, il le sait, va mobiliser toutes ses ressources, et la terrible maladie dont il est atteint en rend l'achèvement des plus improbable.

Mais il n'a pas le choix : son dernier espoir de salut en dépend…

Note de la production

La production
Le bon réalisateur
Personnages et interprètes
L'enfer sur Terre - du dessin de la Création
Démons, Métis et Mangeur d'Anne
Costumes et maquillages
Cascades et combats
L'arsenal de Constantine

La production

"Et si je vous disais que Dieu et le Diable ont fait de toute éternité un pari sur nos âmes?" – John Constantine
Imaginons que la vie sur Terre repose depuis toujours sur un délicat équilibre entre les forces du Bien et du Mal ; que le monde bénéficie d'un état de détente généralisé ; que les humains puissent librement choisir leur destin sur Terre, et décider par là même de leur sort dans l'au-delà, certains optant pour le Ciel, d'autres pour l'Enfer.
Une clause de ce "divin" pari dont nos âmes sont l'enjeu stipule que ni Dieu ni Satan ne peuvent entrer en contact direct avec le genre humain pour empêcher l'exercice de son libre-arbitre. Ils peuvent, en revanche, nous influencer par le biais d'intermédiaires, qui ne sont à proprement parler ni anges, ni démons. Ces agents d'influence, on les nommerait des "métis".
"Que vous ayez été un modèle de vertu ou une odieuse crapule, on vous renverra sur Terre pour de nouvelles missions, après avoir emballé votre âme dans une enveloppe humaine" affirme John Constantine qui en a fait la très étrange expérience.
Ces "métis" d'apparence ordinaire sont partout. Ils nous entourent à notre insu, car rien ne permet de les distinguer du commun des mortels. "Ils circulent sur nos routes, ils exercent un métier, ils entretiennent toutes sortes de relations avec les "hôtes" humains qu'ils ont investis. Votre conjoint, votre meilleur ami pourrait être l'un d'eux", explique le réalisateur Francis Lawrence.
Mais John Constantine, lui, peut les voir…
Depuis sa plus tendre enfance, Constantine possède en effet une faculté rare : percevoir la vraie nature des choses sans se laisser abuser par les apparences. Mais ce don lui pèse tant qu'il le considère comme une malédiction. Pour s'en défaire, il s'est résolu au suicide, espérant ainsi jouir du repos éternel. Au lieu de quoi, il a plongé durant deux longues et terrifiantes minutes au cœur de l'enfer… avant de ressusciter.
Depuis, sachant ce qui l'attend après la mort, John Constantine a tout fait pour conjurer le destin. Ne pouvant espérer le salut par des voies ordinaires, il a décidé de gagner sa place au Ciel en faisant la guerre aux "métis" démoniaques qui infestent notre planète. Expert en démonologie et en magie noire, escroc accompli, Constantine ne lésine pas sur les moyens : des reliques sacrées à ses poings nus, tout lui est bon pour éliminer ses innombrables ennemis.
Constantine n'a pourtant rien d'un héros pur et dur. Sa motivation est purement pragmatique, et son comportement de plus en plus cynique à mesure qu'il constate l'inefficacité de ses efforts.
L'amertume du personnage, l'exotisme radical du contexte séduisirent d'emblée Keanu Reeves :
