Aviator
Réalisateur : Martin Scorsese

Genre : Biographie

Date : 26 Janvier 2005

Durée : 2 h 45

Origine : Américain

Distribution : TFM Distribution

Titre original : The Aviator

 

Résumé | Note production | Acteurs | Scénario | Producteur | Site Officiel | Récompenses | Lieux | Budget

Acteurs :

Leonardo DiCaprio : Howard Hughes
Cate Blanchett : Katharine Hepburn
Kate Beckinsale : Ava Gardner
John C. Reilly : Noah Dietrich
Alec Baldwin : Juan Trippe
Alan Alda : le Sénateur Ralph Owen Brewster
Ian Holm : le professeur Fitz
Danny Huston : Jack Frye
Gwen Stefani : Jean Harlow
Jude Law : Errol Flynn
Adam Scott : Johnny Meyer
Matt Ross : Glenn Odekirk
Kelli Garner : Faith Domergue
Frances Conroy : Mme Hepburn
Brent Spiner : Robert Gross
Stanley DeSantis : Louis B. Mayer
Edward Herrmann : Joseph Breen
Willem Dafoe : Roland Sweet, rédacteur en chef d'un tabloïd
Kenneth Welsh : le docteur Hepburn
J.C. MacKenzie : Ludlow
Emma Campbell : Helen Frye
James Rae : un agent FBI
Nellie Sciutto : Nadine Henley
Justin Shilton : le pilote des tests
Amy Sloan : la mère d'Hughes
Vincent Laresca : Jorge
Harry Standjofski : Crony Louis B. Mayer
Dennis St John : le gardien
Chris Ufland : l'ingénieur
Martha Wainwright : la chanteuse au Cocoanut Grove
Rufus Wainwright : le chanteur au Cocoanut Grove
Gavin Black : un membre de l'équipe du film de Hughes
Joe Cobden : les invités au dîner
Jacob Davich : Howard Hughes plus jeune
Elizabeth DeCicco : une starlette
Stéphane Demers : le Maître d'hôtel
Meghan Elizabeth : une starlette
Trevor Hayes : Chef
Harrison M. Held : l'ami de Louis B. Mayer
Arthur Holden : un animateur radio
Chase Hoyt : les fans
Manoel Hudec : l'analyste des actualités
Yves Jacques
Ronnie Kerr : l'assistant d'Howard Hughes
Jason Klamm : l'homme en smoking à la première de 'Hell's Angels'
Sam Hennings : Frank
Brian T. Lynch : un membre de l'équipe
Jane Lynch : Amelia Earhart
Al Dubois : le dirigeant de la Pan Am
Aleksandrs Petukhovs : un agent de la CIA
Matthew Reidy : un photographe
Richard Rossi : l'invité de la Reine Mary
Scott Sahadi : un photographe
Linda Smith : les invités
Loudon Wainwright III
Jeremy Zafran : un cadre de TWA
Benjamin Centoducati : un technicien du film
Michael-John Wolfe : Cary Grant
Josie Maran : la fille à la cigarette au Cocoanut Grove

Directeur Photo : Robert Richardson

Musique :

Howard Shore
Randall Poster : superviseur musical

Décors : Francesca LoSchiavo : décoratrice plateau

Chef décoration : Dante Ferretti

Costumes : Sandy Powell : chef costumière

Montage : Thelma Schoonmaker : chef

Effets Spéciaux :

Bruce Steinhammer : directeur effets spéciaux
R. Bruce Steinheimer : superviseur
Jorge Bobadilla Jr:. senior production services technicien
Steven Bolan : chef d'équipe
Roy Goode : effets mécaniques
G. Peter King : chef d'équipe
John McLeod : directeur équipement
Richard L. Thompson : coordinateur

Casting :

Ellen Lewis
Meghan Rafferty

Direction artistique :

Martin Gendron
Robert Guerra
Michele Laliberte
Claude Paré
Réal Proulx
Daniel Ross

Maquillage :

Kathryn Blondell : styliste coiffure
Réjean Forget : styliste coiffure
Sian Grigg : artiste maquillage (Leonardo Di Caprio)
Colleen Quinton : artiste maquillage
Morag Ross : artiste maquillage
Cydney Cornell : styliste coiffure: Ms. Beckinsale
Sandra Feijoo : artiste maquillage
Bunny Hamelin : styliste coiffure
Tina Harrelson : background superviseur
Patricia Miller : styliste coiffure
Tijen Osman : styliste coiffure
Yesim 'Shimmy' Osman : styliste coiffure
Raissa Patton : styliste coiffure
Brad Scott : styliste coiffure
Vasilios Tanis : artiste maquillage: Kate Beckinsale
Son :

Mark Agostino : opérateur playback ProTools
Travis Call : enregistrement
Marko A. Costanzo : bruiteur
Tom Fleischman : mixeur post-synchro
Petur Hliddal : ingénieur / mixeur
John Kurlander : mixeur musique
Matthew McKenzie : enregistrement ADR
Michael Miller : mixeur adr
Jay Peck : bruiteur
Michael Rayle : câble
Wyatt Sprague : montage effets sonores
Philip Stockton : superviseur montage

Effets Visuels :

Robert Legato : superviseur
Ron Ames : producteur
Peter G. Travers : superviseur effets digitaux
Matthew Gratzner : superviseur effets miniatures (New Deal Studios)

Scénario : John Logan

Producteur :

Sandy Climan

Charles Evans Jr.

Michael Mann

Graham King

Leonardo DiCaprio

Production :

Warner Bros.
Initial Entertainment Group
Miramax Films

Producteur executif :

Chris Brigham

Richard Schwartz

Rick Schwartz

Martin Scorsese

Colin Vaines

Harvey Weinstein
Rick Yorn
Aslan Nadery
Volker Schauz

Assistant réalisation :
Robert Legato : réalisateur seconde équipe
Joseph P. Reidy : premier assistant
Chris Surgent : second assistant
William M. Connor : premier assistant seconde équipe
Scott Schaeffer : second assistant

Lieux de tournage :

Los Angeles, Californie, USA.
Montréal, Québec, Canada.
St.
Hubert, Québec, Canada.

Budget :

Site officiel : France : http://www.aviator.fr/

 

| Note production | Acteurs | Scénario | Producteur | Site Officiel | Récompenses | Lieux | Budget

 Résumé :

AVIATOR est l'histoire de l'excentrique milliardaire américain Howard Hughes. Casse-cou, pionnier de l'aviation, producteur, réalisateur, directeur de studio et séducteur insatiable, il courtisa certaines des plus belles femmes du monde.

Le scénario original de John Logan couvre une période-clé de sa vie : entre les années 1920 et 1940, le flamboyant aventurier devint un leader de l'industrie aéronautique, mais aussi une figure mythique, auréolée de glamour et de mystère.

