L'Art (délicat) de la séduction
Réalisateur : Richard Berry

Genre : Comédie, Romance

Date : 21 mars 2001

Durée : 1 h 35

Origine : Français

Distribution : CTV International

D'après l'oeuvre de : Jean-Pierre Aubert

 

Résumé | Note production | Acteurs | Scénario | Producteur | Site Officiel | Récompenses | Lieux | Budget

Acteurs :

Patrick Timsit : Etienne
Cécile de France : Laure
Richard Berry : Jacques
Alain Chabat : Maître Zen
Jean-Pierre Darroussin : Monsieur Hubert
Ludmila Mikaël : Alice
Jessica Forde : Juliette
Nadia Barentin : Mme Ackermann
Pascal Leguennec : Le chauffeur de taxi
Sonia Zonenberg : Le voisin d'Etienne
Joséphine Berry : Léa (enfant)
Philippe Kerjean : Le prof de gym
Sarah Loren : Lila
Guilaine Londez
Laura Favali : Lola
Maeva Munoz : Louise (enfant)
Manuela Gourary : Lulu
Max Tzwangue : M. Ackermann
Joël Barbouth : Pépionakis
Chloé Mons : La vendeuse du sex-shop
Coline Berry : La secrétaire d'Alice
Doud Le Luherne
Ilario Calvo
Bastien Colas
Cancel Elcin
Frédéric Kontogom
Ahmet Ziyrek
Jeanne Moureau : Adèle (enfant)
Christophe Grundmann : Daniel
Thomas Goulard : Joseph (enfant)
Herrade : L'ami d'Etienne
Marie Mergey : la concierge
Osana Ekue : La fiancée de Jacques
Marine Royer : La mère à la brasserie
Maurice Berry : La patron de la brasserie
Jules Chagachbanian : Thomas (enfant)

Directeur Photo : Dominique Bouilleret

Musique :

Eric Serra
Stéphane Brossollet
Sébastien Cortella

Décors :

Chef décoration : Jean-Pierre Kohut-Svelko

Costumes : Juliette Chanaud

Montage : Anna Ruiz

Effets Spéciaux :

Casting : Stéphane Foenkinos

Script : Anne-Marie Garcia

Maquillage :

Sophie Landry : artiste maquillage
Cédric Chami : styliste coiffure

Son :

François Groult : mixeur
Didier Lozahic : mixeur musique
Amaury de Nexon

Scénario : Richard Berry

Producteur : Gérard Jourd'hui

Production :

Blue Dahlia Productions
StudioCanal
TF1 Films Production
JM Productions

Producteur executif : Gaëlle Girre

Assistant réalisation :

Loïc Berthezene : premier assistant

Lieux de tournage :

Budget :

Site officiel : France : http://www.seduction-lefilm.com/

Récompenses :


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 Résumé :

Etienne est de caractère pointilleux et n'a pas connu beaucoup de femmes, préférant se réserver pour la rencontre avec le grand amour.

Un jour, Etienne le rencontre ce grand amour, en la personne d'une femme très sensuelle, et par chance, Laure semble aussi conquise par Etienne. Mais à sa grande stupeur, Laure ne lui donne rendez-vous... que dans cinq mois !

Etienne est tellement fou d'amour qu'il accepte d'attendre. Il mettra alors tout en oeuvre pour être au top le jour de la rencontre tant attendue.

 Interview avec Richard Berry

Après une longue et prolifique carrière comme comédien de cinéma et de théâtre, vous passez à la réalisation. Le projet vous tenait-il à cœur depuis longtemps ?
Il y a très longtemps que j'avais envie de faire un film. Je savais que je pouvais faire des images, mais l'écriture m'inhibait. Comme beaucoup d'acteurs de ma génération, j'ai avant tout une formation d'interprète, Conservatoire et Comédie Française. En cela, je diffère de mes camarades Balasko, Timsit, Chabat qui, eux, ont toujours écrit. Mais j'avais toujours au fond de moi l'envie de raconter une histoire. J'ai écrit deux scénarios que j'ai mis de côté. Et puis j'ai découvert le roman de Jean-Marc Aubert&nbsp: Kurtz. Le "pitch" du livre a déclenché mon envie&nbsp: un homme tombe amoureux d'une femme et l'attend pendant cinq mois. A partir de là j'ai construit un film tout à fait différent.