"CONSTANTINE est l'un des meilleurs scripts qu'il m'ait été donné de lire. Il combine humour, intelligence, vitalité. Rien n'y est souligné, le mystère et les contradictions abondent. Constantine a un sens moral, mais son comportement laisse fortement à désirer, et c'est sans délicatesse aucune qu'il joue les redresseurs de torts. C'est bel et bien un antihéros, et d'un genre que je ne connaissais pas."
Des créatures métisses des deux camps s'ingénient à tourmenter en permanence l'exorciste renégat qu'est Constantine. L'angélique Gabriel (Tilda Swinton), descendu(e) sur Terre pour contrôler l'accès des hommes au Ciel, refuse obstinément à notre "héros" le salut auquel il aspire, lui répète sans ménagement qu'on n'achète pas son entrée au paradis, tandis que l'émissaire satanique Balthazar (Gavin Rossdale) tourne en dérision les futiles efforts de Constantine et lui rappelle que ses jours sont comptés. Le fait que Constantine souffre d'un cancer du poumon en phase terminale ne peut, bien sûr, que le réjouir.
Parmi les trop rares alliés de John Constantine figure le jeune Chaz (Shia LaBeouf), son fidèle chauffeur, disciple et apprenti. Celui-ci compense son manque d'expérience par ses connaissances encyclopédiques en matière de religion et de phénomènes paranormaux, dans l'espoir qu'un jour Constantine fera appel à lui.
Midnite (Djimoun Hounsou), l'ancien camarade de Constantine, serait certainement son meilleur allié si ce dernier n'avait brûlé tous ses vaisseaux. Jadis guérisseur et sorcier, Midnite se veut neutre et ouvre son cabaret aux métis des deux camps, en incitant Constantine à faire preuve de la même magnanimité.
Mais Constantine persiste dans son combat, car il n'a pas le choix.
Lorsque son vieil ami, le Père Hennessy (Pruitt Taylor Vince), l'appelle pour exorciser une fillette, John Constantine ne s'attend à rien de particulier car il a déjà accompli cent fois ce rituel. Mais la cérémonie prend une tournure inhabituelle et passablement inquiétante : le démon, cette fois, ne cherche pas à prendre possession de sa petite victime, mais à utiliser son corps pour pénétrer dans notre monde. Une entorse patente, inconcevable, à la sacro-sainte règle de l'équilibre des forces du Bien et du Mal.
La suite se révèle encore plus troublante. Rentrant chez lui par les rues obscures des bas-quartiers de L. A., Constantine est attaqué par un démon – pas un banal métis, mais une créature 100% démoniaque, un intrus prenant outrageusement possession de son territoire.
Plus tard, alors qu'il médite sur ces inexplicables et terrifiants événements, Constantine reçoit la visite d'Angela Dodson (Rachel Weisz), une inspectrice de police qui cherche à percer le mystère du suicide de sa sœur jumelle, Isabel. La religion lui ayant appris que le suicide était un péché mortel, Angela ne peut accepter un tel geste. Les enregistrements vidéo des caméras de surveillance montrent cependant Isabelle sautant du toit. Mais n'aurait-elle pas été poussée par quelque force surnaturelle? Seul Constantine pourrait répondre à une telle question.
Absorbé par ses propres problèmes, Constantine refuse d'abord d'aider la jeune femme, mais change soudain d'avis lorsqu'il découvre qu'elle est suivie par une créature satanique. D'instinct, il comprend qu'Angela est la clé des phénomènes diaboliques qui se multiplient autour d'eux.
Une chose est sûre : l'équilibre des forces est sur le point de rompre. Un événement d'importance se prépare…