AVIATOR illustre la vie privée tumultueuse de Howard Hughes dont ses liaisons avec deux stars de légende : Katharine Hepburn et Ava Gardner.

Le film évoque également les handicaps physiques et les phobies de Hughes, ses troubles obsessionnels, ses comportements de plus en plus erratiques qui l'amenèrent à se couper progressivement du monde et à finir sa vie en reclus.

 Note de la procuction

L'aviation et le Cinéma
Le scénario
Le Casting
Le Look du film
Les effets Spéciaux

L'aviation et le cinéma

Howard Hughes fut l'une des figures les plus fascinantes du XXème siècle. Novateur influent, pilote émérite, grand industriel, producteur glamour et aventurier casse-cou, il se considérait avant tout comme... un aviateur.
Aviator (The Aviator) (2003) de Martin Scorsese recrée la période la plus féconde et la plus mouvementée de la vie de Hughes, du milieu des années Vingt à la fin des années Quarante. Durant ces quelque vingt-cinq ans, l'Aviateur multiplia les défis, s'investissant avec la même passion et la même audace dans ses deux domaines de prédilection : l'aviation et le cinéma.
Multipliant les inventions, les conquêtes amoureuses, les bravades et les pieds de nez à l'establishment industriel et financier, Hughes mit régulièrement en jeu sa fortune et sa sécurité personnelle. Ce fut la phase la plus glorieuse de sa vie, mais aussi celle où il commença à payer le prix de sa célébrité, de ses ambitions démesurées, de son perfectionnisme obsessionnel.
Pour faire le portrait de ce visionnaire féru de technologie, pour recréer son monde, Martin Scorsese et son équipe ont marié de façon originale les techniques numériques aux procédés classiques du cinéma des années Vingt à Quarante. La palette chromatique, minutieusement élaborée, capte successivement les teintes pastel du Technicolor "bichrome" des années Vingt et les couleurs éclatantes du "glorious Technicolor" trichrome, qui prit le relais dès 1935, avant de rejoindre les couleurs du cinéma actuel. En se replongeant ainsi dans les expériences visuelles et sensorielles de Hughes et ses contemporains, le spectateur revivra les émotions, les élans et les passions de ce personnage hors normes et de toute une période de l'histoire américaine.
Aviator (The Aviator) (2003) réunit autour de Leonardo DiCaprio certaines des figures les plus marquantes de la légende de Howard Hughes : Katharine Hepburn (interprétée par Cate Blanchett), Ava Gardner (Kate Beckinsale), Juan Trippe, directeur de Pan Am, qui fut son principal rival et adversaire (Alec Baldwin), le fidèle bras droit de Hughes, Noah Dietrich (John C. Reilly) et son ennemi juré, le sénateur Owen Brewster (Alan Alda).
L'équipe regroupe plusieurs collaborateurs habituels de Martin Scorsese, tels le directeur de la photographie Robert Richardson (Casino), Dante Ferretti (chef décorateur de cinq de ses films), la chef costumière Sandy Powell (Gangs of New York) et Thelma Schoonmaker, qui a monté tous ses films depuis Raging Bull.