Qu'est-ce qui vous a intéressé dans la description de cette relation amoureuse ?
C'est l'alchimie entre la séduction, le désir et l'amour. Dans cette idée de l'attente, j'ai entrevu un sujet qui m'intéressait, un sujet tout à fait actuel&nbsp: le décalage entre les hommes et les femmes dans les relations de séduction. Aujourd'hui, les jeunes femmes héritières des combats féministes de leurs mères ou de leurs grands-mères savent bien ce qu'elles veulent. Elles ont conquis leur indépendance à coup de luttes, de remises en question, de réflexions. Elles ont découvert leur sexualité, leur place dans la société&nbsp: elles posent un regard lucide sur leurs partenaires masculins.
Pendant ce temps-là, les hommes n'ont pas évolué. Ils ont été élevés dans les mêmes schémas que leurs pères et leurs grands-pères&nbsp: c'est l'homme qui doit conserver le pouvoir et qui le concède un petit peu, par bribes.

Même chez les hommes de 30 ans élevés par des mères féministes ?
Moins peut-être, mais beaucoup quand même. Je remarque qu'ils n'ont pas suivi la même évolution. Ces hommes-là en face de ces femmes-là sont très déstabilisés. Ils répondent maladroitement à ce qu'ils "croient" qu'elles attendent. La plupart des films racontent des histoires d'amour avec leurs complications, leurs difficultés inhérentes à l'époque, à la culture, à la société. Moi, je raconte cette histoire-là sous l'angle du décalage, du rapport de force à la fois éternel et nouveau que les hommes et les femmes d'aujourd'hui entretiennent. Eternel parce qu'il a toujours existé, nouveau parce que c'est la femme qui impose ses codes ou qui semble les imposer. Ce rapport de force, c'est aussi de l'excitation, du désir.

Le film est d'ailleurs construit par thèmes&nbsp: le corps, la sexualité, la beauté, l'esprit, etc.
Toutes ces questions, les hommes et les femmes se les posent inévitablement dès qu'il s'agit de séduction. Il y a chez les hommes, comme chez les femmes, une certaine crédulité, une naïveté très touchante dès qu'on aborde ces sujets-là.

Que devient la tendresse ?
Mes deux protagonistes sont essentiellement dans une relation de tendresse. Un homme qui attend cinq mois pour une femme en faisant ce que fait Etienne, est un homme qui aime autant qu'il désire. Etienne est un homme tendre. Il le dit à Laure&nbsp: "la tendresse avec toi, c'est une évidence, je n'ai pas eu besoin d'apprendre". Il n'a pas besoin de l'expliquer. Laure est sans doute une femme blessée, prudente. Ce qui explique le choix de l'attente. Elle veut être sûre.

Leur histoire est très romantique, au fond. L'attente comme au siècle dernier, comme au temps des fiançailles…
Pas du tout. On a tous envie d'aller vers ça. Le désir est toujours aussi fort au bout d'un an entre Etienne et Laure. Leur relation est intelligente, fondée sur la parole. Ils ont nommé les choses. Ils communiquent. Dès le départ, c'est un couple qui parle.

Un homme d'aujourd'hui qui, comme vous, raconte le désir des hommes, c'est nouveau.
C'est vrai. Mais je raconte aussi celui des femmes&nbsp: c'est Laure qui dit "j'aime attendre, j'aime faire attendre". Pas Etienne. C'est elle qui impose ses règles.

Une des scènes du film montre le décalage entre la sexualité des hommes et celle des femmes. Les hommes ont-ils aussi à apprendre dans ce domaine ?
Les femmes savent ce qu'elles attendent d'un amant et, quand elles s'en vont, c'est souvent parce qu'elles ne sont pas satisfaites. Alors que beaucoup d'hommes, c'est vrai, sont assez primaires. Ils vont trop vite. Aujourd'hui, ils ont moins droit à l'erreur, c'est pour cela qu’ Etienne, qui n'a rien d'une flèche, s'entraîne avec une telle ardeur.

Vous avez écrit le rôle d'Etienne en pensant à Patrick Timsit ?
J'ai délibérément choisi Patrick qui est le contraire d'un play-boy. Le piège aurait été de faire interpréter Etienne par un maître dans l'art de séduire. Je tenais particulièrement à ce que cette femme très belle tombe amoureuse de cet homme plutôt "normal". On voit de plus en plus de couples de ce genre. Patrick a un charme fou. Il peut être très émouvant. Il est étonnant dans le film.

Comment avez-vous choisi Cécile de France qui joue Laure ?
C'est une jeune actrice belge qui a très peu tourné. Nous avons fait de nombreux castings, elle s'est imposée. Elle est à la fois très belle et très bonne actrice, il fallait qu'elle puisse tenir ce rôle qui est lourd. Elle est sexy dans le film et nature dans la vie. A chaque rendez-vous que nous avions pour travailler ou faire des essais, elle portait une robe rouge et des chaussures vertes. J'ai fini par lui demander si elle aimait particulièrement cette robe. Elle m'a répondu&nbsp: "Je n'en ai qu'une, je suis toujours en pantalon !".