Le bon réalisateur

Déjà connu pour une brillante série de vidéos musicales, le réalisateur Francis Lawrence voue un culte au film noir et fut "d'emblée attiré par le personnage de John Constantine, son côté antihéros et la tonalité générale de l'histoire. Le monde de John Constantine ne ressemble à aucun autre, et l'intrigue vous entraîne dans des voies totalement inattendues."
Lawrence se plongea dans le matériau d'origine, développa un ensemble de dessins et de concepts avant de présenter sa candidature. Contrairement aux attentes des producteurs, il n'aborda pas le projet par ses aspects visuels. "Ses talents en ce domaine sont pourtant assez évidents", note Di Bonaventura, "mais lors de ce premier meeting, c'est du script et des personnages que Francis nous entretint pendant deux heures, sans jamais évoquer les questions de look. Ordinairement, un réalisateur issu de la vidéo ou de la pub s'appuie sur des références visuelles, car c'est ce qu'il connaît le mieux. En treize ans de carrière, je n'avais jamais vu quelqu'un déroger à ce principe. C'était donc assez étonnant. Mais ce qui nous a le plus impressionnés fut sa capacité à analyser les fondamentaux de chaque scène."
Lawrence n'en était pas moins totalement préparé à discuter l'imagerie du film.
Akiva Goldsman :
"Au vu de ses dessins, j'ai tout de suite été séduit par son désir de faire coexister le ciel et l'enfer au sein de notre monde, de traiter l'enfer comme le miroir de notre espace quotidien. Francis avait élaboré une topographie très précise de ces univers, permettant au spectateur de visualiser l'inimaginable d'une façon radicalement originale. C'était brillant et totalement approprié au film."
Francis Lawrence :
"J'ai passé en revue différentes représentations picturales de l'enfer, non seulement chez Bosch et Bruegel, amis aussi chez les nombreux artistes qui en font un espace abstrait, un vaste trou noir. Pour ma part, je voulais des images auxquelles on puisse se raccrocher, dotées de structures reconnaissables. Ainsi, lorsque Constantine se rend dans l'appartement d'Angela et y franchit momentanément le seuil de l'enfer, il échoue dans la réplique "infernale" de ce logis ; idem lorsqu'il sort dans la rue et se retrouve de l'autre côté du miroir, dans la version infernale d'une rue de L. A. Ce sont là des environnements que le spectateur peut facilement imaginer, voir, toucher…"
Lawrence fournit aussi des descriptions détaillées des divers démons et esprits évoqués dans le scénario et fit plusieurs propositions de casting judicieuses. "Un grand nombre des suggestions qu'il fit dès ce premier meeting ont été retenues", souligne Stoff.
Une approche aussi novatrice ne pouvait que servir un film où l'ambiguïté est reine, où aucun personnage n'est totalement bon ni totalement mauvais et ne s'inscrit dans une perspective conventionnelle : une femme policier endurcie recourant au paranormal pour retrouver l'espoir ; un ange animé d'étranges intentions ; un prêtre incapable d'accomplir des exorcismes ; un propriétaire de night-club aux allégeances troubles… et au beau milieu de tout cela, un héros qui ne veut PAS être un héros. Ou pour citer le scénariste Frank Cappello : "Voilà un type qui a des problèmes avec Dieu, qui hait le Diable, qui se bat contre les plus horribles démons, mais ne peut renoncer à ses mauvaises habitudes, qui vont lui coûter la vie. En fin de compte, Constantine'est un homme qui essaie de se sauver lui-même, et pas le monde."
"Rien n'est totalement expliqué dans ce film", souligne Goldsman. Nous n'avons cherché à ce que le public comprenne chaque détail, nous avons voulu lui faire vivre une expérience forte." Et di Bonaventura d'ajouter : "Ce film n'est pas un prêche, il n'essaie pas d'emporter votre conviction, il vise à vous offrir d'abord un solide divertissement et, peut-être, plus tard, à vous inspirer un échange intellectuel, émotionnel ou philosophique. Commençons par vous faire peur ; les grandes questions viendront après…"

