Réalisateur : Michael Mann
Scénario :
- Gregory Allen Howard
- Stepehn J. Rivele
- Eric Roth
- Michael Mann
Producteurs : Michael Mann
Directeur photo : Emmanuel Lubezki
Décorateur : John Myhre
Musique : Pieter Bourke
Acteurs :
- Jamie Foxx
- Jon Voight
- Jeffrey Wright
- Mario Van Peebles
Genre : Biographie
Année : 2001
Durée : 2 h 38
Origine : Américain
Distributeur : Bac Distribution
Résumé :
En faisant preuve de détermination, d'endurance physique, d'agressivité et d'intelligence, Cassius Clay alias Muhammad Ali est devenu une légende vivante de la boxe américaine.
Belinda, son épouse, Angelo Dundee, son entraîneur, Drew Brown, son conseiller, Howard Bingham, son photographe et biographe, et Ferdie Pacheco, son docteur, ont été les témoins privilégiés de sa carrière à la fois brillante et mouvementée que ce soit sur ou en dehors du ring.
L'ascension de Cassius Clay parmi les grands de la boxe débute en 1960, année durant laquelle il remporte une médaille d'or aux Jeux Olympiques. Débordant d'ambition, il passe professionnel et vise le titre mondial.
Ses chances de gagner contre Sonny Liston, le tenant du titre, sont toutefois maigres. Ce dernier n'a jamais perdu un combat…
Critique :
ALI. Trois lettres pour un nom de légende.
On a tout vu, lu et entendu sur le boxeur surdoué et grande gueule.
A commencer par le fantastique documentaire primé aux Oscars en 1996, "When we were kings", de Leon Gast et Taylor Hackford.
La tâche n'était donc guère aisée pour le réalisateur Michael Mann ("Heat", "Le dernier des Mohicans").
Comment appréhender le mythe Cassius Clay sans tomber dans la redite ni le mélo ?
Mann apporte son expérience de documentariste au sujet, son sens aigu du détail et ne cède jamais à la facilité.
A ce titre, la scène d'ouverture est un modèle d'intelligence. Cadre, éclairage, mouvement de la caméra : l'introduction s'éloigne ouvertement du style documentaire que laissait envisager le sujet. L'enfance est ainsi volontairement occultée. On avait connu plus classique comme entrée en matière.
Le boxeur charismatique, à la personnalité complexe, nécessitait une telle approche. Si la mise en scène de Mann apparaît aussi novatrice dans sa manière de filmer les scènes de combat que "Raging Bull" de Martin Scorcese, on regrettera les impasses sur la fin carrière du sportif (le film se concentre sur une dizaine d'années), même si cette dernière s'est révélée chaotique, en particulier lors du troisième match contre Joe Frazier qui est à l'origine de ses problèmes de santé (maladie de Parkinson).
Hélas, le héros n'est pas installé dans la durée. Et la déstructuration du réçit dessert l'ensemble. Pour peu que le spectateur ne soit pas fin connaisseur de l'histoire d'Ali et de l'Amérique de cette époque, le néophyte peut facilement décrocher.
Mann joue trop sur le pouvoir de suggestion : toutes les scènes ne sont pas explicites, à l'instar de celle se déroulant dans une station service où Ali travaille après avoir été déchu de son titre de champion du monde.
Elément en apparence anodin et pourtant essentiel de cette scène : la télévision que Cassius regarde d'un air détaché. On peut y entrevoir la cérémonie d'ouverture des jeux Olympiques de 1968 à Mexico.
La rage de ne pas participer à ce qui aurait dû être un des sommets de sa carrière est perceptible. Mais combien de spectateurs auront perçu cette subtilité ?
Consciencieux, le réalisateur de "Révélations" explore toutes les facettes d'Ali : coureur de jupons, grand orateur, porte parole de la communauté noire, homme de foi. Un homme d'exception, mais pas exceptionnel. Un homme avec ses certitudes et ses doutes, notamment sur son entourage plus ou moins proche (mention spéciale au méconnaissable mais formidable Jon Voight en journaliste).
Dans le rôle-titre, Will Smith est stupéfiant. Sa transformation physique étonnante (l'acteur de "Men In Black" est méconnaissable) est doublée d'une interprétation hors pair.
Gestuelle, répliques cinglantes à la presse et ses détracteurs, jeu de jambes. Rien ne manque.