Le Scénario

L'image que l'on a généralement de Howard Hughes est celle d'un milliardaire excentrique, reclus à Las Vegas, dont on se demanda durant des années s'il était encore en vie. Peu de gens connaissent la véritable histoire de cet homme mystérieux, épris de risque et de beauté, qui accomplit en sa jeunesse d'innombrables exploits en tant qu'industriel, pilote et producteur avant de sombrer dans un monde d'angoisses, de paranoïa et d'incurables phobies. C'est cette histoire que Martin Scorsese a entrepris de raconter dans Aviator (The Aviator) (2003)
Le projet débuta à l'initiative de Leonardo DiCaprio. Après avoir lu un récit des années de jeunesse de Hughes, l'acteur se promit de consacrer un film à ce personnage de légende.
Conscient de ce que plusieurs grandes stars hollywoodiennes avaient vainement tenté de traiter la vie de Hughes, DiCaprio adopta un autre angle d'attaque, en choisissant de se focaliser sur la jeunesse visionnaire et intensément créatrice de l'Aviateur, plutôt que sur sa descente tardive dans la folie. Il proposa d'abord l'idée au réalisateur Michael Mann, qui en confia le développement et l'écriture à John Logan (Gladiator). Dans l'intervalle, Mann ayant enchaîné deux films biographiques, décida qu'il se contenterait de produire Aviator (The Aviator) (2003) DiCaprio et son associé, Graham King, d'Initial Entertainment Group, se tournèrent alors immédiatement vers Martin Scorsese.
Pour King, ce choix répondait à plusieurs critères précis, dont le goût du risque et la cinéphilie encyclopédique de Scorsese n'étaient pas les moindres : "Marty a un sens aigu du détail et de la reconstitution. Il adore et respecte profondément le cinéma de cette époque, et possède même certaines des qualités dominantes de Howard Hughes : une extrême précision, une grande faculté d'invention, un amour profond du septième art. Nous avons pensé qu' Aviator (The Aviator) (2003) lui donnerait l'occasion de faire quelque chose qu'il n'avait jamais tenté à ce jour : une histoire située à Hollywood."
Craignant que Scorsese (qui hait l'avion !) ne soit rebuté par le titre, King arracha la page de garde du scénario.
Précaution superflue : le cinéaste fut captivé par la richesse et l'ampleur de la trame.
Martin Scorsese : "En tant qu'aviateur, Howard Hughes a accompli des actes d'une incroyable bravoure. Ce personnage du XIXème siècle fut un pionnier dans deux domaines-clés du XXème : l'aviation, en tant que concepteur, dirigeant et recordman, et le cinéma, avec des productions comme Hell's Angels ou Scarface. Ce fut aussi une grande figure du show-business, mais l'histoire de sa vie aura été finalement dominée par l'avidité, la corruption et la folie."
En développant le script, John Logan avait été le premier surpris par la diversité de l'homme Hughes : "Le matériau avait tout pour m'intéresser : sa dimension biographique, son souffle épique, ses personnages à facettes comme je les aime... Je considérais aussi Leo comme un casting idéal. J'étais très accroché à l'idée d'écrire pour lui."
Logan consacra une année entière à se documenter. Durant cette période, il lut chaque biographie, chaque livre de souvenirs touchant à Hughes, et consulta un vaste matériau d'archives. De cette exploration au long cours, il retira une vision nouvelle de l'Aviateur : celle d'un être humain à la fois brillant et imparfait.
John Logan : "L'image que j'avais jusqu'alors de lui était celle d'un vieillard décrépit, claquemuré dans une chambre d'hôtel, qui se laisse pousser les ongles et les cheveux et porte en guise de chaussures des boîtes de Kleenex vides. C'est encore comme cela que la plupart des gens le voient. Mais j'allais découvrir, derrière cette façade, un tout autre personnage : un jeune héros, plein de fougue, multipliant les exploits et les coups d'éclat, tant dans le domaine de l'aviation que dans l'univers hyper glamour d'Hollywood.
"J'ai commencé par lire les biographies courantes, puis je me suis penché sur les principaux centres d'intérêt de Hughes.
En me documentant sur l'aéronautique et l'ingénierie, j'ai vu à quel point ses innovations avaient été brillantes. J'ai appris quantité de choses sur le monde de l'aviation commerciale et les conflits entre Pan Am et TWA, sur l'histoire d'Hollywood, la période critique de la fin des années Vingt, les difficultés de Hughes avec la Motion Picture Association et le Code de Censure. J'ai lu en outre les biographies de certaines des sublimes créatures qui partagèrent sa vie."
John Logan choisit d'inscrire cette histoire entre deux dates-clés : le tournage de Hell's Angels à la fin des années Vingt et l'émergence de TWA sur la scène internationale à la fin des années Quarante. Son script n'évoque pas seulement les aspects les plus glorieux de la chronique de Hughes, mais aussi les "démons" qui le hantèrent et finirent par provoquer sa chute.
John Logan : "Couvrir près de trois décennies en 2h45 m'obligea à résumer le déroulement des événements, à fusionner certains personnages et à chambouler un peu la chronologie. Le but n'était pas de capter toute la vie de Hughes, mais de donner à voir l'homme dans sa vérité."
Graham King : "Howard Hughes a mené une existence hors du commun. John Logan a trouvé le moyen d'en évoquer les épisodes les plus passionnants, des cascades ébouriffantes de Hell's Angels à l'envol triomphal de l'"Hercule". Il nous dévoile aussi maints aspects méconnus de la vie de Hughes, de ses amours à sa comparution devant le Sénat."
Une fois Scorsese engagé sur le projet, Logan fut incité à explorer encore plus qu’avant les diverses facettes du personnage.
Durant plusieurs mois, Scorsese, DiCaprio et lui peaufinèrent ensemble l'histoire pour la modeler à leur façon.
John Logan : "Martin Scorsese et Leonardo DiCaprio sont les plus exigeants, les plus coopératifs et les plus disponibles des collaborateurs. Ils m'ont poussé à écrire le meilleur script possible. Chacun de nous était décidé à traiter cette vie avec le plus d'honnêteté possible. Marty et Leo, qui se font une très haute idée de la vérité, s'étaient engagés à sonder les moindres recoins du personnage.
"La structure évolua moins au cours de notre travail commun que l'approche de certaines scènes ou l'intensité dramatique conférée à divers incidents. Marty vous apporte son incroyable brio visuel, son sens du rythme, sa rigueur narrative et son exigence d'authenticité, qui nourrissent l'écriture de chaque scène. Leo, de son côté, est très à l'aise avec le dialogue "d'époque" et sait ce qu'il convient de faire dire à tout moment à un personnage. Il nous a lancé plein d'idées de situations et de dialogues. Compte tenu de nos personnalités respectives, ces réunions à trois ont été extrêmement animées et fructueuses."
Séducteur légendaire, Hughes eut des liaisons avec plusieurs femmes célèbres. Logan choisit de se focaliser sur deux des plus importantes : "Il n'était pas question d'évoquer tous ses amours. Nous avons décidé de nous concentrer sur Katharine Hepburn, qui passe pour avoir été la relation la plus importante de sa vie, puis sur Ava Gardner. Nous n'avons pas seulement privilégié ces deux immenses stars parce qu'elles incarnent deux modèles de féminité contrastés, mais aussi en raison du rôle stabilisateur qu'elles jouèrent dans l'existence de Hughes. Toutes deux ont contribué à dissiper temporairement ses doutes et ses angoisses."
Logan explora aussi certains des problèmes cliniques de Hughes : sa surdité précoce, source d'embarras et de maux divers, et ses troubles obsessionnels compulsifs. Cette pathologie (non diagnostiquée, car ignorée des psychiatres de l'époque), s'ajoutant à une précoce et profonde phobie des microbes, peut expliquer certaines de ses "excentricités" légendaires. Profondément conscient de sa fragilité, Hughes craignit très tôt de sombrer dans la folie : "Il savait qu'un jour, il perdrait cette bataille", souligne Logan. "C'est la tragique conscience de sa précarité qui rend cet homme solitaire si captivant et si poignant."
"Une des choses qui fascine le plus dans cette histoire est de voir ce jeune homme incroyablement séduisant, intelligent et plein de vie, se métamorphoser en un adulte hanté par ses failles et ses tares", résume Scorsese.
Leonardo DiCaprio : "Howard Hughes est l'une des figures les plus énigmatique du XXème siècle. Aucun des nombreux livres qui lui furent consacrés n'a pleinement élucidé ses mystères. Plus on explore sa vie, plus on découvre de nouvelles facettes de sa personnalité. Ce fut un rêveur et un visionnaire, mais le paradoxe est qu'en dépit de tous ses succès, cet immense industriel, ce grand aviateur, ce puissant producteur fut aussi un homme profondément solitaire."