Personnages et interprètes

Keanu Reeves participa de près à l'élaboration du personnage central. "Il s'est métamorphosé en Constantine au fil du développement et des répétitions, contribuant à quantité de répliques. Il adorait manifestement ce rôle", rapporte Akiva Goldsman. "Keanu a plongé profondément en lui-même pour donner toute sa noirceur au personnage", poursuit Lawrence. "Le sarcasme est devenu sa seconde nature, un moyen d'exposer le point de vue d'un homme totalement hanté."
"Constantine est tout entier dans ses attitudes", rappelle Di Bonaventura. On peut parler à son sujet d'irrespect, de fatalisme, d'ironie, de bravade." Et Reeves de préciser : "Il a une approche cavalière des choses les plus extravagantes et les plus terrifiantes. Lorsque Angela veut savoir si sa sœur est en enfer, Constantine lui dit simplement : "O. K., allons jeter un coup d'œil", comme s'il s'agissait de faire une petite balade!"
Constantine excelle à ce "job" qu'il n'a sans doute jamais souhaité exercer, mais dont il tire une certaine fierté. Ce n'est qu'une contradiction de plus à porter au crédit du personnage, et qui contribue à son cynisme affiché. Mais, ainsi que le fait remarquer Stoff, "les gens les plus cyniques sont fréquemment des romantiques et des idéalistes déçus."
Constantine peut aussi se montrer agressif et asocial, un trait de caractère que Reeves eut plaisir à interpréter. Lorsqu'il rejette abruptement le premier appel à l'aide d'Angela, "il n'est simplement pas d'humeur à parler", explique l'acteur. "Il préfère, de toute manière, que les gens gardent leurs distances, car ceux qui l'approchent de trop près font rarement de vieux os."
À la fin de cette scène, Constantine se ravise cependant et se lance au secours de l'inspectrice, traquée par un démon. Faut-il y voir un regret ou un geste intéressé? Et l'acteur de noter que "l'on découvrira par la suite que cette femme a un rôle précis dans la multiplication des activités démoniaques ainsi que dans la vaste énigme que Constantine s'efforce de résoudre."
John Constantine est globalement, selon la formule de Brodbit, "le plus réticent des héros. Il ne fait pas le moindre effort pour se rendre aimable, il refuse de s'attacher aux gens car cela ne lui apporte que des souffrances. Il extirperait volontiers de son âme toute faculté de compassion."
"Il n'en effectue pas moins un parcours héroïque", nuance Akiva Goldsman, "mais à contrecœur, et en répétant à tout moment qu'il n'est pas un héros!"
Les producteurs confièrent le rôle pivot de l'inspectrice Angela Dodson à Rachel Weisz (STALINGRAD, LE MAÎTRE DU JEU, LA MOMIE).
Francis Lawrence :
"Il nous fallait une actrice crédible à un double point de vue : en tant qu'officier de police et en tant que voyante. Angela n'est pas simplement une femme à poigne, intelligente et compétente ; c'est aussi quelqu'un qui possède, malgré elle, un don très particulier."
Rachel Weisz étudia avec un conseiller de la police le maniement des armes et la gestuelle spécifique des policiers et travailla aussi avec un médium exerçant à L. A.
Rachel Weisz :
"Angela se transforme énormément au fil de l'action. Après avoir refusé de croire en ses facultés paranormales - qu'elle refoule depuis l'enfance -, elle en admettra la possibilité, puis acceptera d'en faire usage. C'était une progression très intéressante à jouer."
Rachel Weisz interprète aussi la jumelle d'Angela, Isabelle, jeune femme profondément perturbée dont la mort tragique angoisse et culpabilise la jeune inspectrice.
Rachel Weisz :
"Les deux sœurs possédaient les mêmes facultés, mais y réagirent différemment. Isabelle eut le tort d'en parler à sa famille hyper dévote, et en paya le prix. Elle sombra dans la folie. Angela les garda secrètes, et survécut. C'est maintenant elle qui en paye le prix, car cela la tourmente et l'empêche de vivre pleinement sa vie."
Lauren Shuler Donner :
"Angela et Constantine consacrent tout leur temps à lutter contre le mal – elle dans le strict respect de la loi, lui à sa manière bien particulière. Il est naturel qu'ils soient attirés l'un vers l'autre, tant ils ont de choses en commun."
Constantine est flanqué du jeune Chaz (Shia LaBeouf) qui fait fonction de chauffeur, d'apprenti, de confident et d'ami. Celui-ci compense la modestie de ses dons et de ses ambitions par un zèle effréné. Fasciné par la tâche que son "maître" s'est assignée, il accumule des informations d'ordre religieux ou historique qui lui permettront peut-être un jour de participer à l'une des délicates et périlleuses missions de Constantine.
Shia LaBeouf :
"Chaz est fasciné par Constantine, il en a fait son idole et son modèle. Bavard impénitent, il ajoute une petite note comique au film, tant par son verbiage que par l'intensité de ses réactions émotionnelles."