En totale adéquation avec son metteur en scène, Will Smith le caméléon EST Ali.
Une performance qui laisse augurer le meilleur pour l'acteur de "Wild Wild West", après le rendez-vous manqué de "La légende de Bagger Vance" de Robert Redford.
L'Oscar du meilleur acteur devrait lui revenir de droit.
Le tournage :
Paul Ardaji, Palestinien catholique, s'est battu pendant près de dix ans en marge d'Hollywood pour monter le film. La carrière du boxeur touchait à sa fin lorsque Ardaji l'a rencontré en 1978. Lors de l'anniversaire des cinquante ans du champion, en 1992, l'homme d'affaire a suggéré à Ali de réaliser un grand film son sa vie.
Avant d'atterrir entre les mains du réalisateur de "Révélations" et "Heat", le scénario d'"Ali" passa entre celles de Spike Lee ("Clokers", "Jungle Fever", "Do the right things"), Oliver Stone ("Tueurs nés", "Platoon", "Né un 4 juillet", "The Doors", "L'enfer du dimanche", "U-Turn"), Steven Spielberg ("Intelligence Artificielle", "Indiana Jones", "E.T", "Minority Report", "Jurassic Park", "La liste de Schindler", "Les dents de la mer") et Barry Sonnenfeld ("Men In Black", "Get Shorty", "La famille Adams", "Wild Wild West").
Mais l'échec commercial de "Wild Wild West" mit un terme à la collaboration entre Sonnenfeld et Will Smith. Heureusement, l'agent de l'acteur de "Men in Black") a convaincu ce dernier de rencontrer Michael Mann. Le nouveau tandem Mann-Smith remit le projet sur les rails.
Michael Mann a été attiré par le côté 60's de l'histoire. Le réalisateur a analysé tous les éléments biographiques du boxeur afin de recréer l'énergie d'une Amérique militante vue par un héros populaire en la personne de Muhammad Ali.
Hommes à femmes, boxeur, ami de Malcom X, défenseur de la justice, Cassius Clay est une des dix plus importantes personnalités du XXème siècle.
Le film se déroule sur une décennie, à partir de 1964, date de la première victoire du boxeur. Une période faste sur laquelle ont planché Christopher Wilkinson et Stephen J. Rivele (co-scénaristes de "Nixon" d'Oliver Stone avec Anthony Hopkins et Joan Allen), Eric Roth ("Révélations" avec Al Pacino et Russell Crowe), Grégory Allen Howard ("Le plus beau des combats" - "Remember the Titans" avec Denzel Washington) et le réalisateur lui-même.
Tous ont profité des conseils du "vrai" Mohammed Ali, atteint de la maladie de Parkinson. Autour de Will Smith, on retrouve on distribution poids lourd : Jamie Foxx, Giancarlo Esposito, Jeffrey Whright et Mario Van Peebles ("Les dents de la mer 4", "Panther") en Malcom X.
Le tournage d' "Ali" a duré 90 jours, nécessitant au passage près de 127 décors différents, répartis dans six villes, quatre états Américains surtout trois pays (dont l'Afrique).
Michael Mann (réalisateur de "Révélations") a insisté pour tourner dans des lieux qui avaient une relation affective avec l'histoire authentique d'Ali, à l'instar de Tiger Lounge, une boîte branchée de l'époque (où l'on passait notamment du Marvin Gaye), où le boxeur a rencontré sa première femme Sonjet.
La boîte a fermé depuis une dizaine d'années et avait été transformée en magasin de meubles, ce qui n'a pas empêché la production d'y tourner : les meubles ont été enlevés et les murs remontés. Après un passage par New York pour les quelques séquences où Ali se promène dans Harlem avec Malcolm X, l'équipe est descendue à Miami.
Ali s'y installé à Miami pour s'entraîner et préparer le premier combat contre Sonny Liston. Un des décors était celui de la cour de la maison où il habitait dans Overtown. Un jour de repos, juste après la fin du tournage dans ce décor, Mohammed Ali est arrivé et Howard Bingham lui a proposé de le conduire dans son ancien quartier, où il retrouvé ses anciens amis.
Ali est même allé se faire couper les cheveux chez son ancien coiffeur, avant de retourner voir son ancienne maison. La salle de la cinquième rue était un des décors capital du film. C'est là que le jeune challenger Cassius Clay s'était entraîné avant son premier titre de champion du monde. Mais elle avait été démolie quinze ans plus tôt.