Le casting

Leonardo DiCaprio s'est passionné pour le destin de Howard Hughes dès la lecture de sa biographie, et s'est battu pendant dix ans pour faire aboutir ce projet et incarner ce personnage hors normes. Interprète et producteur exécutif d' Aviator (The Aviator) (2003) DiCaprio était pleinement conscient de se fixer une tâche de grande ampleur.
Comment rendre justice à un homme aussi complexe et contradictoire, connu à travers le monde pour son immense fortune et ses errements ? "Tant de gens se font de lui une idée préconçue que cela, seul, rendait le rôle intimidant" avoue l'acteur. "Cela m'obligeait à être le plus authentique possible."
Pour parvenir à ce degré d'authenticité, l'acteur s'imprégna de son sujet pendant des mois, lut des biographies, écouta des enregistrements, visionna des films et apprit même certaines des audacieuses manœuvres aériennes de Hughes. Au fur et à mesure de ses recherches, DiCaprio retrouvait dans la vie de Hughes certains éléments familiers à toute figure charismatique, notamment un rapport conflictuel à la notoriété et aux médias.
Leonardo DiCaprio : "Cet homme chercha à se protéger. En dépit de ses ambitions affichées, il avait un besoin vital de solitude, et c'est quelque chose que je ressens moi aussi très fortement."
Hughes possédait une personnalité aventureuse, excentrique et mue par un fort goût du risque - du genre qui marque son temps et ouvre à ses contemporains de nouveaux horizons.
"C'était un homme étonnamment complexe", souligne DiCaprio, "mais une chose au moins est sûre : il a pris des risques inédits, que personne n'osait alors imaginer. Il aimait passionnément l'aviation et le cinéma et a laissé une empreinte durable dans ces deux domaines."
Plus encore que l'héroïsme et le glamour du personnage, DiCaprio savoura les scènes intimistes où Hughes se retrouve, seul et nu, face à ses peurs.
Leonardo DiCaprio : "Les moments les plus forts que j'ai vécus sont les scènes de solitude de Howard Hughes. Là, Scorsese et moi nous retrouvions en face-à-face, pour inventer, improviser, creuser ensemble de plus en plus profond. Ce sont mes plus beaux souvenirs de ce tournage."
Graham King : "Leo s'est réellement passionné pour le personnage. Il a porté en lui cette histoire pendant des années, en a vécu les émotions et en a toujours parlé avec un grand enthousiasme. Au tournage, il a brillamment assuré la transition entre le jeune homme fougueux, débordant d'idées, des années Vingt et le Hughes de la maturité, torturé par ses démons.
"Leo a même consulté des experts des troubles obsessionnels compulsifs pour mieux comprendre les maux qui accablèrent Hughes alors même qu'il commençait à s'affirmer dans ses deux domaines d'élection. Il ne s'est permis aucune approximation, il a livré une performance d'acteur d'une grande résonance émotionnelle, dont je crois qu'elle capte la vérité de l'homme. Je dois dire que je n'ai jamais vu un acteur travailler plus dur que Leo sur Aviator (The Aviator) (2003) "
Pour le rôle de Katharine Hepburn - peut-être LE grand amour de la vie de Howard Hughes -, Scorsese choisit Cate Blanchett. L'actrice, bien qu'ayant déjà interprété plusieurs personnages réels ou historiques (dont Elizabeth I, qui lui valut une citation à l'Oscar), reçut cette proposition comme un challenge inédit.
Cate Blanchett : "Faire revivre à l'écran une personne réelle dont les gens ont une image plus ou moins précise, plus ou moins idéalisée, est une chose. Interpréter une actrice, lui redonner vie dans le mode d'expression qui fit sa gloire, est une tout autre entreprise. Je ne pense pas que je m'y serais risquée avec un autre réalisateur."
"Marty et moi en avons longuement discuté. Il rejetait évidemment toute idée d'imitation ou de pastiche, il voulait quelque chose de plus profond qu'un numéro d'actrice. Il m'a demandé d'observer les maniérismes et les gestes de Kate, la personnalité qu'elle affichait à l'écran, pour essayer de capter sa vérité intime et une part de son extraordinaire énergie.
"C'est avec un grand plaisir que j'ai revu à nouveau tous ses films. Les stars de ce temps, comme Bette Davis, Humphrey Bogart ou Hepburn, restent gravées dans notre mémoire non seulement par leur look, mais aussi par leur voix. La sienne était très particulière, mais je sais d'expérience qu'on n'utilise pas dans la vie privée le timbre dont on se sert pour jouer. J'ai donc étudié les interviews de Katharine. Elle n'en donna pas beaucoup dans sa jeunesse, mais celle qu'elle accorda en 1973 à Dick Cavett révèle une voix pleine d'allant, et m'a été très utile.
"Howard et Katharine sont deux outsiders profondément excentriques et séduisants. Issus de milieux différents, ils avaient tous deux assez d'argent pour s'affranchir des contraintes sociales. Je vois entre eux des similitudes profondes, quoique Katharine soit de tempérament positif et extraverti, et Howard assez renfermé et introspectif."
Le rôle d'Ava Gardner, légendaire déesse de l'écran, fut proposé à Kate Beckinsale : "Clark Gable aurait dit d'elle : "Ava, c'est un "pote", qui boit sec, qui jure comme un charretier et qui se trouve posséder le plus beau corps de femme du monde !" En d'autres termes, c'était une fille formidable, généreuse, et aussi paumée que tout un chacun."
John C. Reilly (Gangs of New York, Chicago) tient le rôle-clé de Noah Dietrich, administrateur financier de Hughes : "Un type aussi excentrique que Howard Hughes avait besoin que quelqu'un s'occupe de ses affaires. Noah fut cet homme. Il faisait la navette entre la Hughes Tool Company de Houston, d'où venait l'argent, et Hollywood, où Hughes le dépensait", explique Reilly.
Alec Baldwin interprète Juan Trippe, directeur de Pan Am, figure de l'establishment issue de la prestigieuse université de Yale et principal rival de Howard Hughes : "Trippe fut l'un de ces grands visionnaires qui dans les années Vingt et Trente forgèrent le destin de l'aviation commerciale. Hughes mérite les mêmes qualificatifs, mais c'était un "maverick" texan, œuvrant en marge du système, alors que Trippe appartenait à l'élite de la côte est et bénéficiait de solides accointances politiques. Ils n'en partageaient pas moins une profonde passion pour l'aviation, et je pense qu'ils étaient conscients de leurs similarités, comme le sont souvent les plus âpres rivaux."
Alan Alda, qu'on a rarement vu dans ce type d'emploi, interprète le redoutable sénateur du Maine Owen Brewster, qui tenta vainement de briser Hughes en instiguant une enquête sénatoriale.
Graham King : "C'est un casting audacieux, mais Marty a fait confiance aux talents d'Alan, et celui-ci a donné au personnage un relief inattendu. Il l'a si bien joué qu'on sent la corruption suinter de tous les pores de sa peau."
La distribution comprend également : Jude Law (pour une courte apparition dans le rôle d'Errol Flynn) ; la chanteuse Gwen Stefani dans le rôle de Jean Harlow ; Matt Ross (Glenn Odekirk, ingénieur aéronautique en chef de Hughes) ; Danny Huston (Jack Frye, président de TWA) ; Adam Scott (l'attaché de presse Johnny Meyer) et Kelli Garner (la jeune starlette Faith Domergue dont Hughes s'efforcera de faire une vedette).