Pour le rôle de l'ange Gabriel, émissaire androgyne de Dieu sur Terre, Francis Lawrence suggéra Tilda Swinton. La célèbre interprète d'ORLANDO ne devrait pas seulement exprimer l'ambiguïté sexuelle du personnage, mais aussi sa puissance, sa luminosité, sa distance à l'égard du monde.
Tilda Swinton :
"J'étais ravie à l'idée de jouer cette créature mi-homme, mi-femme. Nous avons essayé de donner corps à ce concept sans tomber pour autant dans le "chic androgyne" cher à certains créateurs de mode."
"Tilda confère une grande élégance, une réelle distinction à ce rôle, et le rend même relativement sympathique, ce qui n'était pas évident d'un personnage que Constantine traite de snob et juge arrogant et dénué de compassion."
"Gabriel est la seule entité à qui Constantine puisse s'adresser directement pour éviter d'échouer en enfer", poursuit l'actrice. Mais à chacune de ses demandes, il/elle répond par la négative. Pour accéder au ciel, il faut avoir la foi, c'est-à-dire croire sans exiger de preuves. Constantine n'y est pas prêt."
Le Père Hennessy (interprété par Pruitt Taylor Vince) est l'un des rares vrais amis de Constantine . Épuisé par ses combats contre le mal, il fait souvent appel à lui pour pratiquer les exorcismes que son grand âge lui interdit. Ses années d'expérience l'ont rendu sensible aux plus discrètes et subtiles "vibrations" de l'au-delà, dont il ne manque pas d'informer John Constantine.
Pruitt Taylor Vince :
"J'aime les personnages qui présentent des failles et une face d'ombre. Hennessy est tout sauf un chevalier blanc. Il a certainement été un très bon prêtre, mais l'homme a fini par ployer sous le poids de certains démons - tant extérieurs qu'intérieurs. Il a assisté à trop de drames, il n'a pas envie d'en voir davantage et l'alcool est devenu son refuge."
L'ancien guérisseur et sorcier Midnite, qu'incarne Djimoun Hounsou, est une autre figure clé de l'entourage de Constantine. Homme d'affaires prospère, grand collectionneur de reliques, il accueille dans son night-club des "métis" des deux camps.
Djimoun Hounsou :
"Il ne s'intéresse apparemment qu'au bizness, mais il a n'a pas totalement oublié ses racines. À chacune de ses apparitions, il nous livre, malgré lui, une nouvelle facette de sa personnalité. J'adore ce rôle!"
Les allégeances de Midnite sont aussi obscures que ses origines.
Francis Lawrence :
"Je pense que Constantine et lui étaient associés quelques années auparavant, mais que certains malentendus et une bonne dose de méfiance ont altéré leurs relations.
"Djimoun possède un talent rare. Il confère à Midnite la force et la présence qu'appelait le rôle, tout en veillant à ce qu'il reste sympathique et attachant, alors même que nous ne savons qu'en attendre."
Parmi ses clients réguliers, l'énigmatique tenancier compte le vil et dangereux métis Balthazar, interprété par Gavin Rossdale du groupe anglais Bush.
Francis Lawrence :
"Vous détesterez tout de suite ce mec, tant il est beau, clean… et pourri. Gavin a su le rendre totalement répugnant, comme il convenait;"
Et Lauren Shuler Donner de préciser qu'il fallait à cet inquiétant émissaire démoniaque "un interprète séduisant, suave et doté d'une bonne dose de malice."
Fasciné par le script, Rossdale fut aussi séduit par la qualité exceptionnelle de l'équipe, et note à propos de son rôle que "Balthazar est à la fois l'ennemi juré, le tourmenteur et le contraire absolu de Constantine."
Pour le rôle du "patron" de Balthazar – Satan himself! -, Lawrence trouva son interprète idéal en la personne de l'acteur suédois Peter Stormare (FARGO, MINORITY REPORT)
Peter Stormare :
"On a souvent dépeint le Diable qui se reconnaît instantanément à ses cornes, à sa pilosité abondante, à sa queue fourchue, à ses sabots. J'ai proposé à Francis de le jouer à visage découvert, sans ses oripeaux habituels, en laissant au spectateur le plein usage de son imagination. Lorsqu'il se balade dans L. A. ou dans toute autre ville du monde, Satan doit se fondre la foule et ressembler au premier quidam venu."
Francis Lawrence :
"Cela collait totalement avec ma propre vision. Je voulais un personnage blasé, impassible, dénué d'émotions, qui n'aurait pas besoin d'attirer l'attention sur lui pour se faire obéir. C'est Satan, après tout!"
Dernier des personnages clés, l'érudit Beeman (interprété par Max Baker) fournit à son ami Constantine des reliques sacrées qui ont la vertu de guérir, protéger… ou détruire. "À l'instar de Q dans la série "James Bond", c'est un pur chercheur dont la seule fonction est de livrer à notre héros des accessoires rares d'une grande puissance", note avec humour Lawrence.