La production a alors a aménagé un décor dans un building, dans le style de l'ancien gymnase. En 1962, au Sports Arena, Ali a vaincu successivement Alejandro Lavorante en juillet, et Archie Moore, qui était l'un de ses modèles, en novembre.
En revanche, il n'a jamais combattu à l'Olympic Auditorium. Il s'est contenté d'y assister à quelques combats. L'Olympic Auditorium a sa place dans le film en tant que haut lieu de la boxe, en tant que ring emblématique de Los Angeles, d'où chaque semaine pendant les années 1950 et 1960 les télévisions locales et nationales retransmettaient des combats en direct, les fameux "Friday Night Fights".
Après Los Angeles, l'équipe gagna, au plus rude de l'hiver Chicago, bien connu de Michael Mann, puisque le réalisateur d' "Ali" y est né et y a beaucoup tourné ("Thief", "Manhunter" et la série télé "Crime Story").
Le plus gros du tournage d' "Ali " à Chicago se déroula dans le South Side, où Ali a vécu. Pour la scène centrale du film (l'entrée d'Ali dans le stade) des tracts avaient été distribués pour inviter les gens à "assister au tournage". Michael Mann avait expressément demandé que Will Smith ne soit pas visible avant la première prise.
30 000 personnes étaient présentes ont exulté à l'arrivée de l'acteur de "Men in Black". Une énergie perceptible dans le film. Le tournage s'est alors poursuivi en Afrique : l'équipe a quitté Miami pour Johannesburg (en Afrique du Sud), soit 17 heures de vol plus une heure pour atteindre Maputo (une ville bâtie par les Portugais entre le milieu et la fin du XXe siècle), au Mozambique.
Au départ, "Ali" devait être tourné au Zaïre, devenu République démocratique du Congo. Pays instable politiquement, aucun tournage n'y était possible. Le tournage en Afrique a été un des moments forts du tournage. Will Smith se rendait pour la première fois sur le continent.
L'équipe du film s'est installée à Maputo : le combat contre George Foreman, baptisé par la presse "The Rumble in the Jungle" (soit "la baston dans la jungle") a eu lieu en 1974 à Kinshasa, au Zaïre. Le tournage des huit rounds mobilisa l'équipe pendant huit jours.
Le tournage eut lieu au Machava Stadium, à environ cinq kilomètres au nord de Maputo. D'une capacité de 64 000 spectateurs, le stade a été construit pendant la colonisation portugaise pour accueillir les matchs de football internationaux.
Au moment du tournage, il y avait un bon moment qu'il n'avait pas été rempli. Souffrant d'un manque d'entretien (absence de branchement électrique) la production dû faire venir d'Afrique du Sud une douzaine de groupes électrogènes. Avant de tourner, il a encore fallu dépenser plus de 100 000 dollars de remise en état du stade et de réfection des routes qui y conduisent. Sans compter l'installation du ring et de sa couverture soit 12 mètres de haut et 25 mètres de large, l'aménagement par les machinistes du film d'un nouveau passage souterrain d'accès au terrain, et l'équipement de quatre tours d'éclairage de 33 mètres de hauteur.
Toute l'équipe rentra chez soi, à l'exception de quelques acteurs et techniciens qui durent encore endurer sept heures d'avion pour Accra (au Ghana) pour une ultime journée de tournage.
Au départ, Columbia, qui distribue le film était échaudé par le budget conséquent (109 M de $) et l'insuccès des biographies au box-office.
Michael Mann et Will Smith ont accepté de prendre à leur compte les dépassements.
La photo est signée Emmanuel Lubezki à qui l'on doit déjà celle de "Sleepy Hollow" de Tim Burton. La musique tient également une place importante avec des tubes de Sam Cooke et Marvin Gaye.
Pour incarner le fameux boxeur, Will Smith s'est entraîné un an, à raison de six heures par jour, cinq jours par semaine et a pris 15 kilos.
Will Smith s'est abstenu d'un tube à la "Men In Black" ou "Wild Wild West" afin de crédibiliser au mieux son rôle. L'enjeu ? Un Oscar. L'acteur d' "Independance Day" et "Six degrés de séparation", déjà nominé, pourrait bien recevoir sa première statuette.
Premier round prévu le 7 décembre aux Etats-Unis, le 27 mars en France.