Le Look du film

Howard Hughes évolua au sein des deux industries les plus actives et les plus glamour de son temps : l'aviation et Hollywood. Pour en recréer le dynamisme, Martin Scorsese s'entoura d'une équipe d'élite partageant son sens du détail et son exigence de précision.
Scorsese est connu depuis longtemps pour l'impact visuel de ses mises en scène. Aviator (The Aviator) (2003) est sans doute son film le plus ambitieux à cet égard, qui demandait une maîtrise technique à tous les niveaux. Scorsese assuma lui-même une large part de sa conception visuelle, en décidant de recréer à sa manière l'esthétique du cinéma des années Vingt à Quarante. S'appuyant sur la technologie numérique, il manipula subtilement la palette et le look d' Aviator (The Aviator) (2003) pour qu'ils fassent écho à l'évolution d'Howard Hughes durant cette même période.
Comme à son habitude, Scorsese pré-visualisa chaque scène du film, y compris les angles de prises de vues, avant de demander à son équipe de l'aider à concrétiser sa vision.
Robert Richardson : "Marty souhaita que les images d' Aviator (The Aviator) (2003) reflètent quelques grandes étapes de l'histoire du cinéma en couleurs et les changements techniques intervenus au fil de trois décennies. Il sait à tout moment quels objectifs nous utilisons sur une scène, et du fait qu'il aime voir en permanence les yeux des personnages, par lesquels s'expriment leurs émotions secrètes, je m'arrange pour éclairer l'acteur en conséquence et à adapter le contraste à sa demande.
"Dans Aviator (The Aviator) (2003) la diversité des lumières reflète celle des univers représentés. Dans les scènes aériennes, notamment lors du crash nocturne du XF-11 sur Beverly Hills, l'environnement dicte en grande part les éclairages, le contraste entre les ténèbres et les flammes qui dévorent l'appareil et envahissent l'écran. Dans des scènes intimistes comme les face à face d'Howard et Katharine Hepburn, l'ambiance est tout autre, les éclairages sont plus estompés, plus contrôlés, en harmonie avec les sentiments et émotions du couple."
Le chef décorateur Dante Ferretti, qui est depuis plusieurs années un collaborateur privilégié du réalisateur, eut la tâche immense de recréer le monde, si ample et divers, de Hughes, des plateaux hollywoodiens aux somptueuses résidences art déco en passant par les gigantesques hangars et ateliers de la Hughes Aircraft.
Parmi les décors les plus vastes d' Aviator (The Aviator) (2003) figure le Cocoanut Grove, légendaire night-club hollywoodien.
Inauguré en 1921, le Grove devint vite le lieu de rencontres favori de l'élite du septième art, qui appréciait son décor "marocain" rococo et la qualité de ses orchestres et chanteurs. Hughes en fut un client assidu durant une vingtaine d'années. Il y donnait aussi volontiers ses rendez-vous d'affaires que ses rendez-vous galants. La première séquence du Grove se déroule en 1927 et rassemble pas moins de 500 figurants, dont une centaine de couples de danseurs en tenue de soirée, d'accortes vendeuses de cigarettes vêtues de probité candide, des danseuses se balançant au-dessus des tables. Hughes y demande à Louis B. Mayer, tout-puissant patron de la MGM, de lui fournir deux caméras de plus pour compléter l'un des immenses combats aériens de Hell's Angels sur lequel il a déjà mobilisé... 24 caméras. Mayer et ses courtisans s'esclaffent et conseillent au jeune insolent d'arrêter les frais et de regagner son Texas natal.
Dante Ferretti : "Notre décor est une représentation très fidèle de l'original, quoique légèrement plus petite. Je me suis basé sur des photos et divers documents et suis même allé prendre les mesures sur place avec ma décoratrice de plateau Francesca Lo Schiavo.
"Le décor devait permettre à Marty de manœuvrer aisément sa caméra et de choisir en toute liberté les portions du champ qu'il souhaitait montrer ou dissimuler. Globalement, le décor ne varie pas au fil de l'histoire, mais certains détails
changent pour marquer le passage des ans : la couleur des murs, une partie de l'ameublement, les nappes, les cendriers, les baldaquins qui surplombent le bar et la scène."
L'équipe déco construisit aussi de toutes pièces deux décors clés de la vie de Hughes : son sanctuaire de Hancock Park, sur Muirfield Road, qui abrita ses amours avec Katharine Hepburn, et ses bureaux et sa salle de projection du 7000 Romaine Street, où il passa d'innombrables heures.
Francesca Lo Schavio, collaboratrice de longue date de Ferretti, procéda, pour décorer la résidence d'Howard, à une minutieuse sélection : "Il fallait que chaque objet soit parfait... et authentique. Howard était alors l'une des grandes fortunes d'Amérique. Nous ne pouvions nous contenter de simples accessoires de cinéma, il nous fallait des pièces d'époque, et c'est ce à quoi j'ai travaillé pendant trois mois à Los Angeles, réunissant les plus beaux meubles, tableaux, tissus et bibelots."
Dante Ferretti alla jusqu'à reconstituer en studio l'entrée du légendaire Grauman's Chinese Theatre pour en retrouver l'apparence exacte lors de la somptueuse première de Hell's Angels, (Les intérieurs de cette séquence furent réalisés par la suite dans l'enceinte même de la salle). Pour recréer le tournage de Hell's Angels, Ferretti sélectionna une étendue déserte proche de Santa Clarita, connue sous le nom de "Mystery Mesa". Le résultat final propose une réplique parfaitement authentique d'un plateau de cinéma des années Vingt, avec une très remarquable collection de biplans réunie par le coordinateur aérien Craig Hosking et son assistant, Matt Sparrow.
Craig Hosking : "Les appareils viennent des quatre coins des États-Unis : Illinois, Texas, New York, Californie – et même de l'Ontario. Sept de ces avions sont des Fokker D-VII repeints aux couleurs des avions de chasse allemands ; les sept autres sont des SE-V anglais. Certains de ces avions pouvaient voler, tous étaient authentiques et d'un réalisme irréprochable.
"On peut en dire autant de l'ensemble de la flotte d' Aviator (The Aviator) (2003) Ainsi, c'est un vrai Sikorsky qui est utilisé dans la scène où Howard se présente à Kate et l'emmène faire un tour dans les airs. Il s'agit du seul appareil de la marque qui vole encore, et on ne pouvait souhaiter plus proche de l'original.