L'enfer sur Terre - du dessin de la Création

"Le Ciel et l'Enfer sont à portée de main, derrière chaque mur et chaque fenêtre. C'est l'arrière-monde qui nous cerne de partout." – John Constantine
Le riche paysage visuel de CONSTANTINE est le fruit d'une collaboration suivie entre la chef décoratrice Naomi Shohan, le directeur photo Philippe Rousselot, le superviseur des effets visuels Michael Fink et l'équipe Créatures de Stan Winston, opérant sous la direction de Francis Lawrence, avec ses dessins originaux comme principale source d'inspiration.
Le monde de John Constantine est tourmenté et ténébreux. Dérivé du film noir classique, il est marqué par une abondance de séquences urbaines nocturnes et d'images emblématiques : éclairages expressionnistes, cadrages obliques, brumes, reflets sur l'asphalte humide, etc.
Lauren Shuler Donner :
"Le look du film est âpre, dense, très beau. Il évoque à sa manière une époque révolue, tout en étant totalement contemporain."
Lawrence commença par rencontrer la chef décoratrice Naomi Shohan, citée au British Academy Award pour AMERICAN BEAUTY. Le réalisateur, qui souhaitait capter l'ambiance de certains bas-quartiers de Los Angeles, "fort éloignés de Malibu ou Beverly Hills", avait été particulièrement impressionné par l'approche réaliste de Shohan sur le drame urbain TRAINING DAY. "L. A., ses textures, sa diversité ethnique, lui sont familiers. Nous nous sommes tout de suite entendus sur les grandes orientations esthétiques."
Lawrence, Naomi Shohan et le régisseur d'extérieurs Molly Allen sillonnèrent ensemble la ville pour sélectionner les décors naturels du film.
Parmi les sites retenus figurent : l'Hacienda Real Night Club (qui devint le bar branché de Midnite) ; le Marché de la Cinquième Rue (théâtre de la confrontation finale entre le Père Hennessy et Balthazar) ; l'hôpital St. Mary ; Long Beach ; l'Angeles Abbey Memorial Park de Compton.
L'équipe utilisa en outre six plateaux des Studios Warner Bros. pour y édifier, notamment, la salle d'hydrothérapie de l'hôpital et recréer grandeur nature quelque 700 mètres de l'Autoroute 101.
C'est ce décor monumental, construit en l'espace de 8 semaines, que Lawrence choisit pour représenter l'Enfer sur Terre. On y retrouve la plupart des caractéristiques originales de l'une des plus redoutables voies d'accès à L. A., transfigurées en une vision d'Apocalypse.
Naomi Shohan :
"Le décor est jonché d'épaves de voitures plus ou moins décomposées. Parmi cette quarantaine de carcasses figurent des pièces de collection choisies pour leurs formes distinctives, ainsi que des portions de véhicule, sculptées, agrémentées de "stalactites" et filaments de métal fondu et tordus. Ces structures sont recouvertes d'une couche de latex qui leur donne l'apparence d'un corps en décomposition. L'ensemble du décor a été peint couleur rouille pour donner à cette vaste décharge l'apparence de l'ancien et suggérer sa dégradation continue."
Le superviseur des effets visuels Michael Fink fit une réplique numérique, enrichie, de ce décor. Les carcasses des véhicules furent remodelées en ordinateur de manière à ce que chacune puisse subir de nouveaux outrages (érosion, explosions, etc.) et être occupées ou "traversées" par des démons numériques.
Michael Fink :
"J'ai cherché à créer un paysage qu'on pourrait croire ravagé par une explosion nucléaire et qui continuerait de muter jusqu'à la fin des temps."
Fink, qui occupe ce poste depuis une bonne vingtaine d'années, a travaillé sur de nombreuses grosses productions, dont BATMAN LE DÉFI (qui lui valut une citation à l'Oscar), ainsi que X-MEN et X 2 (pour la productrice Lauren Shuler Donner).
Craig Hayes, superviseur des effets visuels aux Studios Tippett (MATRIX RÉVOLUTIONS, L'HOMME SANS OMBRE) dirigea une équipe d'artistes chargée d'enrichir les environnements virtuels par l'ajout d'effets "fluides et dynamiques, tels que débris, particules volantes, détritus et objets enflammés".
L'élaboration de ce L. A. "infernal" nécessita aussi la création d'une vaste réplique numérique, parfaitement réaliste, couvrant plusieurs quartiers emblématiques de la ville, d'Hollywood aux confins de l'immeuble de Capitol Records.
Philippe Rousselot se partage depuis plusieurs années entre la France et les États-Unis, où il remporta l'Oscar pour ET AU MILIEU COULE UNE RIVIÈRE de Robert Redford et éclaira récemment BIG FISH de Tim Burton. Motivé par "un désir permanent de renouvellement", il trouva l'inspiration de certaines de ses compositions et options stylistiques dans les romans graphiques originaux du cycle "Hellblazer" : "J'ai multiplié les plans larges, les grands angulaires, en plongée et en contre-plongée, et adopté les points de vue "extrêmes" propres aux comics et qu'il me semblait important de préserver. Pour ce qui est de la lumière et de la palette chromatique, nous avons beaucoup joué sur les contrastes et les couleurs fortes, notamment des verts et orange très intenses."
Grand créateur d'atmosphères, Rousselot n'en fut pas moins attentif à ne pas "copier" le style comics, et favorisa une approche subliminale puisant à diverses sources d'inspiration – dont un album de photos de Cuba que lui avait fait communiqué le réalisateur. "On ne peut pas transposer directement au cinéma l'image d'un roman graphique. C'est plutôt la conception générale de celui-ci qui devait nous guider dans la recherche de la lumière organique et simple souhaitée par Francis Lawrence."

Démons, Métis et Mangeur d'Anne

"Lorsque j'étais enfant, je pouvais voir des choses… que les humains ne sont pas censés voir." – John Constantine