Aux côtés de Patrick Timsit, vous jouez Jacques, l'ami, le parfait séducteur. Lui ne se pose pas de questions sur les femmes, il les consomme…
Je voulais qu'il ait un ascendant sur Etienne en matière de femmes, mais je n'avais pas écrit ce personnage pour moi. Et puis, je me suis laissé convaincre par Patrick et d'autres… Je me suis amusé à jouer ce rôle qui est l'antithèse de ce que je raconte dans le film. Jacques incarne la majorité des mecs, ceux qui placent leur pouvoir au bout de leur virilité. "Mais saute-la !", c'est leur credo. Quand j'ai décidé d'endosser le personnage, j'ai développé des failles, une blessure, pour qu'il ne soit pas monolithique, ni trop caricatural. Son histoire personnelle le rachète un peu.

Alain Chabat est savoureux, comme toujours, dans ce personnage de gourou-escroc. C'est votre façon de railler la mode de la philosophie orientale ?
Je respecte le bouddhisme, mais je voulais en dénoncer la récupération mercantile et primaire. Ce gourou appartient à l'espèce de ceux qui ont trois livres dans leur bibliothèque et qui n'ont pas fini de colorier le deuxième ! Par ailleurs, Alain est un acteur d'une grande finesse que j'apprécie énormément.

Vos personnages sont croqués avec un humour non dénué de critique. Surtout les hommes, du reste. Est-ce parce que vous connaissez bien leurs travers ? C’est une comédie, je m'amuse. Le film est souvent drôle parce que les personnages sont dans des situations intimes, à la limite du ridicule. Etienne croit être enfin à l'abri au vestiaire du gymnase. Il voit un mec à poil et ça le renvoie immédiatement aux questions qu'il se pose, à sa propre virilité. A chaque fois, j'ai eu envie de montrer les petits aspects cachés des hommes, de me payer leurs grosses faiblesses qui me font rire, leur façon d'exercer leur pouvoir même minuscule, de parler de "bite et de queue" sans arrêt. Dans le film les femmes sont tendres, gentilles, intelligentes. Elles sont plus positives. Sans pour autant tomber dans le cliché. J'aime l'ambigüité de Laure.

Vous avez mis beaucoup de vous dans le scénario ?
Il y a un peu de moi dans tous les personnages. A vous de trouver !

Les dialogues sont souvent assez crus. Les personnages parlent des choses du sexe avec beaucoup de naturel.
Je n'ai pas d'inhibitions par rapport au langage. Si on ne sait pas aborder les choses sexuelles de façon simple, comment construire une relation intime ? Et puis, ce sont des dialogues, j'aime les dialogues. C'est un support indispensable pour un acteur.

Pourquoi avoir choisi ce titre, avec une parenthèse à "délicat"?
J'ai mis "délicat" entre parenthèses pour souligner le double sens du mot&nbsp: la séduction est un art à la fois fragile, sophistiqué mais aussi difficile et mystérieux, parfois même douloureux et cruel.

Comment s'est passé votre travail avec les acteurs ?
Quand on aime les acteurs, c'est extraordinaire de leur donner ce que l'on sait, ce que l'on sent, pour les faire aller au meilleur de ce qu'ils peuvent être. Entre Timsit et moi, existe depuis longtemps une confiance, une complicité. Nous avons fait ensemble Pédale Douce, Quasimodo. On ne s'est jamais menti, on n'a pas triché. Il a adhéré tout de suite à l'histoire. Je lui ai donné la première version, on a avancé dessus. Ce qui ne veut pas dire que la complicité sous-entende la complaisance&nbsp: elle implique d'abord l'exigence. J'ai aussi eu une grande joie à diriger tous les acteurs, mais aussi la figuration, à leur expliquer les moindres détails. Je ne les ai pas traités comme du bétail, comme cela se fait d'habitude. Un figurant est un acteur, c'est important de lui montrer ce qu'il va faire&nbsp: la scène sera différente, forcément meilleure.

Vous semblez très exigeant, très perfectionniste, soucieux du moindre détail.
J'essaie d'aller au bout de mon rêve. Avec ce film, je ne me suis pas retenu ni freiné. C'est l'accumulation de milliers de détails qui fait un film. Il faut essayer de ne lâcher sur rien.

A l'avenir, le réalisateur va-t-il prendre le pas sur l'acteur ?
J'aime passionnément mon métier d'acteur. Mais j'ai évidemment envie de faire d'autres films et d'aborder d'autres thèmes. Le sujet de mon prochain film portera sur le pouvoir. La grande différence entre les hommes et les femmes, c'est le besoin irrésistible de pouvoir. Tous les hommes, même les plus humbles, en sont obsédés.