"Nous avons également utilisé plusieurs appareils authentiques dans les scènes où Howard peaufine et remanie son H-1 dans l'espoir de battre le record de vitesse de Lindbergh."
À Hollywood, la production utilisa comme principaux décors naturels : la Snowden House de Franklin Avenue (comme réplique de la résidence hollywoodienne d'Ava Gardner) ; le Grauman's Chinese Theatre ; l'ancienne résidence de Hughes au 211S Muirfield Road (aujourd'hui propriété et habitat de l'agent Bob Bookman) ; le terrain de golf du Wilshire Country Club, jouxtant la résidence de Muirfield Road ; le Woodland Hills Golf Course (pour la première rencontre du couple Hughes/Hepburn) ; les salons art déco du Queen Mary pour deux grandes réceptions ; une section de Beverly Hills pour la reconstitution du crash de Hughes (dont plusieurs témoins ont gardé le souvenir le plus vif).
Les costumes jouent un rôle aussi décisif dans la création des ambiances glamour et sophistiquées où nous replonge Aviator (The Aviator) (2003) La chef costumière Sandy Powell aborda le projet avec "le désir très vif d'évoquer trois décennies fascinantes et d'appréhender l'homme Hughes derrière le mythe".
Sandy Powell : "J'ai été fascinée par la dualité de ce personnage hautement médiatique, partagé entre le monde glamour, sensuel et excentrique d'Hollywood, et celui, nettement plus traditionnel et conservateur, de la grande industrie. À quoi s'ajoutait une troisième face, privée celle-là. Il a fallu jongler entre ces divers niveaux en inventant des vêtements à la fois opulents et fonctionnels.
"Les mutations vestimentaires d'Howard sont particulièrement éloquentes. Jeune, il témoigne d'une remarquable élégance, commandant ses tenues chez les grands tailleurs londoniens de Savile Row. Mais avec le temps, il se soucie de moins en moins de sa mise, quoiqu'il continue de porter des vêtements onéreux. Après que Katharine Hepburn l'a quitté, il s'effondre d'un coup, jette au feu toute sa garde-robe et commence à s'habiller sur catalogue ou dans les grandes surfaces.
"J'ai consacré beaucoup de temps à étudier des photos d'époque et à me documenter sur les tissus en usage. Il s'agissait le plus souvent d'images en noir et blanc, et ce fut donc à moi d'imaginer les teintes de départ, tout en prenant en compte les préférences des acteurs en matière d'étoffes et de couleurs.
"La première moitié d' Aviator (The Aviator) (2003) jusqu'à la séquence du Pantages, émule le look du Technicolor bichrome, dont les teintes dominantes étaient le rouge et le vert. Du fait qu'il était totalement impossible d'obtenir un bleu authentique avec ce procédé, nous avons exclu cette couleur.
"L'effet bichrome a affecté toute la palette de cette première partie. Par exemple, la robe d'Hepburn dans la séquence du Grove, en 1935, était dorée, mais le traitement bichrome lui a ajouté une nuance de rose proche du satin. Pour la scène du Pantages et la suivante (toujours en "bichrome"), j'avais créé pour Kate une robe jaune, couleur un peu étrange et d'un usage périlleux. J'étais consciente du fait qu'elle tournerait au "vert moutarde", mais j'ai pris ce risque et je trouve que cela fonctionne très bien dans ce contexte précis.
"Dans la deuxième partie du film, l'effet Trichrome est largement mis à contribution. L'épisode où Ava vient porter secours à Howard en est un bon exemple. Une partie de la scène se déroule dans la salle de bains, où Gardner va aider Howard à se raser et à reprendre ses esprits. Dante et Francesca avaient couvert les murs d'un carrelage fabuleux, d'un vert intense. Cela m'a inspiré le désir d'habiller Ava en rouge vif et turquoise.
"L'idée venait très précisément de Péché mortel (Leave her to heaven), mélodrame flamboyant de John Stahl interprété par Gene Tierney, que Marty nous avait fait visionner en préproduction comme un splendide exemple de Technicolor trichrome. Le film, éclairé par Leon Shamroy, tirait la scène où Gene Tierney porte un peignoir turquoise avec un minuscule revers rouge - un clash chromatique pour le moins audacieux ! Lorsque l'actrice se tourne vers la caméra, on découvre que son rouge à lèvres est de la couleur exacte du revers... et que ses yeux sont de la couleur du peignoir. Gene s'allonge alors sur un sofa turquoise orné de roses rouges, et c'est une fantastique symphonie de couleurs qui éclate sur l'écran - un pur et inoubliable moment de Technicolor !
"À New York, j'ai découvert un merveilleux tissu turquoise dans lequel j'ai taillé le manteau d'Ava la brune puis un tissu rouge sang que j'ai utilisé pour sa robe. Marty a donné son accord. Ce fut mon hommage à Gene Tierney..."
La musique d' Aviator (The Aviator) (2003) contribue à l'authenticité des ambiances en offrant un reflet précis des rythmes jazzy et des chansons langoureuses qui accompagnèrent la jeunesse de Hughes. Martin Scorsese travailla en étroite collaboration avec le superviseur musical, Randy Poster sur les numéros "live" qui ponctuent le film. La partition est l'œuvre d'Howard Shore.
Randy Poster : "Marty a une connaissance encyclopédique de la musique de ce temps. Lui et moi avons fouillé dans le répertoire des chefs d'orchestre du Grove pour capter les sonorités exactes de ces musiques. Nous avons cherché à reproduire les particularités du style "big band" de chaque décennie, et ce jusqu'à la tessiture de chaque instrument. Notre chef d'orchestre, Vince Giordano, et ses musiciens, tous imprégnés de cette tradition, ont créé ici quelque chose d'unique, de profondément vivant et original. Des séquences années Vingt aux années Quarante, les changements sont très subtils, mais le public les ressentira de façon subliminale."
Trois chanteurs d'une même famille se produisent sur scène. Le chanteur pop Rufus Wainwright interprète "I'll Build A Stairway to Paradise" de Gershwin dans les années Vingt ; sa sœur Martha est l'interprète du mélancolique "I'll be Seeing You", un grand succès Forties de Sammy Fain et Irving Kahal ; leur père, le célèbre chanteur pop et folk Loudon Wainwright, "After You've Gone" dans l'épisode des années Trente.