Sous le regard de Constantine, le monde se révèle peuplé de métis démoniaques, invisibles à l'œil ordinaire, car dissimulés sous une apparence humaine.
Dans les enfers, évoluent à la fois de purs démons et des mangeurs d'âmes. Ces derniers constituent une variété de damnés, aveugles mais particulièrement redoutables. Ayant perdu leur âme, ces cruels prédateurs en sont réduits à se nourrir de celles des nouveaux arrivants. Le réalisateur s'inspira ici de photos scientifiques de cadavres dont on avait extrait le cerveau.
Francis Lawrence :
"J'ai essayé de retrouver l'impact de ces images tout en préservant une dimension humaine chez ces créatures rampantes et monstrueuses qui furent jadis nos semblables. Les mangeurs n'ont plus d'âme, plus de cerveau, plus d'yeux. Il ne leur reste que le sinus, la bouche et un corps malingre, souple, élastique… et perpétuellement affamé."
Les centaines de mangeurs d'âmes qui peuplent le film ont pour origine un seul et même prototype articulé, conçu au célèbre atelier de Stan Winston sous la direction du superviseur des Effets Créatures John Rosengrant (TERMINATOR 3). Basé sur des dessins de Lawrence, Naomi Shohan et Aaron Simms (directeur artistique des Studios Stan Winston), ce prédateur infernal fut d'abord dessiné en ordinateur avant d'être sculpté en volume, habillé et texturé. Dans un troisième temps, il en fut réalisé un moulage équipé d'un squelette articulé et mécanisé. Le tout fut ensuite emmailloté d'une couche de latex reproduisant la texture de la peau. La marionnette résultante était opérée par sept techniciens et – se réjouit Rosengrant - "parfaitement horrible".
C'est à partir de cette marionnette, qui apparaît plusieurs gros plans du film, et d'autres modèles réduits, conçus et fabriqués chez Winston, que l'équipe de Craig Hayes produisit les images de synthèse d'une véritable horde de monstres capables d'exécuter les cascades (numériques) les plus extravagantes et de hanter pour longtemps nos cauchemars.

Costumes et maquillages

L'effet "miroir" jouant à la fois pour les décors et pour les costumes, on ne s'étonnera pas de voir les morts porter en Enfer leurs tenues terrestres.
La chef costumière Louise Frogley (TRAFFIC, SPY GAME) détaille ce parti-pris :
"Francis tenait à cette continuité. Mais, lorsqu'un personnage passe "de l'autre côté", ses vêtements ne tardent pas à se détériorer. En l'absence d'eau, ils se salissent, au même degré que ceux qui les portent, se dessèchent, se couvrent d'une crasse épaisse. Pour obtenir cet effet, nous avons blanchi et vieilli les étoffes par un lavage intensif suivi de l'application de poil de yak, de latex liquide et de poussière, puis d'un séchage à haute température, l'ensemble du processus s'étalant sur 48 heures."
Louis Frogley s'attache à mettre en valeur la personnalité de chaque protagoniste sans se soucier d'élaborer une "palette" d'ensemble :
"Midnite est flashy, haut en couleur, tandis que Chaz est juvénile et relax. Angela devait avoir un look athlétique, professionnel, sexy mais sans ostentation. Constantine est habillé classique, cool, noir et blanc, sérieux, linéaire, avec des contours parfaitement rectilignes."
L'esprit film noir n'imprègne pas seulement le comportement de John Constantine, mais ses tenues : "On y décèle une légère influence de la mode anglaise des années soixante, notamment pour ce qui est de son imperméable. Cette garde-robe près du corps met en valeur la minceur et la grâce de Keanu."
Louise Frogley conçut pour la première apparition de Gabriel un ensemble d'une grande élégance, doté, bien sûr, de l'ample paire d'ailes sans laquelle aucun ange digne de ce nom n'oserait se montrer.
En concertation avec les Studios Stan Winston, Louise Frogley et son équipe créèrent aussi les costumes de l'abject "Vermine", une créature de forme vaguement humaine qui attaque Constantine dans la rue avant d'exploser en dégorgeant quantité de serpents, scorpions et cancrelats.
Louise Frogley :
"Mike Fink suggéra que ce monstre soit vêtu de… termites. Notre spécialiste Textiles, Marietta Lang, travailla durant longuement sur ce concept et soumit divers échantillons avant que nous n'aboutissions au produit final, associant toison animale, laine, toile, perles, paillettes, plumes, cheveux et insectes. Un mélange parfaitement révoltant!"
Lauréate de multiples Oscars, la chef maquilleuse Ve Neill (BEETLEJUICE, MADAME DOUBTFIRE, ED WOOD) supervisa une équipe de quinze artistes affectés aux tâches les plus variées, du grimage traditionnel aux maquillages horrifiants des démons et métis en passant par les subtiles altérations de l'apparence physique de Constantine.
Ve Neill :
"Les éclairages, parcimonieux, creusent encore un peu plus le visage émacié de Constantine en projetant sur les murs de discrets reflets jaunes-verts. Il était donc inutile de "charger la barque", surtout dans les premières scènes, et j'ai procédé par petites touches pour suggérer la dégradation de son état sous l'influence combinée de la maladie, des coups encaissés et de la fatigue accumulée au fil des bagarres."

Cascades et combats

"Au fil des scènes, Constantine se fait périodiquement agresser. On lui cogne dessus, on le secoue comme un prunier, on cherche à l'étouffer, à l'étrangler… l'enjeu étant de mesurer sa capacité à rebondir", commente avec humour un Keanu Reeves ravi d'être mêlé à tant d'action.
L'acteur retrouve ici une nouvelle fois le célèbre chef cascadeur R. A. Rondell, qu'il connaît depuis POINT BREAK (1991) et avec lequel il travailla abondamment sur MATRIX RELOADED et MATRIX RÉVOLUTIONS. Un profond rapport et d'estime et de confiance lie le comédien à Rondell et son équipe. Rondell ne manque d'ailleurs pas de louer les dispositions athlétiques de Reeves et son exceptionnelle ténacité : "Keanu s'engage intensément et ne relâche jamais ses efforts. C'est un cadeau pour nous. Cela nous permet d'aller aux limites de ce qu'un acteur peut fournir."
Pour Reeves, cet engagement physique renforce la crédibilité de l'interprétation et l'impact de la scène : "Au lieu de devoir tricher par un plan de coupe sur une doublure, on peut ainsi continuer à me filmer "serré", face au danger, et illustrer par là même la vulnérabilité du personnage."
Les épreuves furent, cette fois, multiples : exorcismes violents, bagarres à poings nus contre les démons, explosions, envols, etc.
Le combat le plus élaboré et le plus spectaculaire du film oppose Constantine et Chaz à une horde de métis démoniaques dans une salle de l'hôpital Ravenscar. Les cascades, réalisées à l'aide de filins, présentaient un double challenge logistique, du fait du nombre élevé de participants (une bonne douzaine de cascadeurs) et de l'exiguïté du décor, bas de plafond. S'y ajoutait le désir de Francis Lawrence et Rondell de tourner la scène en plan séquence pour préserver la fluidité et la continuité rythmique de l'action plutôt que de recourir aux habituels effets de montage.
Rachel Weisz ne fut pas épargnée. Après avoir été maintenue de force sous l'eau par Keanu Reeves (un "gag" potentiellement mortel si l'on ne différencie pas les efforts "joués" de la victime et ses signaux de détresse), elle dut affronter une légion de créatures maléfiques dans la piscine de l'hôpital. "En plongeant, ma tête a heurté le fond, et à la fin de ses scènes aquatiques, j'ai exhibé pendant des semaines quantité de bleus et d'écorchures. Mais, fort heureusement, rien de cassé."
Chaz se devait de participer à ces réjouissances. "Nous avons harnaché Shia, l'avons hissé dans les airs et fait retomber d'un coup au sol", détaille Rondell. "C'est toujours très payant de voir l'acteur se prendre un tel "gadin", en sachant que c'est bien lui, et non une doublure…"

L'arsenal de Constantine

Pour sa défense ainsi que pour l'exercice de sa "mission", John Constantine dispose d'un vaste arsenal : "cordon protecteur" limitant l'accès à son appartement, amulettes et pierres sacrées, fragment d'une balle utilisée pour attenter à la vie du Pape, croix et icônes religieuses, sans oublier une fiole d'un liquide hautement inflammable censément recueilli dans la gueule d'un dragon.
Pour constituer cet étonnant bric-à-brac, le chef accessoiriste Kirk Corwin ne fit pas seulement appel à son imagination, mais effectua des recherches historiques et linguistiques afin de pouvoir identifier en bon latin chacune de ces pièces.
Le clou de la collection est sans conteste une arme semi-automatique en forme de… crucifix, capable de vaporiser les pires démons et de les renvoyer en enfer. C'est aussi l'accessoire le plus complexe du film, car il devait pouvoir tirer en rafales. Corwin, après avoir étudié de multiples spécimens de fusil à canon court, découvrit un modèle appelé "Street Sweeper" qui convenait le mieux à son propos et qu'il raffina avec Lawrence et Naomi Shohan pour lui donner l'apparence d'une création de Léonard De Vinci. Une fois l'arme au point, Corwin en fit fabriquer un second exemplaire, également opérationnel, puis deux répliques exactes en plastique et 4 versions en caoutchouc pour les répétitions. La réalisation des deux spécimens fonctionnels mobilisa huit armuriers durant sept semaines. Le résultat : une magnifique et resplendissante arme de cuivre et d'or… si impressionnante que Keanu Reeves en commanda une troisième pour en faire cadeau à Francis Lawrence à la fin du tournage!