Les effets spéciaux

On pense rarement "effets spéciaux" lorsqu'on évoque le cinéma de Martin Scorsese. C'est pourtant l'alliance originale et inventive des techniques numériques et traditionnelles qui a permis au cinéaste de recréer pleinement les fastes de l'âge d'or hollywoodien et les exaltantes et périlleuses expériences de ce héros de l'aviation expérimentale.
À l'image de Hughes, usant de tous les outils low-tech et high-tech de son temps pour réaliser Hell's Angels, Scorsese a fait appel à une multitude de solutions techniques pour renforcer l'impact d' Aviator (The Aviator) (2003) Le film tout entier peut être considéré comme un "effet spécial", du fait que chaque scène fut retravaillée en ordinateur pour recréer le look et les couleurs des films hollywoodiens des années Vingt à Quarante. Aviator (The Aviator) (2003) utilise aussi des techniques rarement employées dans les films contemporains, en associant maquettes, modèles réduits et mattes numériques.
Scorsese souhaita d'emblée une texture "tangible", un feeling quasi artisanal, distinct de l'imagerie numérique. Mais il désira aussi conférer à son film la richesse et la précision visuelle d'un film contemporain. Pour atteindre ce double objectif, l'équipe Effets spéciaux s'imposa une démarche des plus inhabituelle : mixer l'ancien et le nouveau, réinterpréter à travers le "filtre" des technologies actuelles les recettes et procédés cinématographiques de la "vieille école".
Ron Ames (Producteur exécutif des effets visuels) : "Martin Scorsese se passionne pour l'histoire du cinéma, et cet amour du septième art a été un facteur clé dans la création d' Aviator (The Aviator) (2003) Marty n'est pas précisément un technicien, c'est avant tout un narrateur, focalisé sur l'histoire, les personnages et l'interprétation. Il n'en était pas moins fasciné par la fièvre d'innovation technique de Hughes, et a tenu à lui rendre hommage dans ce travail de reconstitution. Il nous a fait confiance pour capter avec lui cette réalité, en convoquant tout l'arsenal technique du cinéma, du plus traditionnel au plus actuel."
Dès ses premières rencontres avec Ames et le superviseur des effets visuels Rob Legato, le réalisateur indiqua que le style visuel d' Aviator (The Aviator) (2003) s'inspirerait librement des films tournés durant cette période de la vie de Howard Hughes, mais avec une touche additionnelle de modernité.
"Marty adore depuis toujours les classiques du cinéma et nous a encouragés à nous documenter sérieusement sur les films de l'ère Hughes et à étudier les techniques qui firent leur originalité", explique Legato.
Le premier challenge fut de recréer les avions expérimentaux qui ont contribué à la légende de Hughes : le H-1 aux commandes duquel il battit des records de vitesse, l'avion espion XF-11 et l'immense hydravion en bois "Hercules" – lesquels ont tous disparu ou sont hors d'état de voler. Plutôt que de concocter des répliques virtuelles plus ou moins approximatives de ces avions, Scorsese et Legato décidèrent – ainsi qu'on l'aurait fait à l'époque – d'en fabriquer des maquettes et modèles réduits détaillés. S'appuyant sur les plans originaux de Hughes, Legato et son équipe construisirent une large gamme de modèles réduits d'une grande sophistication, notamment des répliques au 1/4 radioguidées et équipées de vrais moteurs. La recréation est si précise, la texture si fidèlement reproduite, qu'il est pratiquement impossible de distinguer la maquette de l'original tel qu'il apparaît dans les documentaires d'époque.
Rob Legato : "Du coup, l'équipe a pu filmer ces appareils presque comme si elle avait disposé des originaux. On était dans un rapport quasi charnel avec ces avions, on a pu utiliser les mêmes éclairages, les mêmes cadrages, les mêmes diaphragmes que sur des appareils grandeur nature.
Grâce aux caméras motion-control, on a même pu filmer des "décollages" en extérieurs naturels, de sorte que le ciel et le soleil se reflètent sur le fuselage. C'est avec de tels détails qu'on donne au spectateur l'occasion de vivre pleinement cette formidable et palpitante aventure aérienne."
Le crash du XF-11 sur Beverly Hills, qui faillit coûter la vie à Hughes, a inspiré une des scènes les plus dramatiques d' Aviator (The Aviator) (2003) L'équipe Effets visuels y employa à la fois une série de modèles réduits et une réplique sculptée, grandeur nature, de l'avion, ce qui permit à Scorsese de reconstituer l'accident dans toute son intensité, sans mettre en danger l'équipe et les comédiens.
Rob Legato : "L'association de ces diverses techniques confère à la scène une irréfutable authenticité. On a vraiment l'impression d'assister à un vrai crash contre une vraie maison, exactement comme Hughes le vécut."
Le drame fut tourné à Palos Verde, et, précise le responsable des effets spéciaux Bruce Steinheimer, "le combustible utilisé dans cette scène est de l'essence pure, et non l'habituel mélange de kérosène et de propane. Les flammes ont donc l'éclat et l'intensité qu'elles auraient eus en 1946. C'est une première pour un film hollywoodien, et le résultat est d'une parfaite vérité."
Plusieurs autres scènes associent étroitement miniatures traditionnelles et décors numériques. Pour le très bref vol inaugural de l'hydravion géant "Hercules", l'équipe construisit ainsi un modèle réduit qui fut filmé "live" sur un magnifique fond de ciel bleu, les flots et la cité de Long Beach étant ensuite recréés par infographie.
Pour les modèles radioguidés à l'échelle 1/4, dont le XF-11, Legato s'adressa à une société spécialisée dans la fabrication de drones.
Rob Legato : "Ils étaient très excités par le projet car ils avaient vraiment envie de voir ces appareils voler à nouveau. Il n'était évidemment pas possible de s'élever très haut, et il fallut user d'expédients, par exemple grimper en haut d'une colline pour simuler le vol du XF-11 à 700 mètres d'altitude."
L'équipe Effets visuels eut aussi le plaisir de recréer en numérique certaines des fulgurantes séquences de guerre de Hell's Angels. Ce film, dont les combats aériens sont parmi les plus beaux de l'histoire du cinéma, fut une référence majeure pour Scorsese et son équipe. Les cascades y sont d'une telle ampleur et d'une telle audace qu'il aurait été impensable de les reproduire aujourd'hui avec de vrais avions et des pilotes.
Graham King : "Commencé en 1927, Hell's Angels avait plusieurs décennies d'avance sur le cinéma de son temps. Marty voulut le faire sentir au spectateur, et nous avons consacré beaucoup de temps d'énergie créatrice à redonner vie aux exploits cinématographiques de Hughes."
Incruster l'image de DiCaprio dans les plans tournés par Hughes exposa l'équipe à un nouveau challenge.
Rob Legato : "Nous avons essayé d'émuler les images d'origine de Hell's Angels en prenant en compte les limitations techniques de l'époque, y compris ce léger tremblement de la caméra que nous avons programmé en ordinateur. Cette scène, qui figure parmi les premières du film, vous plonge dans une réalité magnifiée, intensifiée, bien différente de celle, objective et factuelle, qui s'impose graduellement au fil de l'histoire, à mesure que s'en affirme la dimension dramatique."
En matière de couleurs, Scorsese entraîna son équipe dans une démarche sans précédent : recréer, à l'aide du numérique, le look du Technicolor bichrome des années Vingt et du Technicolor trichrome des années Quarante.
Ron Ames : "Marty nous demandait là de recréer des émulsions qui n'ont plus cours depuis longtemps. Il nous a donc fallu utiliser astucieusement l'outil numérique pour imiter les palettes restreintes du passé."
Les premiers films en couleurs étaient teintés au pochoir ou, à partir du milieu des années Vingt, filmés en Technicolor bichrome. On utilisait dans ce cas deux pellicules noir et blanc, l'une exposée à travers un filtre rouge, l'autre à travers un filtre vert. Au tirage, la combinaison de ces deux pellicules engendrait un semblant de polychromie, mais, en l'absence de filtre bleu, le résultat final laissait fortement à désirer : la peau prenait des teintes vineuses, et le ciel se paraît d'un vert surréaliste. Au milieu des années Trente, le trichrome entra en scène et changea radicalement la physionomie du cinéma, offrant aux premiers spectateurs de Les Aventures de Robin des Bois ou d'Autant en emporte le vent des images d'une luxuriance qu'on a peine à concevoir aujourd'hui.
Rob Legato : "Il était impensable de recréer le procédé Technicolor avec de vraies caméras. La solution la plus satisfaisante consistait à utiliser des stocks actuels et d'en "épurer" les couleurs par des moyens informatiques. Nous avons donc créé des "filtres numériques" qui aboutissentaux mêmes résultats que le Technicolor d'origine, quoique avec des outils infiniment plus puissants. Nous avons utilisé des filtres rouges et verts pour les scènes antérieures à 1938, et y avons ajouté des filtres bleus à partir de la fin des années Trente. Nous avons eu le plaisir d'y travailler avec l'équipe Technicolor, et le résultat est profondément original, pour ne pas dire unique. Exactement comme si nous avions utilisé les caméras Technicolor d'origine, mais avec notre sensibilité et notre style contemporains."
Des années Vingt à 1938, Aviator (The Aviator) (2003) affiche des couleurs "pastel ancien", tirant légèrement sur le vert ; à partir de 1938 et durant les années Quarante, il retrouve le plein éclat du "glorious Technicolor" ; à la fin du film, les couleurs évoluent discrètement vers les teintes familières du cinéma de notre temps.
Rob Legato : "Les transitions entre ces trois looks sont extrêmement subtiles et naturelles, de manière à constituer un simple sous-texte. Marty n'avait aucune envie d'attirer l'attention sur les effets visuels, il souhaitait au contraire qu'ils se fondent dans la narration. C'est sa façon à lui d'opérer."
Ce traitement exigea, selon Robert Richardson, "la synergie totale des départements photo, décors et costumes et de la technologie numérique". L'équipe Effets visuels put s'appuyer sur une large gamme de fournisseurs d'importance très variable, allant de la micro-entreprise artisanale aux géants de l'informatique. Adobe fournit son logiciel de référence After Effects, Sony Imageworks accorda ses considérables moyens informatiques à certains des plans numériques les plus complexes, tandis que divers prestataires ou ateliers concouraient à la réalisation des mattes et plans composites.
Responsable des effets sonores, Eugene Gearty (Gangs of New York, Le Temps de l'Innocence) eut la lourde tâche de recréer les sonorités d'avions… qui n'existent plus.
Dans l'impossibilité de faire voler les défunts HF-1 et XF-11 ou "l'Hercules" (cloué au sol après son premier essai), Gearty chercha des solutions de rechange, en commençant par enregistrer les bruits de moteurs de multiples avions d'époque. Mais ce n'était qu'un début, car il lui fallait encore capter les vrombissements spécifiques de chacun de ces appareils durant leurs évolutions et cascades, tout en éliminant les autres bruits d'ambiance.
Eugene Gearty : "La solution que nous avons trouvée marque, je pense, une première dans l'histoire du montage son. Nous avons tout bonnement loué une série d'appareils anciens, les avons transportés dans le Désert de Mojave et confiés à des pilotes qui leur ont fait effectuer les manœuvres et acrobaties filmées antérieurement sur maquettes. Ces sons ont été enregistrés à l'aide d'une vaste panoplie high-tech de façon à coller au plus près à l'image. Ce n'était pas toujours évident, car Marty, qui privilégie avant tout la narration et le rythme, avait délibérément raccourci le temps de chauffe des moteurs, nous obligeant à certains ajustements.
"Les sons de l'"Hercules" furent particulièrement délicats à reconstituer, car cet énorme appareil, doté de 8 moteurs et d'hélices de 6 mètres, n'a pas volé depuis 1947. L'avion qui s'en rapproche le plus est le Constellation de chez Lockheed, mais nous n'y eûmes pas accès. Nous nous sommes donc rabattus sur deux B-52, dont les moteurs, quoique deux fois moins gros, sont si puissants qu'on ne perçoit pas la différence. Nous avons encore pu doubler et tripler le volume sonore de ces enregistrements, et le résultat final me paraît on ne peut plus convaincant.
"Ce n'est, bien sûr, qu'un modeste composant, parmi quantité d'autres – dialogue, musique, etc. –, et c'est bien qu'il en soit ainsi. Marty n'est pas du genre à mettre l'accent sur tel ou tel effet, mais il sait aussi que les éléments techniques les plus pointus contribuent à la naissance d'un spectacle crédible."

Récompenses :
Oscar 2005
Meilleur second rôle féminin : Cate Blanchett
Meilleure photographie : Robert Richardson
Meilleurs décors : Dante Ferretti , Francesca LoSchiavo
Meilleurs costumes : Sandy Powell
Meilleur montage : Thelma Schoonmaker
Nomination Meilleur film
Nomination Meilleur réalisateur : Martin Scorsese
Nomination Meilleur acteur : Leonardo DiCaprio
Nomination Meilleur second rôle masculin : Alan Alda
Nomination Meilleur scénario original : John Logan
Nomination Meilleur son : Tom Fleischman , Petur Hliddal

Golden Globe 2005
Meilleur film dramatique
Meilleur acteur dans un drame : Leonardo DiCaprio
Meilleure musique originale : Howard Shore
Nomination Meilleur réalisateur : Martin Scorsese
Nomination Meilleur second rôle féminin : Cate Blanchett
Nomination Meilleur scénario : John Logan

BAFTA 2005
Meilleur film
Meilleur second rôle féminin : Cate Blanchett
Meilleur maquillage/coiffure : Morag Ross , Kathryn Blondell
Meilleurs décors : Dante Ferretti
Nomination Meilleur acteur : Leonardo DiCaprio
Nomination Meilleur second rôle masculin : Alan Alda
Nomination Meilleur scénario original : John Logan
Nomination Meilleure photographie : Robert Richardson
Nomination Meilleurs costumes : Sandy Powell
Nomination Meilleur son : Philip Stockton , Petur Hliddal , Tom Fleischman
Nomination Meilleur montage : Thelma Schoonmaker
Nomination Meilleurs effets visuels : Robert Legato , Peter G. Travers , Matthew Gratzner , R. Bruce Steinheimer

Screen Actors Guild Awards 2005
Cinéma : Meilleur second rôle féminin : Cate Blanchett
Nomination Cinéma : Meilleur Acteur : Leonardo DiCaprio
Nomination Cinéma : Meilleure distribution artistique : Leonardo DiCaprio , Cate Blanchett , Kate Beckinsale , Alan Alda , Alec Baldwin, Ian Holm , Danny Huston , Jude Law